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26 juillet 2025

 Les fantômes de l'hôtel Jérôme

de John Irving

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978-2021528626


Je pensais qu'il n'y aurait peut-être pas d'autres romans de John Irving, qui commence tout de même à prendre de l'âge. Allait-il comme Roth se mettre à la retraite? Et puis les Fantômes ont débarqué de l’Hôtel Jérôme!  Et le voici avec un nouveau titre et d’environ 1000 pages! Pas le meilleur, je vous l'accorde, peut-être même le moins bon,  mais du Irving quand même. La saga d'une famille sur 70 ans où l’on retrouvera tous ses thèmes habituels, mais comme poussés plus loin. Parfois on pourrait même dire, jusqu’à la caricature. Et s’y ajoute une étrange touche surnaturelle (les fantômes du titre) qu’on appréciera ou pas. Il y a une bonne part d'autobiographie dans ce roman, même s'il ne faut peut-être pas la chercher dans les événements. Elle est dans le décor et les personnages. Il dit en interview qu’il l’a écrit pendant la pandémie et que ce gros roman a été très facile à écrire parce qu’il n’a eu aucun travail de recherche ou de documentation à faire, il a utilisé ce qu’il connaissait. Mais en même temps, il a inventé. Ce n’est en aucun cas de l’autofiction, qu’il méprise, d’ailleurs

« Dans les années 70, l’autofiction ne faisait pas l’objet d’un culte ; les Mémoires n’avaient pas remplacé l’imagination. »

Cher John !

Prenons l’exemple de Moby Dick. Lui, l’a lu à 17 ans et subjugué, cela a définitivement ancré sa détermination à devenir écrivain. Ici, le narrateur est élevé avec depuis son plus jeune age car c’est le récit qu’on lui lit quotidiennement et sur lequel son imaginaire se fonde et prend racine. Dans les deux cas, importance fondamentale de Moby Dick dans sa vie intellectuelle, mais dans les deux cas, des circonstances totalement différentes. Tout le livre est comme ça.

Ceci dit, si ça n’avait pas été un roman d’Irving, jamais je ne l’aurais lu de bout en bout. Je le trouve déséquilibré, avec beaucoup de scènes répétitives (surtout les scabreuses, pour bien faire). Il y a bien sûr des scènes comme lui seul sait les écrire et qui resteront longtemps dans ma mémoire, mais il y a aussi des passages que j’ai trouvés... regrettables. Il y a des parti pris que j’ai trouvés ridicules, comme ce personnage qui décide de ne plus dire un mot et qui s’exprime toute sa vie par le mime. J’ai trouvé ça grotesque et ridicule  et je l’ai rapidement pris en grippe (dans la vraie vie, je lui aurais tourné le dos dès les premiers gestes de ses pantomimes) et malheureusement pour moi, Irving l’adore au contraire et elle va devenir centrale et nous ne la quitterons plus. Il a bien fallu que je la supporte. Je me suis aussi quasi immédiatement lassée des grotesques expériences sexuelles du narrateur, inefficaces, catastrophiques et publiques… C’est apparemment l’humour d’Irving mais hélas pas le mien. J’ai réalisé à quel point il est américain, même si c’est américano-canadien qu’on doit dire.

En résumé, un énorme pavé que j’estime réservé aux fans et connaisseurs de l’auteur. Je déconseillerais tout à fait à quiconque de tenter de le découvrir en commençant par «Les fantômes». Inversement, si vous êtes fan et connaisseur d’Irving, eh bien je vous dirais que vous ne pouvez pas vous en dispenser. C’est quand même bien un vrai roman du Maître. Il est bien fidèle à son style et à son esprit. Il nous en apprend énormément sur lui, par ce qu’il dit et ce qu’on devine ou comprend… Je ne regrette pas le temps que j’y ai passé même si j’ai pas mal ronchonné ce faisant.

Et n’oubliez pas :

« Elle répétait (…) que la liberté religieuse n’était pas à sens unique. Nous avions le droit de pratiquer la religion de notre choix, mais nous étions aussi en droit d’empêcher toute religion de s’imposer à nous. »


992p