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12 octobre 2024

L'Hôtel des oiseaux

de Joyce Maynard

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Amelia n'a que 27 ans mais elle vient de tout perdre pour la seconde fois de sa vie. Incapable d'imaginer le reste de son existence, pour tout dire au bord du suicide, elle quitte tout à l'aveuglette sans rien emporter et se laisse mener par des rencontres de hasards qui la conduiront fort loin en cette époque de hippies et de road trips. Elle atterrit dans une espèce de bout du monde, une île volcanique où un guide de six ans lui fait prendre une chambre dans un hôtel qui est une belle bâtisse au milieu d'un parc de jardinier passionné. L’hôtel n'a que quatre chambres, mais cela s'avère bien suffisant parce qu'elle est la seule cliente. Elle s'y liera peu à peu d'amitié avec Leila, la propriétaire esthète.

Je ne vous en dirai pas plus sur ce que va vivre Amelia, mais y a-t-il meilleur lieu pour rencontrer des gens et découvrir un bout de leur vie, qu'un hôtel? Joyce Maynard sait parfaitement montrer ces nombreuses vies qui à un moment où un autre de leur parcours, font un passage par l’hôtel, tout comme elle sait décrire la population autochtone qui voit avec philosophie et détachement passer ou s'installer ces étranges gringos qui vivent selon d'autres préceptes et préoccupations qu'eux. Chacune de ces existences que nous découvrons, l'espace d'un moment, nous présente une facette possible de la vie. Elle sait aussi nous montrer l'importance de la beauté des lieux qui nous entourent, de l'adéquation et de la légitimité des activités qui occupent nos vies, ainsi que de la juste évaluation de nos besoins.

C'est aussi un livre sur la résilience, notre capacité à gérer et surmonter nos pertes, Amelia deviendra très forte à cet exercice et de la voir faire nous amènera à réfléchir à la façon dont nous le faisons, nous, tout comme la probité dont elle fait toujours preuve nous amènera à jauger la nôtre.

On est presque plus près du conte que du récit. Il ne faut pas trop se soucier de vraisemblance et de probabilité, ce qui est une optique que le lecteur peut accepter d'avoir. Cela ne m'a pas posé de problème. On peut reconnaître aussi qu'aux deux tiers du romans, la succession de clients de l’hôtel et du morceau de vie qu'ils donnent à voir, devient un peu systématique et aurait pu être moins longue, même si chacune illustre bien un thème différent. C'est pour cela qu'on accepte tout de même ce petit défaut. Peut-être Joyce Maynard a--t-elle voulu englober trop de choses et aurait-elle gagné à renoncer à quelques unes, mais l'histoire finit tout de même par repartir jusqu'à sa conclusion.

Un roman qui, comme tous les bons romans, nous parle du monde, de ses habitants, de ce qu'ils peuvent y faire et y trouver, et de nous.


Violette l’a lu, mais a été gênée par le manque de réalisme.



9782384820313