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30 juillet 2023

L'Odyssée du Vagabond 

de Luke Rhinehart

*****

Ca y est! ILS l'ont fait! A l'horreur et à l'incrédulité générale, après une énième campagne de gesticulations, Américains et Russes se sont mutuellement bombardés atomiquement. Cela dépasse l'entendement. En quelques heures, les métropoles sont détruites, des millions de morts, l'Europe rasée au passage, le cauchemar ultime est devenu réalité et notre civilisation a pris fin malgré quelques soubresauts et même si la quasi totalité des survivants ne peut l'envisager et encore moins l'admettre. L'armée continue à mobiliser et à réquisitionner, on organise des camps de réfugiés mais la vérité est que tout le monde est réfugié, qu'on meurt aussi bien dans ces camps qu'à l’extérieur et qu'une bonne part des derniers décès est due au fait que les gens s'entretuent. Une théorie court qu’à ce jeu-là, les Américains se seront décimés avant les autres car ils sont tous armés… L'humain tient à être égal à lui-même jusqu'au bout et le bout, on y arrive.

Au moment où les premières bombes ont explosé, Neil, skipper expérimenté et ami de Franck, propriétaire du bateau, ramenait justement au port son trimaran haut de gamme en vue d'un départ imminent en croisière. Ils devaient prendre une autre amie, Jeanne, avec sa fille et son jeune fils mais sans son mari. Jim, le fils de Franck, est déjà à bord. Ils veulent s'empresser de prendre le large devant l'avancée du nuage toxique, mais parvenir tous à bord n'est déjà pas une mince affaire.

Luke Rhinehart étant redevenu à la mode depuis quelques années, on vient de rééditer "L'odyssée du vagabond" dans une nouvelle traduction. La quatrième de couverture actuelle, avec cette moderne perte du sens des mots à laquelle je ne m'habitue pas, parle d'holocauste. Le mot ne convient pas. Mais bref, que vous lisiez l'ancienne ou la nouvelle version, vous aurez entre les mains une uchronie remarquable et parfaitement menée. Ce n'était pas facile vu l'ampleur du sujet.

Sous la plume de L. Rhinehart, on assiste avec beaucoup de vraisemblance à l'évolution de la situation, de la sidération incrédule du départ à la prise de conscience progressive mais avec toujours un coup de retard par les survivants de l'ampleur de la perte et de l’évolution la plus probable. C'est au-delà de ce que leur esprit (et le nôtre) veut bien concevoir. L'auteur mène cela avec une maîtrise absolue du récit qui fait progresser la situation avec logique et justesse tant sur le plan de la psychologie des personnages (tant individuelle qu'en foule) que sur l'évolution objective de la situation. C'était loin d'être garanti et c'est vraiment réussi, même si la fin... mais bon.

978-2373056549



04 juillet 2023

 LECTURE COMMUNE 

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Règle du jeu : (clic)

Luke Rhinehart étant redevenu à la mode, on vient de rééditer "L'odyssée du vagabond" dans une nouvelle traduction. Que vous lisiez l'ancienne ou la nouvelle (dont l'illustration de couverture n'a pas beaucoup de sens), si vous mettez votre commentaire de lecture en ligne sur votre blog ou votre page le 30/07 en mettant les liens vers les billets des autres participants, dites-le nous ici, ils feront pareil pour vous et cela vous vaudra quelques visites
😊




26 avril 2022

Vent blanc, noir cavalier  

de Luke Rhinehart

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Ayant déjà lu deux ou trois romans de Luke Rhinehart que j'avais beaucoup aimés, je ne m'attendais pas à ce qui m'est arrivé avec celui-ci : je me suis ennuyée, et il m'a même fallu faire un effort pour aller jusqu’au bout. La quatrième de couverture nous cite une phrase du London Sunday Telegraph qui qualifie le livre de « souvent hilarant » et là, garanti, je n'ai pas ri une seule fois. Rarement souri. Elle évoque aussi « les sept samouraïs » et à part le fait qu'il y a des samouraïs dans l'histoire (et pas dans les rôles de héros), je ne vois pas le moindre rapport. Je dois être mauvais public. Ou alors les quatrièmes de couverture aiment bien dire n'importe quoi du moment qu'elles peuvent y caser une référence flatteuse et un titre accrocheur.

Ce roman est le second livre publié de Luke Rhinehart (1975) mais il n'a pas été édité en français avant 2021, soit, après sa mort, alors qu'il n'y a par exemple eu que deux ans entre les éditions américaines et françaises de l'excellent « Invasion ». Je ne suis peut-être pas la seule à avoir trouvé celui-ci bien moins intéressant. Mais le nom de Rhinehart fait vendre, la preuve, je l'ai acheté, alors on finit par publier.

Bon, donc, deux poètes dont l'un est poète de cour et ripailleur et l'autre moine poète, se rencontrent par hasard à une halte, alors qu'ils traversent sous la neige une montagne inhospitalière. Ils se connaissaient déjà auparavant et sont plutôt amis. Ils passent la soirée à deviser et s'endorment, mais au matin, une troisième personne est là. C'est la magnifique Matari, dont tous les hommes tombent irrémédiablement amoureux au premier regard et dont le cheval épuisé est mort à la porte. Elle se joint à eux. Hélas, la belle dame est poursuivie par le seigneur Arishi qui a juré de la tuer, bien qu'il soit comme les autres, fou amoureux d'elle. Une poursuite s'engage, qui vivra, qui mourra ? Vous ne le saurez que 270 pages plus tard, et ça m'a paru bien long malgré toute la sympathie que je peux avoir pour Luke Rhinehart et la philosophie zen. Peut-être que quelqu'un aimant les histoires d'amour apprécierait mieux ce roman. Ou alors quelqu'un que les états d'âme des samouraïs passionnent... Moi, je suis passée à côté.


 978-2373050646

  


25 février 2022

Invasion

de Luke Rhinehart


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Billy Morton est patron pêcheur à Long Island. Sur son vieux rafiot et aidé de deux matelots pas trop performants, il gagne de quoi faire vivre sa petite famille car, s'il a dépassé les soixante-dix ans, Billy n'en a pas moins épousé une femme bien plus jeune avec laquelle il a eu deux enfants. Les Morton coulent des jours paisibles. Mais la vie de Billy n'a pas toujours été paisible. Américain de base, convaincu des valeurs de la mère patrie, il est parti au Vietnam quasiment la fleur au fusil. C’était il y a bien longtemps, bien longtemps donc que ses yeux se sont décillés sur l'impérialisme de son pays et le capitalisme qui exploite les millions de gens comme lui. Après le Vietnam, il y a eu beaucoup de manifs, de revendications, de drogues, d’alcool et de filles et puis, cela aussi a passé et il est resté un vieux philosophe à la lucidité et au sens critique aiguisés, retiré au bord de la mer et vivant de sa pêche.

Mais voilà qu'un jour, à l'heure de rentrer au port, un étrange ballon de fourrure saute sur le bateau et y revient aussitôt quand les matelots le jugeant non comestible, le rejettent à la mer. Comme il est impossible de s'en débarrasser, les marins choisissent de l'ignorer. Une fois rentrés au port, les matelots s'en vont et Billy également mais le ballon le suit et monte avec lui dans sa camionnette. C'est ainsi que débutent les relations entre la famille Morton et un extraterrestre qu'ils vont baptiser Louie. Louie semble n'avoir qu'une occupation et qu'un but dans la vie : jouer. Option pas prévue par les pontes du Pentagone... Je vous laisse découvrir la suite des évènements qui nous est racontée par des extraits du récit qu'en fera Billy Morton intercalés entre des extraits tirés de « L'Histoire officielle de l'invasion des Extraterrestres » en plusieurs volumes.

Ce roman est un pur régal. D'abord, on ne s'y ennuie pas une seconde avec ces E.T aux réactions complètement imprévisibles ; ensuite, Rhinehart n'a pas son pareil pour utiliser cette trame pour démonter le fonctionnement mortifère de son pays. On se régale d'autant plus qu'il a choisi de le faire par l'humour et non par la charge. C'est bien plus efficace et tout aussi assassin, plus, sans doute même. Le ton aussi, qui est la façon dont Billy s'exprime et raconte, est on ne peut plus jubilatoire. Il se révèle être un homme extrêmement sympathique (à mes yeux, du moins),

"Avec les années, je me suis rendu compte que pour tous les êtres humains, avoir raison, c'est une mauvaise stratégie.Plus je suis convaincu d'avoir raison, plus je rends les autres autour de moi malheureux, plus je me rends moi-même malheureux. Si j'aime bien débiter des conneries, c'est que justement, pendant que je les radote, il n'y a aucune chance que je m'imagine avoir raison."

plein d'humour

« Pour une fois, c'était moi qui ne disais rien,. J'avais besoin d'un petit moment pour organiser mes idées. Ce qui aurait pu prendre plusieurs heures, si j'avais beaucoup d'idées à organiser, mais heureusement j'en avais que deux ou trois alors j'ai tout réglé en moins de huit secondes. »

et de ressources et n'ayant pas froid aux yeux (sans parler de son impitoyable lucidité). Quant aux ballons de fourrures, quels lanceurs d'alertes! Ou plutôt, ils en serianet s'ils ne préféraient pas aller jouer.

« Et votre univers est seulement le deuxième où on a trouvé des créatures ayant développé des armes capables d'anéantir presque toute vie sur leur planète, tout en ayant une intelligence tellement sous-développée qu'elles songent à utiliser ces armes. »

Croyez-moi, vous ne pouvez pas vous dispenser de cette lecture et je laisserai le mot de la fin aux E.T. :

"Si les êtres humains pouvaient juste laisser tomber cette idée d'être le centre de tout, à la fois en tant qu'individu et en tant qu'espèce, vous seriez guéris. Vous seriez enfin unis par l'envie de vivre, d'apprécier la vie, comme toutes ces créatures que nous pouvons voir jouer autour de nous. Mais non. Il y a trois ou quatre mille ans, pour je ne sais trop quelle raison, vous avez décidé que vous étiez le peuple de Dieu, que vous étiez le centre de la création.

Et les résultats sont désastreux."


PS : En cours de route, une petite allusion masquée à l'homme-dé que je vous laisse découvrir.





26 août 2021

 L'homme-dé  

de Georges Cockcroft alias Luke Rhinehart

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  « L'homme-dé » est un roman écrit en 1971 par l'écrivain américain Georges Cockcroft. Pour des raisons commerciales, son éditeur et lui-même ont choisi de donner à l'auteur le nom du personnage principal comme pseudonyme et de présenter le récit comme « semi-autobiographique », ce qu'il n'était guère mais qui a beaucoup augmenté son impact sur l'esprit de ses lecteurs, surtout dans les années 70, grandes chercheuses de modes de vie alternatifs.

 Donc, Luke Rhinehart, psychiatre bien installé bien que peu convaincu par son métier (Georges Cockcroft quant à lui était professeur d'anglais), s'ennuie dans sa vie familiale et professionnelle trop confortable. Il sent qu'il perd son appétit de vivre. Faute de préférence, pour pimenter sa vie et aussi pour se donner un prétexte pour céder à ses pulsions, il décide un jour de tirer aux dés ce qu'il va faire. Cantonnés au début à des choix secondaires, ces choix de hasard vont se systématiser et englober bientôt également les décisions les plus importantes. Cette expérimentation ludique prenant de l'ampleur, Rhinehart devient bientôt un personnage ingérable et totalement imprévisible, y compris pour lui-même. Il fait également des émules et les dés deviennent un choix de vie malgré les dangers qu'il représentent pour la personne et/ou son entourage.

 Comme on le voit, l'idée en soi est très originale et a beaucoup séduit à l'époque. Elle était vraiment dans l'air du temps et poussait certains raisonnements audacieux à leurs limites en en montrant une sorte d'expérimentation virtuelle. Cela n'est plus aussi fascinant aujourd'hui. De même l'époque de la révolution sexuelle, nous vaut de très, très, trop, nombreuses scènes de sexe qui ne sont plus transgressives pour le lecteur actuel qui se lasse bientôt de les suivre en détail (du moins, c'est l'effet que cela m'a fait), mais c'était l'époque où Portnoy avait son complexe...

Mon bilan personnel est que j'ai lu les pages de ce roman parfois avec intérêt mais sans jamais me passionner vraiment, contrairement à ce à quoi je m'attendais. Il m'a semblé que le récit, malgré toutes les possibilités ouvertes en permanence, manquait un peu de nerf. Et vers la fin, j'avais carrément hâte que cela se termine. Attention ! Ce n'est pas un mauvais livre et je lui mets 4 étoiles. Il y a beaucoup d'idées originales et intéressantes. C'est un coup de la malédiction habituelle des « livres-cultes ». Il faut les considérer dans leur contexte.


Extrait:

"Comme tout Américain digne de ce nom, j'ai une envie irrépressible de tuer. Pendant presque toute ma vie adulte, j'ai trimballé avec moi, comme une sorte de ballon de baudruche instantanément gonflable, une agressivité sans objet, un registre imaginaire de meurtres, de guerres, de pestes, auquel je faisais référence quand la vie devenait difficile (...)"


Éditeur ‏ : ‎ HarperCollins Publishers Ltd; 50th Anniversary edition (1 novembre 1999)
Broché ‏ : ‎ 560 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 0006513905