Rubrique-à-brac (5 volumes)
de Marcel Gotlib
*****
978-2205055726
Je fais partie des anciens enfants élevés avec un abonnement à Pilote ("Le journal qui s'amuse à réfléchir") J’étais fan absolue d’Achille Talon (mais de lui, je vous parlerai une autre fois), de "Cellulite" de Brétécher et des Dingodossiers, dessins Gotlib et textes Goscinny. Les Dingodossiers prétendaient étudier un sujet de façon scientifique en deux pages de ces petites cases pleines de phylactères que nous apprécions tant. L’humour (potache mais irrésistible) provenait, d’une part, du décalage entre le ton objectif et sérieux et la naïveté de l’observation, et, d’autre part, du décalage entre le texte et le dessin.
J’adorais ! Et je n’étais pas la seule, ça marchait bien, mais parallèlement, René Goscinny, avait lancé les aventures d’Astérix et le succès était encore plus énorme et fulgurant, si bien qu’il ne pouvait plus mener les deux opérations de front. A partir de 1968, Gotlib poursuit donc seul la grande tâche éducative et les Dingodossiers laissent la place aux Rubriques à Brac. Le principe reste le même ainsi que les personnages récurrents, et vogue la galère ! Repartie pour de nouvelles aventures hautement pédagogiques.
Mais parlons-en, des personnages récurrents. Chacun avait ses préférés, pour moi, Isaac Newton, qui ne quittait guère le pied de son pommier et sur la tête duquel tombaient les choses les plus incongrues, permettant chaque fois une découverte scientifique de première grandeur. Un autre personnage cher à mon cœur, le Processeur Burp, non pas pour son charme personnel discutable, mais parce qu'il était chargé des pages "sciences naturelles" qui me ravissaient littéralement . Des décennies plus tard, je me réfère encore à l’occasion à "la dure loi de la nature" dont les ravages navrants m’avaient beaucoup fait rire alors. (et encore maintenant, soyons honnête)
Il y avait aussi l'Enfant sauvage, Super-Dupont, l'Ecolier, Tarzan et le duo policier clairement inspiré de Maigret ou des Cinq dernières minutes, Bougret et Charolles et là, je remercie Wikipedia qui m’a appris depuis qu’ils étaient les caricatures respectives de Gébé et Gotlib. Les deux flics menaient des enquêtes totalement surréalistes mais dans lesquels on retrouvait "chaque fois deux suspects : Aristidès Othon Frédéric Wilfrid, caricature de Fred, et Blondeaux Georges Jacques Babylas, caricature de Goscinny, ce dernier se trouvant toujours être le coupable".
Dans le coin des cases, il y avait une petite coccinelle. Simple décoration amusante au départ, elle a beaucoup plu aux lecteurs (et sans doute aussi à l’auteur) si bien que son rôle est allé grandissant, elle portait sur les scènes qu’on nous montrait un regard critique et désabusé qu’elle a même fini par exprimer quand elle a été dotée de la parole.
La Rubrique-à-brac a survécu à Pilote et même aux autres mensuels de bande dessinée qui lui ont succédé. Certaines histoires prenaient trois ou quatre pages et il y a eu des planches en couleur. Elle a été éditée en albums, et il y en a eu cinq, pour les amateurs.
Maintenant, la Rubrique-à-brac est-elle accessible aux jeunes d’aujourd’hui ? Je le voudrais bien, mais je n’en sais rien. Je n’en suis pas sûre. C’est une forme d’humour qui échappe peut-être à leurs radars, il faudrait tester. Vous me direz...



