20 septembre 2025


Strange Pictures

de Uketsu

***

978-2021578102

On parle souvent de "casse-tête chinois", mais en fait, je me demande s'ils n'étaient pas plutôt japonais. Bref, la tendance nippone actuelle met sur le devant de la scène un "mystérieux auteur", Uketsu dont l’éditeur nous annonce qu’il « est l'écrivain le plus vendu au Japon, et le leader de la nouvelle vague des auteurs de thrillers et d'horreur. Artiste complet, il écrit, dessine, publie des vidéos d'horreur et de suspense et compose de la musique. On ne connaît pas sa véritable identité, il apparaît toujours vêtu de noir avec un masque blanc. »

Bon. Si vous avez vu plus haut les étoiles que je lui ai attribuées, vous aurez deviné que ce n’est pas avec moi qu’il va beaucoup gonfler ses ventes. Le coup de « l’auteur dont nul ne connaît l’identité » commence tout de même à avoir beaucoup servi et deux minutes de réflexion suffisent à savoir que cela est matériellement impossible. Alors, il faudrait songer à nous l’épargner.

Dans ce roman policier écrit en gros caractères aérés et plein de petits schémas inutiles, nous est narrée une histoire incroyablement tarabiscotée et invraisemblable. Ca démarre très fort avec deux étudiants appartenant au « cercle occulte » de leur université. (Cercle occulte!!!) Bref. L’un a montré à l’autre un blog qu’il a trouvé contenant le bref journal intime d’un certain Ren et des dessins simplistes qui lui semblent étranges. Le blogueur est un homme jeune, très amoureux de sa femme Yuku, dessinatrice, qui va bientôt donner le jour à leur premier bébé. Il publie les dessins qu’elle fait à ce moment-là, ce sont eux les « strange pictures » du titre. Il y en a trois. Tout se passe mal, Yuku meurt en couches et Ren met brutalement fin à son blog. Sauf qu’un mois après, il ajoute un petit post annonçant qu’il a percé le secret des trois dessins et compris le crime. Quel crime ??? Après s‘être beaucoup creusé la cervelle (et le lecteur aussi), les deux étudiants le découvrent eux aussi (mais pas le lecteur). Il faut dire que la façon de découvrir la signification des dessins est tellement abracadabrante qu’à part l’auteur, personne n’aurait pu y arriver. Et ça continue comme ça : complications sans fin, invraisemblances etc.

L’écriture est plate. C’est un euphémisme. Je crois que plus plate, on ne peut pas. L’organisation du récit est pire encore. On part de présupposés qui semblent évidents à tous alors qu’ils sont insensés, comme le fait qu’il est impossible de dessiner quelque chose que l’on n’a pas sous les yeux, même pour un prof de dessin et même un simple croquis. Ah bon ? Moi, là, tout de suite, je peux vous gribouiller un éléphant et je vous assure que je n’en ai pas en face de moi. De plus, on a un prof et autres dessinateurs qui, même dans les pire situations d’urgence ne peuvent pas gribouiller le moindre dessin sans tracer d’abord un quadrillage ! Les mains dans le dos ! Je rêve.

Et tout est comme ça. Parti comme on était partis, je n’ai pas été étonnée. Finalement, le coupable sera plutôt trouvé par élimination. C’est pratiquement le seul survivant.

En conclusion, il paraît que cet ouvrage atteint des ventes phénoménales. Je n’en reviens pas.

4 commentaires:

  1. J'ai tendance à me méfier de la littérature japonaise, tu m'incites à croire que j'ai raison :) Mais peut-on parler de "littérature" ici?

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    1. Des ventes faramineuses, qu'on te dit. Y a plus qu'à s'incliner 😛

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  2. J'avais adoré pour ma part, je suis complètement rentrée dans le "jeu" et je n'ai pas boudé mon plaisir.:)

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    1. Je ne l'aurais pas boudé non plus si j'en avais éprouvé :-)

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