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09 juillet 2024

 Mamie Luger

de Benoît Philippon

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J'ai entrepris cette lecture dans un but récréatif et elle a parfaitement rempli son rôle. C'est un polar aussi. Il n'y a pas d’enquête à mener, coupable et victimes vous sont servies sur un plateau, mais il y a bel et bien un nombre conséquent de meurtres et assassinats.

Ça commence fort. Le GIGN est en action, une forcenée armée retranchée dans sa maison a tiré sur son voisin, le blessant et annonce son intention de faire d'autres victimes. Complication: la forcenée a 102 ans, ce qui fait qu'une simple balle dans la tête par un tireur d'élite risque d'être mal perçue par l'opinion publique, surtout avec tous les médias autour. Fort heureusement, elle finit par se rendre et nous ferons alors connaissance de l'inspecteur Ventura, chargé d'interroger la dame et de rédiger le procès-verbal.

Pendant que la grand-mère, au commissariat, commence à expliquer pourquoi elle a tiré sur son voisin, les différents services d'investigation visitent sa maison et font à la cave de bien étranges découvertes... et je ne parle ni de l'alambic, ni de la réserve de gnôle. Ils s'intéressent plutôt à ce qui se trouve dessous... à savoir un, puis plusieurs cadavres (je vous laisse découvrir combien), non décédés de mort naturelle. La mamie ne nie rien et raconte même volontiers cette longue (eh oui, 102 ans, ce n'est pas rien) histoire compliquée (et plutôt violente) qu'a été sa vie. Je ne vous en dis pas plus pour l'histoire, je ne voudrais pas vous gâcher le plaisir de la découverte.

Pour le récit et l’écriture, je lis ici ou là que le style est contesté, eh bien moi, curieusement, je l'ai trouvé très fluide et plutôt agréable, plus par exemple que celui de Jacky Schwartzmann lu peu auparavant. Bien sûr, ce n'est pas du Simenon, mais de ce côté, rien ne m'a trop gênée. Un petit exemple de savoir-faire? Il n’y a qu’à demander :

"- Je disais donc que vous voir pratiquer un travail d'homme était fascinant.

- Vous savez, dans cette maison, y a que des femmes, alors le travail d'homme, c'est pas une nuance qu'on se permet. Y a du travail, et faut le faire, c'est tout.

Et Berthe a ponctué son raisonnement philosophique d'un coup de marteau sec sur un clou récalcitrant, faisant bondir un bout de sein hors de son corsage. Son mamelon rose est apparu brièvement, le temps pour Lucien de s'empourprer comme une tomate un jour de canicule."

Ca n’est pas comme si vous y étiez ?

 Il y a des scènes d'anthologie qu'on visualise particulièrement bien, drôles (comme la demande en mariage du dit Lucien sur un toit) ou violentes. Comme dit l'inspecteur, "Vous êtes un peu soupe au lait quand même."

 Pour la vraisemblance, toi qui entres dans ce livre, abandonne tout espoir. Bien sûr que c'est plein de raccourcis, d'exagérations et d'invraisemblances, mais personnellement, dans les polars, j'aime autant. Les récits détaillés, précis, bien sordides et bien glauques, très peu pour moi. Ca ne m'intéresse pas, j'ai déjà la réalité tout autour. Donc pas tracassée non plus de savoir si une femme de plus en plus âgée au fil du temps et des meurtres peut transporter et enterrer ses victimes dans la caves, s'il est bien normal que les disparus soient si peu recherchés ou toute autre invraisemblance. Le livre fait quand même 450 pages d"'exécutions", alors bien sûr que ça tourne au systématique et grand guignol, que c'est exagéré et que la mamie règle de plus en plus facilement tous ses problèmes à coup de fusil, mais arrivé là, le lecteur est embarqué er ricane sans plus se poser de questions.

Donc, un bon moment de détente pour qui est décidé à ne rien prendre au sérieux et pour tout dire, un joli final, assez inattendu (pour moi du moins).

978-2253241485