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22 juin 2021

 

A quand les bonnes nouvelles ?

de Kate Atkinson

****


Quatrième de couverture :

« Dans un coin paisible de la campagne du Devon, une petite fille de six ans, Joanna Mason, est le témoin d’un crime épouvantable. Trente ans plus tard, l’homme qui a été condamné pour ce crime sort de prison. A Edimbourg, Reggie, qui a seize ans et qui est bien plus futée que les gamines de son âge, travaille comme nounou chez un médecin, le docteur Hunter. Mais quand celle-ci disparaît, Reggie est la seule personne qui semble s’en apercevoir. En ville, l’inspecteur en chef Louise Monroe est aussi à la recherche d’une personne disparue, David Needler, sans se rendre compte qu’un de ses vieux amis – Jakson Brodie – se précipite vers elle. »

Troisième aventure de notre détective préféré, Jakson Brodie, ce volume nous le montrera marié et même mort (brièvement, ouf!) mais globalement égal à lui-même. Mais le personnage principal sera peut-être tout de même plutôt la jeune Reggie, ou même le docteur Hunter, sans parler de l’inspectrice en chef Louise Monroe. Cette abondance de personnages marquants contribue à la fois à la richesse du roman, et à sa complexité qui, pour le coup, m'a semblée un peu exagérée. Il est parfois un peu difficile de s'y retrouver parmi tous ces personnages dont on peut avoir oublié les noms et qu'on peut en conséquence, avoir un du mal à remettre en scène et le fait que deux affaires du même acabit soient mêlées n'a rien arrangé. En tout cas, c'est un problème que j'ai parfois eu. Soit dû à une trop grande complication, soit à l'insuffisance de mon attention. Le thème central ici est la violence masculine destructrice tournée contre les femmes et les enfants.

En tout cas, les aficionados retrouveront tout ce qui particularise les romans policiers de Kate Atkinson et apprécieront cette nouvelle aventure pleine de femmes résistantes et courageuses et de quelques hommes qui relèvent le niveau de leur genre, sans parler de l'inégalable Jackson.

978-2253126546

16 juin 2021

 L'homme est un dieu en ruine 

de Kate Atkinson

***


Le hasard a voulu que je lise ce roman très peu de temps après avoir lu « La séparation » de Christopher Priest et quelle n'a pas été ma surprise de constater plus que des ressemblances ! Le moins qu'on puisse dire c'est que « La séparation » (2003) et « L'homme est un dieu en ruine » (2014) ont des airs de famille, allant jusqu'à des scènes (par exemple la façon dont se constituent les équipages des bombardiers) et des relations de personnages (par exemple flirt avec l'amie de sa sœur pendant la guerre) semblables. Désireuse apparemment de remercier les auteurs sur les travaux desquels elle a appuyé son roman, K. Atkinson le fait suivre d'une liste de « sources » assez conséquente, mais C. Priest n'y apparaît pas.


Ce roman compose un diptyque avec « Une vie après l'autre » qui tournait autour d'Ursula Todd, sœur de Teddy que nous suivons ici, mais les deux sont tout à fait distincts et peuvent se lire tout à fait indépendamment l'un de l'autre. Nous suivons ici la longue vie de Teddy depuis son enfance jusqu'à son décès, rencontrant en chemin et sans ordre chronologique, les personnes dont ils sera proche, ses frère et sœur, sa femme et ses sœurs, sa fille, ses petits enfants etc. 

Une part importante du roman le suit alors qu'il était pilote de bombardier pendant la seconde guerre mondiale et qu'il aurait dû selon toute probabilité ne pas survivre à cet épisode.


 Comme d'habitude, le talent de l'auteur tient à son habileté à saisir les personnages et leur psychologie. Pas beaucoup de jugements mais beaucoup de choses très justes montrées. Il y a aussi le thème des relations familiales et de leur haut pouvoir de destruction ou de réparation, ainsi que le thème plus large de la guerre, de la nécessité tactique de l'abus de la force (écraser impitoyablement l'ennemi pour ne pas lui permettre d'en faire de même de vous) et de la culpabilité qui plus tard, ronge les survivants... Tout est bien mené mais ce n'est pas une lecture simple. Si vous avez aimé « Une vie après l'autre », vous aimerez celui-ci, mais il faut savoir qu'on n'est pas dans la même veine que les romans policiers ou amusants de l'auteur.

9782253071334 

03 mai 2021

 Trois petits tours et puis reviennent

de Kate Atkinson

***+


Un Atkinson de 2020, comment résister ? Avec Jackson Brodie, surtout.

Mais tout de même...

Je ne peux pas nier avoir été un peu déçue. C'est très planplan tout ça. Très lent. Page 120 on en est encore à présenter les très nombreux personnages et les choses n'ont pas vraiment commencé. Une affaire énorme menée par des compères aux des mentalités de petits boutiquiers, est-ce bien vraisemblable tout ça ?

Mais bon, il y a aussi le plaisir de retrouver Jackson et sa vie familiale si embrouillée (Il doit cocher « c'est compliqué » sur sa page Facebook, lui), son fils ado, ses ex, et les nombreux autres personnages qui ont des vies bien compliquées également. C'est un roman très bien construit (quoique le cliffhanger systématique à chaque fin de chapitre et avant que le suivant vous emmène tout à fait ailleurs finisse par être un peu agaçant) et qui sait donc garder ses lecteurs jusqu'au bout. C'est touffu. C'est agréable à lire. Pas de gore, alors que le sujet s'y prêtait particulièrement puisqu'il s'agit du trafic d'esclaves sexuelles. Et puis on aime toujours la philosophie un peu boiteuse de Jackson que l'on suit tout au long de cette enquête. On aura pour finir toutes les réponses à toutes les questions soulevées. C'est aussi une des qualités des romans Atkinson.

Il vaut mieux pour finir, bien aimer les chiens aussi, parce qu'il y en a beaucoup, vraiment, très différents. La plupart des personnages, bons ou méchants, en ont. Cela devient la marque de fabrique Atkinson, on dirait.

Bref, pas le meilleur Jackson Brodie, mais quand même un gros roman qu'on ne rechigne pas à lire jusqu'au bout et on sautera encore sur le suivant s'il y en a un, parce qu'on aime cette ambiance de chiens anglais, de plages frisquettes et de britisheries, sans parler du héros modeste et féministe. 


Série Jackson Brodie :

1- La Souris bleue - Case Histories (2004)

2- Les choses s'arrangent mais ça ne va pas mieux - One Good Turn : A Jolly Murder Mystery (2006)

3- À quand les bonnes nouvelles ? - When Will There Be Goods News ? (2008)

4- Parti tôt, pris mon chien - Started Early, Took my Dog (2010)

5- Trois petits tours et puis reviennent - Big Sky (2019)

978-2709666107

01 avril 2021

Parti tôt, pris mon chien 

de Kate Atkinson

****


Dans ce roman se mêlent deux histoires. L'une s'est passée en 1975 lorsque l'agent Ken Arkwright et Tracy Waterhouse « une grosse fille sans grâce qui venait de finir son année probatoire », ont découvert dans un appartement de Leeds un enfant de quatre ans à moitié mort de faim auprès du cadavre de sa mère. L'autre se passe actuellement sous nos yeux. Arkwright est en fin de carrière et Tracy est carrément à la retraite. S'étant aperçue qu'elle ne pouvait pas accepter d’être retirée des affaires, elle a rempilé comme chef de la sécurité dans un centre commercial. Elle n'a jamais trouvé l'amour, ni surtout eu d'enfant, ce qui est son grand regret. C'est toujours « une grosse fille sans grâce » "Elle avait été un gros bébé, une grosse gamine, une grosse adolescente, il y avait peu de chances pour qu'elle se transforme tout à coup en brindille après la ménopause", mais elle est devenue très dure et fait un adversaire à ne pas négliger. A l'époque actuelle, nous retrouvons aussi Jackson Brodie, qui n'est pas dans l'histoire de 1975 mais que nous avons déjà rencontré dans de précédents romans de Kate Atkinson. Lui aussi a vieilli, n'a pas trop réussi sa vie et continue sa carrière mi-détective, mi-homme de main. Actuellement il recherche les vrais parents d'une femme adoptée dans son enfance. 

Ce matin-là, en dehors de tout contrat, chacun va secourir un être en danger et le garder sous sa protection. Pour l'un ce sera un chien, pour l'autre une toute petite fille. Dans des situations souvent dramatiques ou effrayantes, le parallèle entre leurs deux nouvelles vies est amusant. Mais ces deux-là ne se rencontreront qu'aux deux tiers du livre...

Et l'histoire commence.

Ceux qui aiment Kate Atkinson (et dont je fais partie) liront ce roman comme ils liront tous les autres, pour l'humour et parce qu'ils ont tous une petite musique unique qui nous est chère. Cependant, cette fois, j'ai regretté une complexité exagérée et une confusion entretenue par la multiplicité des personnages. (Je me suis emmêlée dans les noms des flics et à la fin, c'était un beau fouillis dans ma tête. Ce n'était pas joli à voir !) Et pour finir, je ne suis pas sûre d'avoir tout compris à la chute concernant Jackson que j'ai trouvée un poil trop elliptique... 

Et pourtant, malgré ces bémols, je suis contente d'avoir lu ce nouvel opus de Kate Atkinson. Il manquait à ma collection et Tracy est tellement... Je vous laisse découvrir. Donc, à lire quand même, bien sûr. Cette K. Atkinson finira par nous faire aimer même ses défauts.

Pour le plaisir, Vieillesse:

"Jackson espérait que quelqu'un le tuerait avant qu'il n'en arrive là. Il supposait qu'il devrait se charger du boulot lui-même. Il avait l'intention de finir comme l'explorateur de l'Antarctique (...) : il se coucherait sur la glace avec une bouteille du même millésime que lui et sombrerait dans le grand sommeil. Il espérait que le réchauffement de la planète ne saboterait pas son projet."

Enfance

"La famille n'est pas toujours un environnement fantastique, surtout pour un gosse."


Série Jackson Brodie : 

1- La Souris bleue - Case Histories (2004) 

2- Les choses s'arrangent mais ça ne va pas mieux - One Good Turn : A Jolly Murder Mystery (2006)  

3- À quand les bonnes nouvelles ? - When Will There Be Goods News ? (2008)  

4- Parti tôt, pris mon chien  - Started Early, Took my Dog (2010)  

5- Trois petits tours et puis reviennent - Big Sky (2019) 

9782253161837

18 novembre 2020

 Les choses s’arrangent mais ça ne va pas mieux 

de Kate Atkinson

****
 
Il n'y a plus beaucoup de romans de Kate Atkinson que je n'aie pas lus et je viens de me faire des vacances en m'en octroyant deux de suite. C'est que Kate Atkinson est synonyme de vacances assurément.
 
   Une histoire intéressante, des personnages (nombreux toujours, parfois à la limite du trop, mais sans franchir la-dite limite) qui ne le sont pas moins, des péripéties inattendues voire improbables (là, le final est over-improbable -dans le salon de Gloria-, mais ça plait quand même), un ton d'humour à froid tout à fait drôle et du suspens tout de même; n'oublions pas le suspens, il en faut dans un polar et Atkinson ne l'oublie jamais.
 
   Nous retrouvons ici Jackson Brodie, détective découvert dans "La souris bleue" et sommes bien contents de savoir ce qu'il est devenu. Les choses se sont bien arrangées pour lui. Au début de "La souris bleue" il n'avait rien, et à la fin, tout; est-ce que cette fois, ayant tout au début, il finira sans rien? Nous verrons bien. Les deux romans sont bien des polars, pas des "fantaisies" comme a pu l'être "Sous l'aile du bizarre" et il y a donc de l'action, des mystères à résoudre, des bons et des méchants.
 
   Cette fois, je dois admettre qu'on traîne un peu. Kate prend son temps pour raconter et le rythme pourrait être un peu plus vif, mais qui s'en soucie? On a tout le temps et on est si bien dans ses pages qu'on ne rechigne pas à y rester un peu. Bref, je suis satisfaite de ma lecture. Mes prochaines vacances de lectures seront encore pour cette auteure.


978-2253121763

Série Jackson Brodie : 

1- La Souris bleue - Case Histories (2004) 

2- Les choses s'arrangent mais ça ne va pas mieux - One Good Turn : A Jolly Murder Mystery (2006)  

3- À quand les bonnes nouvelles ? - When Will There Be Goods News ? (2008)  

4- Parti tôt, pris mon chien  - Started Early, Took my Dog (2010)  

5- Trois petits tours et puis reviennent - Big Sky (2019) 

17 novembre 2020

 

La souris bleue

de Kate Atkinson

*****

  

Le livre commence par trois histoires dramatiques sans lien entre elles, si ce n'est qu'elles se soldent toutes par la mort d'un des personnages que l'auteur a eu la diabolique habileté de nous faire aimer. Le lecteur subit trois deuils en cinquante pages. Il est déjà à moitié traumatisé et se demande dans quoi il s'est embarqué...
 
   Moi, plus que tout autre puisque j'avais pris ce livre après l'amusant "Sous l’aile du bizarre" qui m'avait bien fait rire et dont j'avais adoré le style et l'humour. Celui-ci est bien différent... mais je l'ai aimé tout autant! C'est dire le talent de Kate Atkinson et l'ampleur de sa palette. La finesse et la justesse de sa psychologie des personnages! L'ambiance entre les sœurs... le père obèse, la meurtrière... Même les personnages secondaires ont de l'épaisseur, et il y a une vraie ambiance, qui vous prend tout de suite. On est souvent aussi près des larmes que du rire, comme cette scène où la vieille fille désespérée se lance à la tête du détective qui, pour le coup, n'avait rien vu venir. On souffre à la fois de sa solitude poignante et on rit de cette scène ridicule.
 
   Je lui mets 5 étoiles, parce que je ne vais pas bouder mon plaisir. Savoir si c'est de la grande littérature ou non (mais pour moi un vrai écrivain in-ven-te! Il imagine, il crée et là, on est servis). Oui, cela mérite 5 étoiles.
 
   J'apprécie toujours autant cet auteure exceptionnelle et je vais de ce pas me lancer dans un autre de ses romans, qu'il soit du même style que l'un des précédents ou encore une fois totalement différent. Je lui fais entièrement confiance. Je prends juste le temps de vous dire: si vous ne connaissez pas, essayez vite!


978-2253112129

Série Jackson Brodie : 

1- La Souris bleue - Case Histories (2004) 

2- Les choses s'arrangent mais ça ne va pas mieux - One Good Turn : A Jolly Murder Mystery (2006)  

3- À quand les bonnes nouvelles ? - When Will There Be Goods News ? (2008)  

4- Parti tôt, pris mon chien  - Started Early, Took my Dog (2010)  

5- Trois petits tours et puis reviennent - Big Sky (2019) 

16 novembre 2020

 

Une vie après l'autre

de Kate Atkinson

*****


  
Kate Atkinson continue dans ses explorations romanesques de présupposés fantastiques introduits dans un décor strictement réaliste. Elle garde d'ailleurs sa période favorite : le 20ème siècle. Par exemple, ici, Ursula Todd est une Anglaise qui nait en 1910 dans une famille aisée. Qui naît ou non, d'ailleurs, et nous allons ainsi suivre Ursula qui enchaine les existences, ponctuées de sa mort plus ou moins rapide marquée par la phrase rituelle "Et les ténèbres s'abattirent." . Les dates sont inchangées. Toute ses naissances ont lieu le 11 février 1910 et ses différentes morts s'échelonnent de cette date à plusieurs décennies après.
 
   Son environnement familial est toujours le même, et les personnages qui l'entourent, ainsi qu'elle-même, ont toujours à peu près le même caractère et la même trajectoire, mais ils ont eux aussi une espérance de vie plus ou moins longue selon l'histoire que l'on suit.
 
   Vous l'aurez peut-être remarqué, né en 1910 en Grande Bretagne, si elle ne meurt pas prématurément, Ursula va connaître deux guerres mondiales, auxquelles elle sera intimement mêlée, jusqu’à tenter de tuer Hitler dès la montée du National Socialisme, afin d'empêcher que le reste n'advienne. (Je ne trahis aucun suspens en vous disant cela, c'est la première scène du livre).
 
   J'ai trouvé l'idée tout à fait séduisante et intéressante à explorer. On est déjà, au premier degré, intéressé par les différentes existences. On reconnaît de plus en plus vite le décor, l'entourage. Il suffit de faire un peu attention à la date annoncée en tête de chapitre et on n'est pas trop perdu. Il y a des morts qui sont accidentelles et uniques et puis, il y en a d'autres qui semblent "coincées" à un nœud de l'histoire qui ne sera franchi qu'après plusieurs tentatives. C'est passionnant. Comme Ursula encore enfant, commence justement à partir d'un de ces nœuds, à garder un souvenir, elle se retrouve devant un psychiatre. Heureusement pour elle, le bonhomme est bouddhiste et donc, pas plus que ça troublé par la possibilité de réincarnations, il ne la martyrisera pas pour lui faire rejoindre l'orthodoxie.
   La vie reprenant toujours, évidemment, à ce fameux 11 février 1910, elle se déroule à peu près de la même façon, mais pas absolument, des détails varient et ils feront – ou non- la différence.
 
   J'ai vraiment passé un excellent moment avec ce roman original qui a, en plus de sa fantaisie, bien des qualités. D'abord, si vous avez peur de la mort, précipitez-vous dessus. Je vous assure qu'on s'habitue assez vite à mourir et cela ne semble plus si effroyable. Ensuite, j'aime la vision non psychanalytique des gens qu'a K. Atkinson. On cherche toujours ce qui, dans la famille, la société, ou son histoire personnelle, a pu faire que X ait tel ou tel caractère et défaut, elle non, pas du tout. Les gens sont comme ils sont. Ils naissent et meurent ainsi. Ils peuvent vivre 1000 existences, ils auront toujours cette personnalité (attachante ou rebutante). On les aime ou non en conséquence et on n'a pas à se forcer pour avoir bonne conscience. J'aime cette vision des choses. Ça repose et ça répond à toutes ces questions insolubles qui nous font perdre un temps fou et nous empêchent de progresser. -juste mon avis, on peut ne pas adhérer-. Ursula est hyper pragmatique "Ça ne sert à rien de penser, il faut juste continuer à vivre. Nous n'avons qu'une vie après tout, nous devons essayer de faire de notre mieux. Nous nous trompons toujours, mais nous devons essayer."
 
   Mon intérêt a faibli (je ne sais pas pourquoi) lors de ses séjours adolescents en Allemagne, mais s'est par contre accru lors des bombardements sur Londres. Mais globalement, ce gros roman se dévore, tellement il agite l'imagination et il est un vrai plaisir de lecture.
 
   Ursula est-elle la seule à exister sur ce mode? Peut-être, mais on l'ignore. En tout cas, elle est la seule à accorder de l'importance à ce sentiment de "déjà vu" qu'il n'est pas si rare d'éprouver. Elle finira même par se souvenir de tout, mais "finira"? pas sûr, peut-être l'histoire se poursuit-elle? Y-a-t-il une cause, un but, à tout cela ou est-ce juste une fantaisie du mode d'être?
   …

978-2253087465

15 novembre 2020

 Sous l’aile du bizarre  

de Kate Atkinson

*****


  
La narratrice habite avec son étrange mère dans une ile déserte au large de l'Ecosse. Elles entreprennent de se raconter. C'est la fille, la narratrice, qui a lancé ce thème de discussion alors qu'elles sont toutes les deux isolées sur cette île. C'est qu'elle ignore à peu près tout de sa mère, Nora, de sa propre conception, de son père et du reste de la famille. Elle espère, en lui contant sa vie à l'université, l'inciter à se livrer elle aussi. Elle utilise un ton d'humour pince sans rire que j'apprécie particulièrement et se sent d'autant moins tenue à une exacte vérité qu'elle ne pense pas que sa mère sera elle même très exacte dans ses récits par ailleurs très parcellaires et difficiles à obtenir.
 
   Ce qui m'a le plus emballée dans ce roman, c'est le ton, l'humour, les réparties. On a l'esprit toujours en éveil et le sourire aux lèvres. Exemple, entre Chick chauffeur de taxi et Terry, étudiante et passagère :
   "- On dit que tout le monde a un roman en soi, n'est-ce pas? fit alors Chick que l'idée paraissait soudain séduire.
   - Ouais, grogna Terry, et peut-être que c'est là qu'il devrait rester.
   Chick riposta par quelques mots bien sentis sur les étudiants, soulignant en particulier qu'il payait des impôts pour que nous puissions nous prélasser toute la journée, en nous vautrant dans le sexe et la drogue.
   - Ne croyez pas que je ne vous en sois pas reconnaissante, fit suavement Terry."

 
   Et, cerise sur la gâteau, cet humour est parfois bien noir: "Sur quelque remarque innocente de ma part, la mère d'Archie entreprit de me raconter l'histoire de sa vie, banale, je suppose: un cœur brisé, un enfant perdu, la mort, l'abandon, la solitude, la peur. C'était, bien sûr, la version condensée, autrement,, nous en aurions eu pour soixante-dix ans et quelques années."
 
   Les longs passages durant lesquelles c'est notre narratrice qui raconte sa vie, ont un petit côté David Lodge déjanté, car ils nous font entrer dans la vie d'une université anglaise dans une classe de création littéraire. Les profs hyper susceptibles se jalousent âprement et se méprisent mutuellement. Parmi les élèves, personne ne veut travailler, tout le monde se prend pour un génie, prend les autres pour des nuls, et vogue la galère vers la gloire qui ne peut qu'être au bout. Plusieurs sont colocataires, amis, amants, bref, se fréquentent en dehors des cours (où ils vont les moins possible d'ailleurs, car qu'ont-ils besoin de cours?!) et nous les suivons donc hors des murs académiques.
 
   Du côté de la mère, il est vraiment difficile d'obtenir un renseignement à peu près fiable, mais peu à peu, sur leur île cinglée (elle aussi) par les vents, et parmi un tas de mensonges, certaines choses se disent... et ce ne sont pas forcément les plus vraisemblables.
 
   J'ai adoré ce bouquin déjà ancien mais que je n'avais pas encore lu. Si bien que j'ai immédiatement enchainé avec un autre du même auteur.



978-2877063821