28 mars 2024

 La Cité de la victoire

de Salman Rushdie

****

Ce roman fera le bonheur de ceux qui aiment les contes, ici, les contes indiens, pleins de Shiva, Ganesh, Hanuman, sultans, ermites et magiciennes ; aux autres, il ne parlera pas.

De toute façon, "Les mots sont les seuls vainqueurs" Eux seuls resteront quand la gomme du temps aura tout fait disparaître, et des mots, en voilà :

Le narrateur prétend recopier une épopée ancienne, trouvée enterrée, et rédigée un peu à la manière du Mahâbhârata par Pampa Kampana qui en est également la vedette. Il nous dit comment, alors qu'elle avait 9 ans, Pampa vit sa mère mourir et, n'ayant plus personne pour veiller sur elle, se trouva recueillie par un sage ermite qui l'éduqua, mais non sans également abuser d'elle. Si elle sut tirer bénéfice de l'enseignement qu'il lui prodigua, elle ne lui pardonna jamais ce qu'il lui avait imposé en contrepartie. Une déesse de la forêt ayant investi son corps, Pampa Kampana se trouva nantie de pouvoirs spéciaux, comme de pouvoir créer Bisnaga (La Cité de la Victoire) et sa population  à partir d'un sachet de graines, et le don de vivre 250 ans sans afficher de signes de vieillissement. Elle vit ainsi la ville prestigieuse sortir du sol et plusieurs générations de sultans s'y succéder, agrandissant leur royaume jusqu'à le voir s'effriter et s'effondrer. Le récit porté par la belle écriture de Rushdie maintient l’intérêt grâce aux luttes de pouvoir souvent violentes et aux retournements de situations. Il ne recule pas devant parfois une pointe de magie, à ce titre, il revendique bien son statut de conte et comme tout conte, il est porteur d'un message et d'une philosophie qu'il prétend illustrer.

Les idées de Salman Rushdie transparaissent dans l'opposition d'une Pampa Kampana porteuse de valeurs progressistes et humanistes, et œuvrant chaque fois qu'elle en avait le pouvoir pour l'émancipation des femmes, le développement des arts, la laïcité et la monarchie éclairée, et de ses ennemis, dictatoriaux, fanatiques religieux et amateurs de valeurs virilistes.

Si vous saisissez la plume qu’on vous tend et vous laissez emporter sur les ailes du milan, avec ce roman, vous voyagerez loin dans le temps et dans l'espace, vous découvrirez un autre monde, réel ou pas, d'autres histoires, d'autres manières de vivre, et l'éternel humain, que l'on retrouve toujours partout, en Inde au XIVe siècle ou aujourd'hui, autour de vous. Si vous ne vous laissez pas emporter, vous ne verrez rien et vous vous ennuierez. C'est ainsi.


"Il est dans ma nature de vieillir. Je ne peux pas l'éviter.

Il est dans ma nature de connaitre la maladie. Je ne peux pas l'éviter.

Il est dans ma nature de mourir. Je ne peux pas l'éviter.

Il est dans ma nature d'être séparé de ceux que j'aime et de tout ce qui m'est cher.

Mes actes sont la seule chose qui m'appartienne vraiment. Mes actes sont la terre ferme sur laquelle je me tiens."

(Les 5 remémorations de Bouddha)



978-2330181222



23 mars 2024

Le cas Malaussène -2- Terminus Malaussène

de Daniel Pennac

****+

J'en avais entendu des échos assez variés mais plutôt réservés dans l'ensemble, c'est pourquoi je ne m'étais pas précipitée pour le lire. Et puis, j'avais lu le premier tome de ce Cas Malaussène qui s’interrompt de manière tellement abrupte! Il fallait bien que je finisse par savoir comment tout cela se terminait. Fan des premières heures, j'avais passé trop d'excellentissimes heures de lecture avec cette tribu chaleureuse pour ne pas continuer à lire tant que Pennac continuerait à raconter.

J'ai pourtant eu du mal pendant toute la première moitié. Pas que ce soit inintéressant, il y a beaucoup de choses bien intrigantes qui se mettent en place, beaucoup de personnages surprenants et intéressants qui se précisent et captent l’intérêt mais je ne sais pas... une question de rythme plutôt. J'avais sans arrêt l'impression qu'on nous racontait une deuxième fois quelque chose qu'on venait de nous dire. Des sortes de récapitulations à répétition d'autant plus longuettes qu'elles étaient inutiles. C'était contrariant. On se sentait ralenti. D'autant plus contrariant que ce tome ultime n'avait pas besoin d’être aussi gros. Normalement, c’est plutôt une petite cuisine d’auteur qui tire à la ligne, ça. Peut-être en fait, Pennac renaclait-il à approcher de la fin... Bref, tout de même, il y avait tellement de choses qui titillaient ma curiosité, et des choses originales aussi, pas du « déjà vu », que je n'ai jamais envisagé d'abandonner et à peu près au milieu, ça y est, le récit s'est envolé et on a enfin filé jusqu'au bout sans rabâchage. Il y avait un point très important concernant Pépère que j'avais deviné très tôt et je voulais absolument voir si je me fourrais le doigt dans l’œil ou si j'avais raison. Ca motive. Ce n'était d'ailleurs pas la seule hypothèse que j'avais à vérifier car, comme dans tout bon roman à suspens, j'avais envisagé des réponses aux divers problèmes (assez nombreux ici) et je voulais voir comment les choses allaient tourner. Tout cela fait qu'une fois lancée et le rythme retrouvé, les 450 pages se dévorent très bien. Je ne regrette pas d'avoir tenu à finir cette saga familiale unique. Il aurait été dommage de ne pas aller jusqu'au bout. Bravo Daniel Pennac !

Et bonne nouvelle pour ceux qui ont patienté : Terminus Malaussène sortira en poche début juin

978-2072743863

18 mars 2024


La Nuit du renard 

de Mary Higgins Clark

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Grand prix de littérature policière

Présentation de l'éditeur:

"Ronald Thompson doit mourir sur la chaise électrique. Témoin terrorisé, le petit Neil a affirmé, au cours du procès, le reconnaître comme le meurtrier de sa mère. Mais Ronald a toujours clamé son innocence. À quelques heures de la sentence, l'enfant est enlevé avec une jeune journaliste amie de son père, par un déséquilibré qui se fait appeler Renard. Il les séquestre dans la gare centrale de New York. Le kidnappeur menace de faire sauter une bombe au moment précis où le condamné sera exécuté. Existe-t-il un lien entre ces deux terribles faits divers ? Un innocent va-t-il payer pour le crime d'un autre ? Une course contre la montre s'est engagée..."


De temps en temps, en lecture aussi, on a besoin d'un petit break, d'une récréation. Dans ces cas-là, il faut un livre drôle (mais ils sont si rares!), ou un livre d'aventure ou un polar. Je choisis le plus souvent cette troisième solution. J'aime bien quand ils sont un peu déjantés, originaux dans l'intrigue, avec du recul, ou surprenants. Ici, je vous le dis tout de suite, rien de tout cela. Le contraire, même. On a un bon polar pas du tout moderne, de forme et de fond très classiques au contraire, où rien ne vous surprendra beaucoup, mais attention! Qu'est ce que c'est bien fait! Mary Higgins Clark n'a pas volé son titre de Reine du suspens.

On se doute bien que le méchant (mentalement dérangé qui plus est, mais extrêmement malin et prudent) ne va pas gagner, que la belle jeune femme ne va pas être horriblement assassinée (même si plusieurs autres l'ont été peu auparavant des mains du même méchant). On se doute que le bel homme qui est épris d'elle va la sauver, tout comme seront sauvés son fils de 8 ans et l'innocent tout prêt à s'asseoir sur la chaise électrique, mais comment tout cela se fera-t-il?

Une fois la situation bien mise en place (j'avais tout de même noté les noms parce qu'il y a une bonne quinzaine de personnages et au début, on peut avoir des moments de confusion), l’intérêt ne se relâche jamais et ce vraiment jusqu'à la dernière page. Des failles apparaissent bientôt dans le système de l’assassin que le lecteur voit agir dans un premier temps, puis identifie alors que les enquêteurs eux, ignorent tout à fait qui il est. Cette façon de raconter permet au lecteur captivé de voir les enquêteurs converger vers lui, parfois à le frôler alors qu'ils continuent à ne pas comprendre. On se demande comment finalement, ils vont le démasquer, puisque plusieurs possibilités sont apparues, puis, dans un sprint final vraiment palpitant, on se demande comment ils vont encore pouvoir empêcher le pire!!!

Bref, on avait beau savoir depuis le début, pour rien au monde on n'aurait lâché ce livre sans l'avoir lu jusqu'à la dernière ligne. Chapeau. Beau boulot.

978-2253025481


15 mars 2024

   Lecture commune

Le dernier roman de Paul Auster vient de paraître, il s’intitule "Baumgartner", je propose d’en faire une lecture commune que nous mettrons en ligne sur nos blogs le 30 avril. Qui participe? 

Comment cela se passe-t-il?

1° On lit le même livre
2° On met son commentaire de lecture (au moins 12-15 lignes) en ligne le 30 avril, soit sur son blog, soit sur ici, sa page
3° On met à la fin de son billet les liens vers  https://la-petite-liste.blogspot.com/search/label/En%20cours
 (obligatoire pour y être référencé avec lien) et éventuellement vers les autres participants qui ont publié leur commentaire le même jour. (Ca nous vaudra de la visite)
4° On prévient ici dans les commentaires pour que tout le monde puisse vous rendre la politesse
Qui veut participer? : (SVP Dites dans les commentaires si vous en êtes)
 

13 mars 2024

Treize minutes

de Nicolas Rey


Court roman (120 pages) péché dans une boite à livres parce qu'il me fallait un nombre pour mon Petit Bac et qu'il ne me restait pas beaucoup de temps. Me tenant scrupuleusement à l'écart de la moindre info sur le showbiz littéraire, j'ignorais tout de l'auteur (même son nom).

Publié en 1998, ces Treize minutes sont le premier roman de Nicolas Rey et témoignent bien d'un temps désormais totalement révolu. C'était l'époque où l'on pouvait dire, écrire, et parfois faire n'importe quoi sans conséquences. Il a peut-être été bon que cette période ait lieu, mais il nous est aujourd'hui difficile de même la comprendre. Les temps changent. Fini le règne sans vergogne des prédateurs. La page est tournée au point qu'on a même du mal à croire ce que l'on lit lorsqu'on tourne les pages de ce roman. Mais c'était ainsi, une fiction toxique qu'on lisait sans la croire mais qui, si elle ne dépeignait pas des faits réels, témoignait quand même d'une ambiance sacrément pourrie jusqu'à la moelle. Ces temps sont révolus.

Le "héros" et narrateur s'appelle Simon, vit d'on ne sait quoi, sans doute aux crochets de son meilleur ami lui-même épave mais fils à papa, et combine le fait d'être totalement obsédé sexuel à celui d'être tout aussi totalement accro à tout alcool et stupéfiant. Il s'imagine constamment être éperdument amoureux d'une femme ou d'une autre, ce qui lui permet de belles envolées lyriques, et en attendant d'être payé de retour, harcèle et plus, toute femme passant à sa portée. Son meilleur ami a la même attitude. C'est glauque, cynique, hyper cru (pour adultes avertis), malsain, ça va jusqu'au viol et au meurtre que le narrateur considère plutôt comme des preuves d'amour ou d'amitié. Pour lui, les femmes ne sont que marchandises consommables, seuls les hommes sont des personnages. C'est totalement socialement incorrect et même tout à fait psychotique. C'est l'histoire d'une dérive totale, avec une épave principale qui continuerait à se voir comme "du Simon grand style : ironie, cynisme, élégance" alors que si une chose est sûre, c'est qu'en le voyant, on ne pense pas "élégance". Le problème, c'est que littérairement, ça m'a semblé très bien fait. Dommage que l'auteur ait quelque peu suivi les traces de son héros et qu'au lieu d'accoucher ensuite d'une œuvre littéraire, il se soit retrouvé à même pas 50 ans avec "un corps de septuagénaire, cabossé par des années d'excès" (Marianne, 16 mars 2018) , chroniqueur chez Hanouna et plagiaire…

Comme je suis malgré tout une scrupuleuse, je me demande aussi "Est-ce que je ne manque pas de recul ?", "Est-ce que je ne prends pas ça trop au pied de la lettre ?" Quand on lit Histoire d’O ou Les infortunes de la vertu, on ne se pose pas tant de questions. Oui, mais le problème, là, c’est le manque de recul justement, mais de l’auteur cette fois, on se demande si c’est du lard ou du cochon... Il y croit?

Bref, je ne sais pas. Je tourne la dernière page sans regret. Je ne le relirai pas. Je ne vais même pas le remettre dans une boîte à livres.

9782290351451



08 mars 2024

Lune captive dans un œil mort

Pascal Garnier

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Présentation de l'éditeur:

"Martial et Odette viennent d’emménager dans une résidence paradisiaque du sud de la France, loin de leur grise vie de banlieue. Les Conviviales offrent un atout majeur : protection absolue et sécurité garantie – pour seniors uniquement.

Assez vite, les défaillances du gardiennage s’ajoutent à l’ennui de l’isolement. Les premiers voisins s’installent enfin. Le huis clos devient alors un shaker explosif : troubles obsessionnels, blessures secrètes, menaces fantasmées du monde extérieur. Jusqu’à ce que la lune, une nuit plus terrible que les autres, se reflète dans l’œil du gardien…

Avec beaucoup d’humour et de finesse, malgré la noirceur du sujet, Pascal Garnier brosse le portrait d’une génération à qui l’on vend le bonheur comme une marchandise supplémentaire. Une fin de vie à l’épreuve d’un redoutable piège à rêves."


Je suis une fan de Pascal Garnier, sa finesse, son humour noir et même féroce, son talent de narrateur. J'avais presque tout lu de lui, il y a des années et depuis, régulièrement, j'en relis un, pour le plaisir et pour la nostalgie. Ce thème a été beaucoup repris, mais P. Garnier a été un des premiers à le traiter , et de façon tout à fait réussie.

Moi j'ai vu cette histoire comme le récit de la montée de la folie en milieu clos. Ils ont tous une petite fêlure et, l'âge et les circonstances (vase clos)  aidant, cette fêlure devient une crevasse puis un abime dans lequel ils se perdront. L'une croit de plus en plus que son fils n'est pas mort, l'autre est totalement subjugué par l'idée de tuer, un troisième développe une paranoïa aiguë fixée sur les Gitans etc. Sans parler de celle qui est arrivée déjà fêlée... Aucun n'est indemne. Tout dérape bientôt, doucement d'abord puis de plus en plus vite. D'autant que l'élément extérieur qui pourrait les raccrocher à la réalité s'adonne à la fumette de façon compulsive ce qui, tout le monde vous le dira, n'améliore ni la lucidité, ni l'efficacité. Pour tout arranger, l'alcool, d'abord discret, se répand de plus en plus librement sous couvert d'apéritifs et repas entre voisins, et ça non plus, question lucidité et efficacité... ça n'aide pas.

J'ai aussi lu cette histoire comme une histoire drôle, un humour noir et féroce, soit, mais terriblement présent. Certaines scènes (comme le tour de rein de Maxime par exemple) ne vous laisseront certainement pas insensibles. Et même l'explosion finale a un côté grand-guignolesque qui stupéfie les sauveteurs eux-mêmes (à qui il sera quand même bien difficile de tout expliquer).

Non, quoi qu'on fasse, la fin de vie vue par Pascal Garnier -un de ses thèmes favoris- c'est salissant et ça éclabousse un peu.


9782843044656

#Lunecaptivedansunœilmort  #PascalGarni


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03 mars 2024

Vie et mort de Vernon Sullivan

de Dimitri Kantcheloff

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Quatrième de couverture :

"Un soir d'été de 1946, Boris Vian parie avec son éditeur qu'il peut écrire un "bestseller américain" qui trompera les critiques. Ce sera J'irai cracher sur vos tombes, qui paraît sous le nom de Vernon Sullivan dans une "traduction" de Boris Vian. Le livre fait scandale. Dans les caves de St-Germain, on s'interroge et Vian jubile. Hélas, en parallèle, la carrière d'écrivain de Boris ne décolle pas. L'Écume des jours est un échec alors que le public redemande du sulfureux, du Sullivan. Vian ne cache ni son amertume, ni sa fatigue."

Je me suis laissé tenter par cette biographie partielle de Boris Vian et je ne le regrette pas. On dit "biographie romancée" comme c'est la mode en ce moment pour pouvoir rendre le récit moins austère sans se faire pinailler pour tel ou tel détail incertain, tel ou tel dialogue qui n'aurait peut-être pas eu lieu ou pas exactement dans ces termes, mais je n'ai pas remarqué de points trop suspects. Certes, ce livre ne m'a pas non plus appris grand chose, car Vian m'intéressant beaucoup, je connaissais l'histoire depuis fort longtemps, mais j'ai apprécié qu'on me la remette en mémoire et aussi, qu'on me rappelle les noms des protagonistes qui eux, avaient été oubliés. Ahh, cher Office Professionnel des Industries et des Commerces du Papier et du Carton, cher Cartel d'Action Sociale et Morale, chers Grosjean , Paulhan, Arland, Parker... si justement par moi oubliés.

Je vous conseille ce court (161 pages) ouvrage qui relate tout en détail, vous permettra de briller en société*, et qui nous rappelle que Vian, c'est SURTOUT "L'écume des jours", "L'automne à Pékin", "Vercoquin" mais également ces polars de Vernon dont le succès l'agaçait tant par moment, mais qui sont remarquables aussi, surtout dans le contexte.

Vian, c'était du vif argent, créant perpétuellement, toujours au-delà des limites du conformisme et des siennes propres. Il brûlait la chandelle par les deux bouts et savait bien où cela le mènerait. Cette biographie qui va de l'après guerre à sa mort m'a encore une fois donné envie de le relire. C'est une bonne chose. Il faut lire et relire Vian. On y gagne toujours quelque chose.


*


 


978-2363391940



#VieetmortdeVernonSullivan #DimitriKantcheloff  #  BorisVian  #Biographie   #LapetiteLISTE   #sibyllinelecture   #bookstagramfrance  #lecture  #littérature 


27 février 2024

Prenez-moi pour une conne

Guillaume Clicquot

**+


Juste la moyenne pour ce roman plus ou moins policier dont on connaît dès le départ l'assassin et la victime. L'assassin, ce sera Orane de Lavallière (un peu too much, les noms, ce qui donne le ton général), bientôt 60 ans, bourgeoise très aisée, femme au foyer, qui vient de marier sa dernière fille à caser (deux fils avant cela). La victime, ce sera Xavier, son mari coureur depuis toujours, ce dont elle s'est toujours bien accommodée en échange de paix, confort, sécurité et belles apparences. Seulement Xavier aussi vieillit et le démon de midi aidant, il estime de son côté que le départ du dernier oisillon est pour lui le signal de son propre envol vers une nouvelle vie avec un nouvel amour etc. Parce qu'il le vaut bien.

Bien sûr, il évite la scène pénible des adieux en remplaçant l'explication les yeux dans les yeux par une lettre qui sera remise à Orane à un moment où, sa maison étant pleine d'invités, elle n'aura pas d'autre possibilité que de continuer à sauver les apparences et éviter l'esclandre. Orane n'arrive pas à se remettre de ce largage brutal à un âge où elle estime ne pas pouvoir se refaire elle aussi une meilleure vie. Elle ne parvient finalement à surmonter le traumatisme que lorsqu'elle décide de tuer celui qui a gâché sa vie.

Ah bon, parce que l’infidélité et la goujaterie méritent la peine de mort? Si toutes les femmes larguées n'avaient rien de mieux à faire que de trucider l'ex indélicat, le pays aurait rapidement un problème démographique. Ah non, j'ai compris ! Il ne faut pas prendre tout cela au sérieux, ne pas tenir compte des longues plaintes d'Orane, des revendications de femme bafouée, c'est un roman humoristique. Soit, mais rien ne l'indique, pas de situation comique, pas de phrase drôle, de réparties à double sens, de clin d’œil amusant. On ne rit pas. En fait, on n'est même pas amusé, alors "l'humour corrosif et la plume acérée" "le récit jouissif" promis par la quatrième de couv'... je cherche. Je les ai complètement ratés. Ça doit être moi. J'ai bien compris (le titre y aide suffisamment) que le moteur comique de l'affaire est le contraste entre le fait que tout le monde la tient pour quantité négligeable un peu sotte, alors qu'en fait elle est un cerveau capable de commettre un crime parfait, mais de là à y croire ou à trouver ça drôle...

Pour ce qui est du côté policier, vous avez: un modus operandi criminel insensé et sans aucune apparence de vraisemblance, un acharnement policier incompréhensible étant donné l'absence totale d'élément à charge si ce n'est la certitude que "c'est toujours le conjoint" et cependant mené à son extrême limite, et un dénouement encore plus invraisemblable que tout ce qui a précédé alors que cela paraissait impossible. Les psychologies sont superficielles, les situations aussi conventionnelles que la couverture, les personnages sans épaisseur...

C’est déjà trèèèès long à se mettre en place. G. Clicquot a son savoir-faire et parvient à maintenir le désir de savoir sur la durée de son récit, mais il n’y a quand même pas beaucoup à raconter. J'ai pensé que c'était le genre de roman qu'on pourrait écrire avec une IA. J'ai constamment eu envie d’arrêter mais je déteste abandonner mes lectures. Je ne suis finalement arrivée au bout que par pur entêtement. Je voulais savoir si elle allait se faire avoir ou non et je ne fais pas de chroniques sur des bouquins que je n'aurais lus qu'en diagonale. Et j'avais quand même aussi dans l'idée que ça ne pouvait pas être que ça, qu'il y aurait de l'inattendu, un retournement de situation, une surprise ou je ne sais pas moi... Bref, il n'y a que 300 pages mais j'ai eu l'impression que ce bouquin ne se terminerait jamais.

Bon, bref, comme je disais, juste la moyenne, un roman très quelconque qui peut plaire car facile et simple, et puis, il n'y a qu'à regarder le palmarès des meilleures ventes pour s'assurer que tout est possible. Ca peut faire aussi un feuilleton télé ou un petit film, mais pas pour moi.

9782213725994

 #Prenez-moipouruneconne  #Guill


aumeClicquot   #LapetiteLISTE   #sibyllinelecture   #bookstagramfrance #lecture  #romanpolicier  #polar   #romanspoliciers #romannoir #romansnoirs     
       

22 février 2024

Ils abusent grave 

Du féminisme et des sciences humaines

de Erell Hannah

Illustrations Fred Cham

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240 pages

Nous avions les BD classiques, dans un format d'environ 50 pages, puis sont venus les romans graphiques avec leurs plus de 200 pages et il va maintenant falloir inventer un nouveau mot pour les essais graphiques, ces vraies études sérieuses et documentées, faites par des scientifiques compétents et alignant les faits réels, les études et les chiffres et soutenant leurs thèses, mais en bande dessinée. Dans un domaine tout à fait différent, j'avais lu avec beaucoup d’intérêt le "Le Monde sans fin" de Blain et Jancovici et c'est avec un intérêt égal que j'ai dévoré le "Ils abusent grave" de Hannah et Cham que je vous conseille vivement. C'est la couverture qui m'a attirée. Cette réponse angélique que vous vous êtes déjà attirée mille fois quand vous essayez de parler un peu de l'oppression des femmes. Le pire étant que ceux qui vous disent ça sont de bonne foi. Ils pensent combien ils sont gentils avec leur épouse, leurs filles, leurs mères... et se sentent sincèrement totalement innocents. Ils ne pensent pas à combien ils gagnent de plus que leur collègues-femmes de même niveau, ils n'ont pas admis qu'ils ont été promus à la place d'une autre qui aurait dû l'être, qu'ils ont les postes de commandements (parce que les hommes sont meilleurs pour l'autorité), qu'ils sont servis les premiers à table et plus copieusement etc.

Erell Hannah, diplômée de sociologie et de psychologie, a voulu disséquer ici les mécanismes profondément ancrés dans nos sociétés et qui font qu'une moitié de l'humanité exploite plus ou moins férocement l'autre moitié et que cette seconde moitié accepte généralement et même participe à cette exploitation, alors que les rares qui tentent d'y échapper se heurtent à des difficultés quasi insurmontables. Tout cela démarre dès le plus jeune âge, par l'inculcation du fait que les garçons sont plus capables et plus intelligents que les filles, que leur intelligence est de qualité supérieure à celle des filles car plus apte à s'élever à la théorie et à la conception d'idées alors que les rares filles intelligentes disposaient d'une intelligence pratique et non conceptuelle comme la leur, ainsi que de sensibilité, bien sûr (bah voyons). C'était les savants (hommes) qui avaient établi ce fait. Etabli? Montrez-nous donc ça, ont fini par dire quelques femmes après un certain nombre de siècles.

Seront aussi examinés :

- ce qu'il en est de la violence masculine envers les femmes, comment elle s'exerce, comment elle est perçue, par les victimes et par la société.

- les réponses sociales, policières et judiciaires à cette violence globalement bien acceptée, mais de moins en moins, c'est vrai (mais on n'en est pas encore à l'égalité).

- Un monde macho sous couvert de science et même dans des milieux qui se croient libérés voire libertaires comme dans le domaine des arts.

- Examen des travaux de trois femmes scientifiques ayant étudié le sujet à différentes époques : Leta Hollingworth, Andrea Dworkin et Linda Silverman.


- Brutal ou plus sournois, le rapport de domination est partout, dans la sphère publique comme dans la sphère privée. Le célibat serait-il le seul garant de la liberté? 

Erell Hannah répond à un certain nombre de "Pourquoi?". Fred Cham illustre avec un grand naturel. Cet album se dévore. Une étude (pas une charge) vraiment bien menée et passionnante et cette révélation que nous sommes tous encore porteurs de parts de cette oppression sournoise (même moi - je me suis prise en flagrant délit il y a peu) alors, lisons cet album, prêtons-le, offrons-le, aux garçons comme aux filles, pour que les choses évoluent et que plus personnes ne tombe innocemment dans le panneau. Changeons le monde.


978-2019466138



##Ilsabusentgrave  #Duféminismeetdesscienceshumaines  #ErellHannah  #FredCham   #LapetiteLISTE   #sibyllinelecture   #bookstagramfrance #lecture #BD  #bandedessinee  #romangraphique  #document #sexisme  #féminisme 

17 février 2024

Misericordia

de Lidia Jorge

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Prix Médicis étranger 2023


Elle s'appelle Maria Alberta Nunes Amado, dite Alberti. Elle est très âgée et vit dans un Ehpad de luxe (baptisé comme si on n'y faisait qu'un séjour, "l’hôtel Paradis" - de bon augure) depuis qu'elle a perdu son autonomie. Elle ne peut plus marcher ni rien tenir de ses doigts si ce n'est un petit bout de crayon qui lui permet parfois d'écrire quelques mots qui font office de poèmes. Pour le reste, elle le confie à un petit magnétophone. Elle parle de ses journées, des évènements qui agitent l'établissement, de ses propres préoccupations, de ses souvenirs mais pas trop, elle est plutôt dans le présent, de ceux qui l'entourent, résidents comme elle ou employés, pour la plupart très bienveillants. Elle cultive la joie comme un rempart à la mort. « Oh ! Joie, conduis-moi à travers la rue tortueuse- La mort dort à la porte. Je la chasse avec ton bâton. »

Les journées défilent, sur une année, et témoignent d'une vie minuscule mais précieuse, comme toutes les vies innocentes, sa fille Lidia Jorge, écrivaine, leur donnera une forme littéraire pour créer ce chef d’œuvre où il est sans intérêt de chercher à démêler la réalité de la fiction car tout est vrai au sens humain et littéraire du terme. Alberti voit bien des choses et les interprète à son aune. Elle accorde importance à ce qui fait sa vie, alors comment pourrait-on dire que ce sont des peccadilles? Elle comprend beaucoup de choses humaines mais ne peut en atteindre d'autres (en particulier en ce qui concerne sa fille). En général, elle parle le langage de l'empathie et de l'indulgence. Pour d’autres autour d’elle, l’approche de la mort rime avec bigoterie délirante. Maria Alberta a toute sa tête, mais bien sûr, comme nous d'ailleurs, juge d'après son propre monde, ce qu'elle vit et ses connaissances. Elle est sans force, totalement dépendante, et pourtant soudain capable de revendiquer, de se défendre et même de défendre d'autres, victimes d'injustices et d'attaquer frontalement les "Méchants".

Les jours passent, nous la suivons et voyons les situations évoluer. Nous nous attachons à elle et aux autres occupants de l’établissement. La vie coule doucement, même si assez souvent, survient la mort, qu'elle appelle Nuit, sans doute par peur même de la nommer et qui la guette, en particulier au cœur de certaines nuits d'insomnie, ou qui frappe autour d'elle. Des personnages plus ou moins importants de son entourage disparaissent régulièrement. L'ambulance les emporte, souvent de façon imprévue, pour un voyage toujours sans retour. Ou alors, ils s'effondrent soudain le nez dans leur assiette ou au milieu du salon... rappelant à tous leur sort proche. « Ici, à l’hôtel Paradis, rares sont les jours où quelqu’un ne meurt pas. L’un meurt, un autre entre, on est toujours soixante-dix. » Mais Alberta n'entend pas se laisser faire et est persuadée qu'elle saura lutter contre cet ennemi-là aussi.

Et puis soudain surgit le Covid*. Il envahit le pays, encercle la résidence, puis y pénètre, infestant employés comme résidents, les premiers reviennent généralement, sauf lorsqu'ils fuient vers leurs familles, les seconds, non. Mais Dona Alberta sait qu'elle sera épargnée et elle ne s'inquiète pas trop.

Un livre qui parle de la mort et donc de la vie, de ce qui est important et de ce qui ne l'est pas, des gens bien et des autres (mais non, Alberti, M. Tó n'entrait pas dans la première catégorie).

Extrait :

« - Le cycle de la nature va jusqu’au bout et reprend au début. Il ne s’arrête jamais. Mais les êtres humains, quand l’hiver arrive, n’ont plus aucun autre printemps. Ou si ?

- Si, bien sûr, a-t-elle dit. Parce que nous, comme on ne peut pas répéter le cycle naturel des saisons, nous inventons une manière de surmonter cette limitation.

- Pourquoi tu dis ça ?

- Parce que nous remplissons les quatre saisons de notre vie avec les cercles des vies des autres. Chacune de nos vies peut contenir mille, deux mille de vie en ajoutant le récit de la vie des autres qu’on croise sans arrêt. »


* Oui, je sais que l’Académie dit La Covid, mais moi, non, car elle est censée décider du genre des mots nouveaux sauf lorsque l'usage courant leur en a déjà largement donné un, et j'estime que c'était le cas. (D'autant que la raison de son choix ne m'a pas convaincue). D’ailleurs d’autres dictionnaires disent comme moi.

979-1022612920


#Misericordia #LidiaJorge  #LapetiteLISTE   #sibyllinele

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12 février 2024

Le cas Malaussène  -1- Ils m’ont menti

Daniel Pennac

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Sans doute la famille Malaussène manquait-elle à Daniel Pennac qui a voulu la retrouver et retourner se chauffer à sa fantaisie optimiste... et ma foi, moi aussi. J'avais passé de si bons moments avec ces gens-là ! Alors, allons-y, revenons étudier ce "Cas Malaussène".

17 ans ont passé depuis le dernier et Pennac a vieilli, nous avons vieilli nous aussi, et nous ne sommes donc pas plus surpris que cela de retrouver les membres de la famille vieillis également. Moi, en tout cas, cela m'a paru bien naturel. Les enfants ont tous quitté le nid, on en est aux petits-enfants. On en est tous là, nous, ses lecteurs des débuts. Malaussène pourrait songer à la retraite s'il le voulait, mais il travaille encore pour la Reine Zabo. Il se demande parfois pourquoi, et ne se répond pas trop. Son emploi consiste à protéger les Vévés de la vaillante maison d'édition. Les Vévés, ce sont les tenants de la Vérité Vraie, ces gens qui assènent leur vision du monde à tous avec la certitude qu'elle est la seule ayant un peu de validité. Cette affirmation les amène bien sûr à se heurter, parfois de façon dangereuse, avec ceux qui ne sont pas de cet avis, et Benjamin est chargé de veiller à ce que personne ne dégomme les poulains de la Reine Zabo. Il dispose pour ce faire de larges crédits et de l'autorisation d'utiliser tous le panel de ses relations et connaissances (réputées originales). Nous retrouverons ainsi beaucoup des rôles secondaires des tomes précédents, et c'est bien agréable. Et ne vous inquiétez pas si vous les avez oubliés (c'était mon cas), un répertoire final, très efficace et très complet, vous permet de sauter sans peine cet obstacle.

Cette fois, Malaussène doit veiller sur la survie d'un auteur vedette dont le premier livre a valu la fortune à la maison d'édition, mais, dans la mesure où ce fameux livre était une charge assassine contre toute sa famille, il lavait valu à l’auteur une tentative de meurtre de la part de ladite famille. Eh oui, utiliser la vie des autres comme matériau à ses ouvrages n'est pas sans risque. Maintenant, le Vévé (surnommé Alceste, trouvez pourquoi) est maintenu en plein maquis par Malaussène et ses amis, coupé de tout et surveillé par les gros bras locaux, pendant qu'il rédige le second volume, qui sera encore pire, il l'a promis.

Pendant ce temps, les jeunes Malaussène s'occupent, avec plus ou moins de réussite, mais avec originalité toujours. On peut leur faire confiance. Du bon Pennac, donc

Mais, mais, mais, car il y a un mais. Qu'est-ce que c'est que cette parution tronquée !?!?!?

Nous avons là un tome 1 de moins de 400 pages écrites gros, qui a juste le temps de nous mettre tout le monde en place et dans une situation... disons instable. Et quand nous sommes bien lancés, fin du tome 1 ! Il faudra vous procurer le tome 2, parce qu’on ne peut pas rester comme ça, voyons ! Et oui, là, avec la suite, bien intitulée "Terminus Malaussène", ce sera vraiment fini.


978-2072935442

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07 février 2024

Chagall en Russie

de Joann Sfar

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Deux volumes d'un peu plus de 60 pages chacun, à lire dans l'ordre.

J'ai tout d'abord été très décontenancée par le premier volume car je m'attendais soit  à une biographie de Chagall, soit à une évocation de son œuvre, et plus je lisais, moins cela y ressemblait... J'ai fini par m'interrompre aux deux tiers du premier  volume pour faire une petite recherche en vue d'essayer de comprendre ce que je lisais  et c'est là que j'ai trouvé ceci sur le site de l’éditeur (Gallimard) : "Joann Sfar rend hommage au peintre russe dans une fiction truculente qui mêle histoire d'amour et folklore yiddish. Vous ne lirez pas ici la vraie vie de Chagall. C'est un fabuleux conte juif, dont le héros se nomme Marc Chagall. Il vit dans un shtetl de la Russie des tsars, à l'aube de la révolution. Il est jeune et très amoureux. Mais il est peintre aussi, et le père de celle qu'il aime veut pour sa fille «un bon juif qui ait un bon métier». Quitter son amour ou bien la peinture ? Chagall part interroger le rabbi de Loubavitch et arpente un grand théâtre de l'absurde parmi les fous, les barbares et les amis."

Il aurait bien évidemment fallu que cette note se trouve au dos de l’album lui même, mais les quatrièmes de couverture ne donnent aucun renseignement. J'ai cependant eu la surprise de le trouver classé chez Gallimard dans la catégorie "Jeunesse", ce qu'il n'est pas du tout, sauf à considérer que les représentations en couleurs  de pogroms, éventrations, viols, pendaisons etc. sont des images pour enfants.

J'étais donc partie du mauvais pied dans cette lecture, et je décidai en conséquence de tout reprendre depuis le début dans cette nouvelle optique. Ces deux volumes sont une libre variation poétique sur le thème de Chagall. Le personnage principal nommé Chagall et peintre, vit dans la Russie du tout début du 20ème siècle. Il est juif et potentielle victime des armées russes blanches en début de débandade. Le dessin est aussi libéré du réalisme que les œuvres de Chagall, on retrouve  des éléments de son plafond de l'Opéra Garnier ou d’autres de ses œuvres. Joan Sfar a fait ici un travail remarquable, très inspiré,  et que j'ai tout à fait apprécié une fois levés tous les malentendus que je mettrais plutôt sur le compte d'une édition qui a voulu faire l’économie d'une présentation. On sent Sfar habité par son sujet et emporté dans sa création. Ce sont des albums violents mais de très grande qualité. Je les conseille vivement, mais absolument pas pour des enfants, et quant à la biographie de Chagall, il ne vous restera plus qu'à aller vous renseigner ailleurs, comme je l'ai fait.

"AVERTISSEMENT de l'éditeur: Certaines images contenues dans le présent album sont très librement inspirées de l’œuvre de Marc Chagall. L'histoire, la représentation physique de Marc Chagall et les propos qui lui sont attribués sont totalement inventés par l'auteur et n'entendent pas refléter la pensée et l'esprit du peintre."

978-2070628254 et 978-2070638536

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