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28 juin 2025

Martin Eden

de Jack London

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978-2070793983

Le roman « Martin Eden » de Jack London, nous raconte l’histoire de ce jeune homme parti du bas de l’échelle sociale, puisqu’il était simple marin dans différents équipages. Fort, habile, grande gueule, charismatique, il est réputé dans son microcosme et c’est par goût de la bagarre, qu’il se trouve un beau soir à sauver la mise d’un jeune bourgeois qui s’était aventuré en des lieux un peu trop rudes pour lui. Pour le remercier, celui-ci l’invite à dîner chez lui (c’est un peu surprenant, mais bon…) et c’est ainsi que Martin découvre un monde dont il ne soupçonnait même pas l’existence et rencontre une jeune fille dont il tombera immédiatement éperdument amoureux : la sœur de celui qu’il a sauvé. Celle-ci n’est pas totalement indifférente à son charme barbare. Inculte, non éduqué et non policé comme il est, il va décider de se former entièrement et de les égaler tous, voire, les surpasser. Il va s’avérer que Martin est d’une intelligence, d’une volonté et d’une capacité de travail nettement au-dessus de la moyenne. Il va reprendre ses études à zéro, les mener au niveau supérieur dans les disciplines humanistes et sentir immédiatement qu’il a l’âme d’un écrivain. La demoiselle quant à elle, ne va jamais envisager de changer quoi que ce soit de son côté mais se met à l’aimer de plus en plus, sans jamais cependant croire en ses talents d’écrivain et en lui demandant jusqu’au bout de trouver un emploi bourgeois tandis que lui, toujours libre dans sa tête ne peut se concevoir domestiqué et découvre plutôt le darwinisme social de Spencer et la politique.

C’était le 10ème roman de Jack London. Il l’a écrit en 1909 alors qu’il avait 33 ans. (Il est mort à 40ans). On ne peut pas dire que ce roman soit autobiographique. Jack London n’est pas Martin Eden. On ne peut pas davantage nier qu’il y ait mis beaucoup de lui-même et qu’il se soit souvent vu sous ses traits. Il lui a attribué, des qualités et des défauts qu’il pensait être les siens, en les exagérant même. Il a par ailleurs nourri tout le roman d’aventures et d’anecdotes glanées directement ou indirectement, au cours de sa propre jeunesses. Eden est un London jeune, épuré.

J’ai longtemps repoussé la lecture de ce pavé. Je dois reconnaître que j’avais peur de m’ennuyer au moins un peu. Je craignais qu’il ait vieilli, que les passages un peu longs soient nombreux. J’ai eu la surprise de ne pas en trouver un seul ! Ce roman n’a pas pris une ride. On suit avec intérêt la croissance et les mutations de l’aventurier des mers écrivain. On y découvre une peinture sociale variée et très réaliste et juste. Il est rare que les vrais pauvres aient la parole. Surtout à cette époque. London la leur donne. Il peint leur condition et leurs façons de vivre, et pas un mot ne sonne faux. Il peint aussi la bourgeoise et grande bourgeoisie, de façon moins intime, certes, mais avec une objectivité clairvoyante qui marque ; et il se dépeint lui, qui ne fait bientôt plus partie du premier monde et ne sera jamais vraiment du second...

Quant à l’interprétation du roman, je me suis aperçue qu’elle pouvait beaucoup varier selon les lecteurs. Certains y voient surtout une histoire d’amour, d’autres une histoire politique et sociale, d’autre encore l’aventure personnelle d’un individu hors normes. Selon leur vision, ils expliqueront différemment la fin et le moment où il s’est perdu. Pour ma part, je considère que c’est lorsqu’il a arrêté d’écrire. Il n’aurait jamais dû. Et je n’en dis pas plus pour ne rien déflorer et laisser tout le plaisir à ceux que j’aurais convaincus de lire ce roman, ce que je ne saurais trop vous conseiller si ce n’est pas encore fait.

592 pages