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21 décembre 2025

Combats et métamorphoses d'une femme

d’Édouard Louis

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978-2757894729


Quatrième de couverture de l’auteur lui-même :

« Pendant une grande partie de sa vie ma mère a vécu dans la pauvreté et la nécessité, à l’écart de tout, écrasée et parfois même humiliée par la violence masculine. Son existence semblait délimitée pour toujours par cette double domination, la domination de classe et celle liée à sa condition de femme. Pourtant, un jour, à quarante-cinq ans, elle s’est révoltée contre cette vie, elle a fui et petit à petit elle a constitué sa liberté. Ce livre est l’histoire de cette métamorphose. »

Si je vous disais que je n’avais encore jamais lu Edouard Louis ? Je me disais que je le lirais sans doute un jour, mais qu’il n’y avait pas urgence. Je ne me précipite pas sur les auto-récits car en général, je les apprécie peu. Si bien que je n’ai même pas lu « En finir avec Eddy Bellegueule » malgré tout le battage dont il a bénéficié. Mais j’ai suffisamment entendu parler du personnage pour ne pas être totalement perdue dans ce récit sur sa mère. A vrai dire, je ne m’attendais pas à être emballée… mais je l’ai été.

L’histoire de cette métamorphose donc, Edouard Louis choisit de la raconter sous forme de brèves scènes qu’il pioche dans son souvenir, dans une chronologie pas très stricte. Il raconte le souvenir de manière vivante et immédiate, très agréable à lire pour le lecteur, puis lui ajoute son interprétation de l’époque (il était enfant) et/ou son interprétation actuelle. Il voit tout sous les prismes multiples, personnels, sociaux en terme de riches/pauvreté, et de domination de genre. On voit que dans ces deux domaines, il est, de fait, « hors gabarit » : issu d’un milieu très pauvre, il accède à l’aisance, et il n’a jamais convenu aux classements hommes/femmes. Ce qui m’a séduite dans ce livre, c’est justement cet automatisme à chaque souvenir, de reculer d’un pas et de comprendre ce qui se joue vraiment derrière l’anecdotique et avec quelles règles. Il aborde ainsi d’assez nombreux problèmes. Il ne cherche jamais à se donner le beau rôle, ni à sa mère d’ailleurs : il se contente de livrer son souvenir puis de l’analyser. Il ne prétend évidemment jamais à l’exhaustivité. Il dit. à hauteur de gamin, puis de jeune, puis d’adulte et toujours, il essaie de comprendre au-delà des relations individuelles immédiates. On ne peut pas le lire sans penser à Didier Eribon. A croire que les histoires individuelles n’existent pas. Nous sommes le fruit du déterminisme social. Quoi qu’il nous soit arrivé, c’est arrivé aussi à d’autres que nous.

Cependant, l’effet obtenu reste optimiste parce qu’en même temps que l’auteur montre le conditionnement qui appuie sur la tête des défavorisés, il montre qu’on peut s’en sortir; et aussi parce que globalement sa personnalité est positive.

A la suite de ce premier essai, j’ai décidé de lire les autres livres d’Édouard Louis, dans l’ordre:

En finir avec Eddy Bellegueule

Histoire de la violence

Qui a tué mon père

Combats et métamorphoses d'une femme

Changer : méthode

Monique s'évade

L'effondrement

(et ce qui tombe drôlement bien, c’est que plusieurs, à commencer par celui-ci, sont des Gravillons.)  

 128 pages