Sur la dalle
de Fred Vargas
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Sorti en 2023, ce nouvel épisode des aventures du Commissaire Adamsberg est le dixième de la série. Dix, ce serait un bon nombre pour arrêter, non ? Je revois mon enthousiasme en découvrant ce flic pratiquement à sa sortie (1991). Je me suis régalée de ses aventures, de sa tournure d’esprit et de son humanisme. On découvrait le flic anti-flic (Marleau s’annonçait). Je me précipitais sur chaque nouvelle sortie. Au fil des années, les nombres de pages sont devenus de plus en plus importants alors que mon intérêt prenait le chemin inverse. Je les lisais encore mais avec un délai de plus en plus important, lui aussi. Je ne me précipitais plus et je subissais des déceptions… et je vois bien que s’il y a un onzième, il n’est pas du tout sûr que je le lise (euphémisme).
Que se passe-t-il ? Eh bien d’abord, c’est toujours la même recette. Il y a des scènes qu’on est sûr de trouver : Début avec un sauvetage d’animal, attitude ou aspect du Commissaire qui stupéfie tout le monde. Il ne fait pourtant rien de bien extraordinaire, tarde à trouver le coupable et il y aura encore quelques malheureuses victimes avant qu’il ne mette la main sur l’assassin qui n’avait d’ailleurs plus qu’une seule proie en vue.
570 pages, c’est beaucoup, et même disons-le, c’est trop. De repas plantureux et répétitifs en promenades nonchalantes, on traverse des situations désespérées qui se résolvent d’un coup, on connaît des rebondissements invraisemblables (menottes cassées, bof, bof), on s’appuie sur des affirmations péremptoires peu étayées (un personnage est le sosie de Chateaubriand ce dont tout le monde s’extasie mais vu les portraits qu’on en a il doit y avoir plusieurs milliers d’hommes – et même quelques femmes- dans ce cas, à commencer par Souchon). On retrouve les mêmes caractéristiques des personnages que d’habitude, mais carrément poussées jusqu’à la caricature (le commissaire comme ses adjoints ou l’entourage).
Et heureusement que l’entourage d’ Adamsberg est là pour répéter à de nombreuses reprises combien ils est admirable, parce que nous, on n’y songerait pas. Son vocabulaire semble même s’appauvrir. Il a toujours eu du mal avec les mots difficiles mais là, ils n’ont même plus besoin de l’être pour qu’il s’y emmêle. Des "bulles de pensée" vaseuses font péniblement surface apportant la révélation... Bref, Adamsberg se caricature. Le Commissaire s’essouffle. Les dialogues sont affligeants voire même parfois à la limite du ridicule. Quant à l’explication de l’énigme elle-même, elle a beau être cachée derrière une autre affaire de nature moins surprenante pour embrouiller le lecteur, on ne peut pas ne pas voir qu’elle pulvérise les scores du niveau d’invraisemblance. C’est carrément une histoire à dormir debout. On a donc au final lu presque 600 pages d’un polar gentil mais très moyen (audiolu pour moi, mais quand même...), je ne pense pas le refaire.
Quant au dolmen censé inspirer Adamsberg, je ne l’ai même pas vraiment visualisé.
Par contre, les souvenirs éveillés par cette mésaventure m’ont remis en tête la série des "Évangélistes" que j’avais bien aimée aussi. J’en ai donc ressorti un des volumes et je vais voir si j’apprécie encore. Je vous parlerai bientôt.
978-2290397848