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25 avril 2023

Trouver refuge

de Christophe Ono-Dit-Biot

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Ce roman est une uchronie, mais très légère, quelques années, si bien qu'il n'y a aucune grande transformation technique à découvrir. Mais la France a changé, elle a progressivement basculé dans une dictature paternaliste (alors pour faire simple et que tout le monde comprenne, on appelle le dictateur Papa - Grand Frère pas loin). Le populisme est roi et s'impose de façon de plus en plus musclée, ainsi, quand vous faites ou dites des choses qui divergent de ce que l'on attend de vous, il ne faut pas vous étonner de recevoir la visite de quelques jeunes gens musclés qui viennent vous faire des reproches de façon qui n’exclut aucune manœuvre d'intimidation. Rien n'est officiel, ils seraient bien sûr désavoués au cas où ça déraperait... mais tout devient possible.

Sacha est un écrivain et philosophe habitué des plateaux télé. C'est lui qui fera la majeure partie de la narration, mais il cédera parfois la parole à Mina sa compagne, professeure d'histoire à l'université, spécialisée dans la civilisation byzantine. Tous deux n'aiment guère la façon dont les choses tournent et tentent de résister mais sans s'opposer, ce qui ne les empêche pas de subir des pressions, surtout Mina, à l'université. Et puis un jour, dans le feu de la discussion sur un plateau télé, Sacha lâche une phrase imprudente qui laisse entendre qu'il sait des choses compromettantes sur la jeunesse de Papa (ce qui est vrai, et ce que ce dernier ne va pas du tout apprécier de se voir rappeler).

Ensuite il ne leur reste plus qu'à fuir en abandonnant absolument tout. Là, j'ai eu un peu de mal, je n'ai pas assez lourdement senti la pression pour imaginer que des gens nantis, publics même, puissent partir comme ça du jour au lendemain avec juste un sac à dos. Mais bon... Ils partent en Grèce, dans la Communauté monastique du Mont Athos parce que Sacha y a vécu jeune une expérience mystique ressourçante et qu'il pense que c'est le meilleur refuge possible. Ce qui en soit, m'a beaucoup étonnée puisque sur trois fuyards, deux (Mina et leur enfant de sept ans) sont des filles qui sont plus que formellement interdites sur ces terres. Mais ce n'est pas grave, Sacha s'arrangera. Sérieux?

A partir de là, le récit a deux narrateurs: Sacha et Mina (dans une moindre proportion). Je ne veux pas vous en dire plus sur l'histoire.

C'est un roman agréable à lire qui transmet un quota culturel correct sur l'antiquité, les monastères orthodoxes, etc. Par contre il n'approfondit pas les mécanismes d'une dictature populiste, ni les moyens de la combattre (au contraire puisque la seule solution serait la fuite). Il véhicule une vision bienveillante des religions qui ne se formalise pas de la mise à l'index de la féminité. La lutte contre Papa se limite à une confrontation personnelle et la happy end ne fait aucune concession à la vraisemblance.

978-2072885693