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04 avril 2023

Le chien de Madame Halberstadt 

de Stéphane Carlier

*

Avant d'avoir lu la moindre ligne de lui, je me faisais de Stéphane Carlier l'image d'un auteur facile pour lecteurs à la recherche de divertissement et de détente sans aucun risque de perturber leur transit intellectuel; et puis il y a eu "Clara lit Proust" que j'ai vu passer sur la majorité de s blogs de lectrices avec un assez bon indice de satisfaction. J'ai donc fini par aller voir par moi-même et en effet, sans être lui-même un ouvrage littéraire, ce roman parlait agréablement de littérature et vous laissait avec le fort désir de dévorer ou redévorer La Recherche, ce qui était une grosse qualité. Je me suis alors dit que ce n'était pas bien de juger les gens que l'on n'a pas lu et que j'avais été injuste avec ce Monsieur Carlier. Prise d'un désir de me racheter, j'ai attrapé le premier autre livre de lui que j'ai trouvé, à savoir ce malheureux chien de Madame Halberstadt.

... !!! ... etc.

Consternation.

Un petit roman absolument sans intérêt qui raconte l'histoire d'un auteur sans inspiration (alter ego de l'auteur?) qui s'est imaginé on ne sait pourquoi qu'il devait écrire des livres et qui depuis se noie dans son impuissance pleurnicharde en espérant un miracle qui surviendra finalement en la personne d'un carlin magique. Je vous ai dit que ça ne volait pas haut. Ca va comme ça cahin-caha sur presque 200 pages quand même, sans beaucoup d'histoire, ni de style, d'enjeu, ni de profondeur psychologique et ça finit par une chute absolument détestable qui laisse le lecteur (déjà passablement éprouvé) sans voix, mais très réprobateur.

Bref, après sa petite promenade hygiénique, le chien de Madame Halberstadt m'a ramenée exactement là où j'étais avant d'avoir lu la moindre ligne de Stéphane Carlier. Finalement, on n'arrive pas si mal à savoir à qui l'on a affaire sans devoir en lire les œuvres complètes.

978-2370552303




26 janvier 2023

Clara lit Proust

de Stéphane Carlier

***+


Je me suis retrouvée à lire ce roman qui a connu un joli succès à la rentrée littéraire 2022, sans l'avoir vraiment décidé. Il était là, disponible, je n'arrêtais pas de lire des billets le concernant et ils étaient généralement plutôt élogieux, alors... qui suis-je pour tenter de résister à la tentation? C'était la première fois que je lisais cet auteur. Mais ce ne sera pas la dernière, j'ai prévu d'en lire un autre (déjà acheté) que je garde pour un jour où j'aurai besoin de légèreté. Mais revenons à notre Clara.

Vous connaissez sûrement déjà les grandes lignes, Clara, gentille fille, coiffeuse, amoureuse, mais pas trop, trouve au fond, mais sans y avoir vraiment bien réfléchi, sa vie un peu ennuyeuse et décevante. Voilà qu'un jour, un client de passage oublie dans le salon, un livre que Clara va "embarquer" sans bien savoir pourquoi, oublier dans un coin chez elle, puis finalement lire quand même. Et là, c'est la révélation. Elle s'ouvre au monde proustien et découvre que "La Recherche", c'est elle. (Oui, ça ne le fait pas que avec Mme Bovary) . Une chose en entraînant une autre, l’œuvre de Marcel colonise de plus en plus la vie de Clara, puis la transforme radicalement.

"Puis, à la faveur d’un après-midi dominical où il était question qu'elle retrouve ses parents à l'expo Lavoirs de Bourgogne au Musée de la Photo, elle décide de rester chez elle où elle rouvre "le coté de Guermantes" et Marcel fait son come back. Son intelligence lumineuse, sa finesse lui reviennent, elle se demande comment elle a pu faire sans et se met à lire avidement. Ces pages ont un pouvoir consolateur équivalent, voire supérieur à celui du soleil ou du chocolat et elle s'en enfile cent cinquante en trois jours."

Cela se lit avec intérêt et sympathie Ce n'est pas du tout la guimauve peu crédible que, je l'avoue, je craignais un peu avant de me lancer. C'est aussi une lecture qui fait du bien, qui ranime notre foi en la littérature et redonne le moral. Un seul gros défaut, vous ne pouvez pas le finir sans être habitée par une grosse envie de lire (ou relire) TOUTE la Recherche, de la première à la dernière ligne. Donc, si comme moi, vous avez déjà une PAL déraisonnable, vous êtes ben embêté (surtout si en plus dans la foulée, vous achetez un autre Stéphane Carlier).


Extrait :

"Se peut-il que tout ne soit chez l'homme que mensonge, hypocrisie, médiocrité? Que la vie ne soit qu'une comédie des apparences à peine plus plaisante qu'n reflux gastrique? Que rien ne soit jamais à la hauteur du désir qui le précède? Que le seul salut possible, la seule expérience envisageable de bonheur se trouve dans les œuvres d'art?"

978-2072991301