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12 avril 2024

L'Arabe du futur Tomes 1 à 3

de Riad Sattouf

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Cela fait longtemps que j'entends parler de "L'Arabe du futur" qui a connu un franc succès et a été pas mal commenté sur les blogs littéraires mais je n'y avais encore jamais fichu le nez et franchement, je ne m'attendais pas à ça. Je m'attendais à quelque chose de beaucoup plus consensuel et bien moins réaliste. Emprunté à la bibli sans vraie curiosité, ce roman graphique m'a saisie et même... (scène du chiot, de l’âne etc.) traumatisée.


Il mérite que je le lise dans son intégralité. Je vais donc commenter aujourd'hui les trois premiers volumes et bientôt, les trois derniers. Les meilleurs en math l'auront compris, cette autobiographie dessinée comprend six tomes.

Ce récit est présenté comme véridique (et en a toutes les apparences) C'est Riad qui raconte.

Tome 1 (1978- 1984) : Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984) "elle raconte l'enfance et l'adolescence de l'auteur, fils aîné d'une mère française et d'un père syrien. L'histoire nous mène de la Libye du colonel Kadhafi à la Syrie d'Hafez Al-Assad en passant par la Bretagne, de Rennes au cap Fréhel."

Le père de Riad a obtenu un doctorat à la Sorbonne (on passe les 6 tomes à se demander comment) et il pourrait obtenir un poste en France, mais il n'en cherche pas. Il fait ses demandes en Afrique du Nord et c'est en Libye qu'il obtient un poste 'assez minable) et entraîne femme (une Bretonne) et enfant. Riad, tout petit est encore fils unique. On fait connaissance de ces trois personnages : le père qui ne dit pas clairement quel est son but, ni ce qu'il ressent, mais prend toutes les décisions impliquant la famille sans même informer sa femme qui se laisse faire sans protester bien qu'elle ne soit clairement pas heureuse de sa nouvelle vie. Elle penche plus vers la dépression que vers la révolte et fait surtout preuve d'une incroyable bonne volonté. Le père qui rêvait sûrement d'un retour au pays prestigieux doit déchanter, même au sein de sa famille, il n'est guère estimé, mais il est dans le déni et n'admet aucune déception. On voit en arrière plan la vie qu'ils mènent dans ce village perdu de Libye où Riad n'est pas accepté par les enfants de sa famille,


Tome 2 (1984-1985) : Le père a entraîné sa famille en Syrie, dans un village arrièré. Riad a 6 ans et ne va pas à l'école car il ne parle pas arabe. Il reste enfermé dans sa maison (réduite au strict minimum) avec sa mère qui n'a pas non plus beaucoup de vie sociale ne parlant pas la langue et personne là-bas ne parlant ni français ni anglais. La père part toute la journée enseigner en ville. Le poste qu'il a obtenu n'a aucun prestige et il est en-dessous de collègues bien moins diplômés. Mais il ne reconnaît aucun problème. Son aveuglement pour la situation trouvée en Syrie comme en Libye, ne fait qu'augmenter. Il s’enfonce dans le déni et les tentatives de se faire reconnaître ou même admettre par les Arabes. Il ne comprend rien au monde qui l'entoure et a renoncé à tout esprit critique à son égard. Il s'enfonce dans la déni entraînant sa famille. Un second fils naît. Riad n'a guère le sens de la fratrie.


Tome 3 (1985-1987) : Riad va découvrir l'école en Syrie et ce n'est pas rien!! Obscurantisme et maltraitance. Le père continue une carrière minable et une place tout aussi subalterne dans sa propre famille. Ici, les diplômes aussi s'obtiennent par bakchich et influence. Il espère beaucoup d'un de ses "élèves" (qui ne vient pas aux cours), "un homme très important" (en fait il est l'un des gardes du corps d'Hafez el Assad), mais qu'obtiendra-t-il? La mère s'enfonce dans la dépression et le père "s'arabise" de plus en plus, perdant tout esprit critique. Il a beau ne guère obtenir de succès ici, il s’acharne et n'envisage pas de retour en France, contrairement à sa femme qui est retournée chez ses parents pour accoucher de son troisième fils et a de moins en moins envie de quitter la France. Mais le volume se termine par l’image du père leur annonçant qu’il a obtenu un poste en Arabie Saoudite !


On accepte rapidement les conventions du dessin qui a choisi de ne dessiner que le principal et sait parfaitement transmettre les émotions (c’est ça le talent, bravo!) L(histoire en elle même nous apprend énormément de choses et est passionnante. Le récit est fait par l'enfant mais sans les puérilités habituelles et surtout sans aucun jugement. Que va-t-il advenir de Riad, de sa mère et de ses frères ? ((de son père, on commence à s’en ficher un peu).