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29 juin 2024

Americana 

(ou comment j'ai renoncé à mon rêve américain)

de Luke Healy

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Luke Healy, Irlandais, a toujours voulu vivre aux États Unis. Il a obtenu ou pas, selon les années des visas pour y passer des périodes d'études et son projet initial était de s'y installer et rejoindre la cohorte des Irlandais partis se faire une nouvelle vie "en Amérique". Mais Luke est un artiste. Plus précisément, il travaille dans la bande dessinée et on dirait que les USA ne recherchent pas particulièrement des immigrants dans cette branche, si bien qu'après plusieurs déceptions, il commence à envisager de renoncer à son projet, mais auparavant, il voudrait accomplir un dernier exploit: réussir le Pacific Crest Trail qui va du Mexique au Canada « en traversant 25 parc nationaux ».

"Le Pacific Trail traverse des déserts arides, des sommets enneigés, des forêts quasi tropicales et sillonne les Etats de Californie, d'Oregon et de Washington.   


Exploit sportif considérable alors que Luke n'est pas spécialement sportif, exploit humain personnel car il s'y engage seul et que c'est seul qu'il devra affronter ces heures, jours et semaines de marche difficile, ces nuits sous la tente, ces bivouacs sous la pluie et les éventuels coups durs (comme la visite d’un ours). Luke n'est même pas un campeur expérimenté. Il finit de nombreuses nuits sous une tente effondrée car nous sommes avant l'invention des tentes-parapluies et il s'avère que notre randonneur ne sait même pas fixer une tente correctement. Au début, il n'est même pas un très bon marcheur. En clair, notre héros manque d’entraînement, "Il n'y a pas de déserts en Irlande".

Sur le chemin du trail, on rencontre assez souvent d'autres randonneurs avec lesquels on discute, on échange des informations, des conseils, d'autant que certains n'en sont pas à leur premier passage, on se lie d'amitié. Des groupes se forment mais ils sont éphémères car c'est une marche que chacun doit faire à son rythme. Luke est lent, de toute façon, il ne peut rester longtemps avec aucun groupe. Tous échangent néanmoins camaraderie, solidarité, partage et soutien mutuel bien que chacun se doive d'être autonome. Ils se retrouveront plus loin ou non. Peut-être à l'occasion d'une halte dans une bourgade, McDo, motel... Beaucoup abandonneront à un moment où à un autre du parcours, que cela soit prévu ou non. Pour Luke, je vous laisse le découvrir vous même.

Voici le départ: "Une centaine de personnes seulement parviennent chaque année à boucler le PCT*. Entre le kilométrage monstrueux et la fenêtre météo extrêmement réduite, ce trek est impitoyable. Je triture encore mon sac à dos comme si je n'avais pas passé les deux derniers jours à vérifier son contenu. Au nord, je devine l'étendue du désert derrière les collines environnantes. Cette langue de terre américaine sera mon foyer pour les cinq prochains mois. Le compte à rebours a déjà commencé, mieux vaut ne pas y penser." D'autant que dans cinq mois, son visa aussi arrivera à expiration et que, parcours terminé ou non, réussi ou non, il devra quitter les USA sans aucune prolongation possible.

Mi-pages de lecture, mi-bande dessinée comme on le voit ici :

avec un dessin et un choix graphique parfaitement adaptés et un personnage (l'auteur) que j'ai trouvé particulièrement attachant, « Americana » est toujours agréable à lire et constitue un vraiment excellent récit de trail, une expérience de vie, l’occasion d’un bilan et un tournant dans la vie du narrateur tant il est vrai que la marche y est propice, alors 4000 km, vous pensez !

978-2203211933