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18 décembre 2025

Pino L'I.A. Émotionnelle

de Takashi Murakami

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978-2811674809

"Pino" est un manga et ordinairement je ne lis pas de manga. Je n’en lis pas en premier lieu parce que je n’apprécie pas la façon dont les mangakas dessinent. Cette fois, cependant, je me suis laissé tenter par le billet de Fanja car le thème m’intéressait beaucoup : Les IA peuvent-elles avoir des sentiments ? Vaste sujet. 

En ce qui concerne le graphisme, je n’ai d’ailleurs pas trop à me plaindre. Il est bien un peu figé sur les personnages (surtout ce pauvre M. Iwata) mais, quand on voit les décors, ceux-ci compensent. C’est également la première fois que je lis plus de 300 pages imprimées de droite à gauche, tant pour les pages que pour les lignes et on ne peut pas dire que j’aie apprécié. Quand on interroge sur ce point les fans européens de mangas, ils vous répondent doctement que c’est parce que les textes asiatiques se lisent dans ce sens mais c’est une blague. Pourquoi dans ce cas, imprimer les romans asiatiques ou arabes dans le sens européen de lecture ? Fanja m'explique que pour ce faire, il faudrait inverser les dessins, ce qui est gênant d'un point de vue artistique. 

Voici l’histoire : Dans une époque future, les laboratoires pharmaceutiques pratiquent encore l’expérimentation animale. Ils n’en ont pas vraiment besoin et cela ne leur apporte quasiment aucun avantage, mais "quasiment aucun" n’est pas zéro, et comme ils n’ont pas d’éthique, ils pratiquent. Pour résoudre un peu tous les problèmes qui pourraient se poser, ils les font gérer par un petit robot androïde qui, scellé dans un laboratoire isolé, reste dans sa bulle. Il est conçu pour faire naître, soigner et pratiquer des expériences sur les animaux. Choses qu’il fait parfaitement. Ces androïdes sont appelés PINO. On leur a donné une apparence proche de celle d’un enfant pour des raisons techniques et psychologiques. Un jour, la loi change et toute expérimentation animale est interdite, aussi le groupe pharmaceutique décide-t-il de détruire totalement son laboratoire. PINO est chargé de le faire.

...


Des années plus tard, des PINO sont encore utilisés. C’est la génération 3. Ils sont tout particulièrement dédiés à des tâches de soins aux humains, aux animaux ou aux plantes, mais d’autres peuvent par exemple faire du déminage ou de l’enseignement. Ils sont très efficaces. Nous allons suivre l’un de ces nouveaux PINO qui tient auprès d’une vieille dame sénile, le rôle du petit garçon qu’elle a perdu des décennies plus tôt et qu’elle croit voir en lui. Il est en fait son soignant et son auxiliaire de vie. Nous sommes dans un quartier particulièrement pauvre d’un monde très abîmé. Par ailleurs, nous faisons la connaissance de M. Iwata qui avait fait une enquête sur la destruction du labo pharmaceutique et était parvenu à la conclusion que les problèmes avaient été dus au fait que ce PINO 1ère génération avait éprouvé une émotion. Cette expertise réputée invraisemblable, lui avait immédiatement valu de perdre son emploi. Maintenant chômeur, il poursuit cependant ses recherches pour confirmer ou infirmer que les PINO peuvent éprouver des sentiments. C’est ce que ce manga nous raconte.


Comment tout cela finira-t-il ? Et surtout, quelle est exactement notre position vis-à-vis des I.A, émotionnelles ou non ? Que peuvent-ils pu ne peuvent-ils pas faire, être, apporter ? Sont-ils un plus ou un moins pour nous ? Nous, qui sommes à coup sûrs des êtres émotionnels, nous y attachons nous comme à un moulin à café ou comme à un être ? Vous savez, nous, les humains qui avons toujours donné des petits noms à nos voitures ?

Une phrase est à la mode en ce moment. Elle est du poète Pierre Reverdy : "Il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour", mais alors, si un robot donnait des preuves d’amour, qu’en serait-il ?

Et d'abord, que sont exactement les sentiments ?

12 novembre 2025

Zem

de Laurent Gaudé

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978-2330140946


Moitié polar moitié science fiction dystopique, ce roman est la suite de «Chien 51». Nous retrouvons Zem Sparak ainsi que l’inspectrice Salia Malberg, tous deux à moitié détruits mais toujours debout. Salia poursuit sa carrière dans la police tandis que Zem est devenu le garde du corps personnel de Barsok, un des hommes à la tête du pouvoir chez Goldtex. Les conditions de vie sont de plus en plus difficiles pour tous les cilariés maintenant que la pénurie d’eau s’est installée, mais la classe dominante de la zone 1 n’envisage pas de se priver le moins du monde. L’important, c’est le mélange de force coercitive et de distraction qui maintient le peuple dans la soumission. Aussi Barsok a-t-il lancé des «Grands Travaux» qui occupent les gens et promettent des améliorations.

En attendant, l’actualité du jour est l’arrivée au port d’un cargo chasseur d’icebergs traînant une prise rare qui permettra la mise en bouteille de milliers de bouteilles d’une eau (enfin) pure datant de l’ère glaciaire et ne contenant donc aucune pollution. Evidemment ces bouteilles se vendront hors de prix et peu nombreux seront les futurs propriétaires. Mais tout est déjà vendu alors que dans les rues, la foule se précipite pour gober les gouttes d’une des trop rares averses…

Alors que Zem accompagne Barsok sur le port pour la cérémonie d’arrivée de l’iceberg, Salia débarque car elle a reçu une information disant que quelque chose d’anormal allait se passer pendant cet événement, et c’est bien ce qui se produit en effet. Un porte-conteneurs fonce dans la foule. A l'intérieur du conteneur, cinq cadavres dans un état anormal. Salia en tant qu’inspectrice chargée de l’enquête et Zem en tant que représentant de Barsok se trouvent alors à nouveau réunis pour une enquête plus définitive que la première.

Il y a de l’action, une tension qui ne se relâche jamais, des surprises, un univers poignant, une peinture sociétale et une projection dystopique très pessimiste (mais ceux qui en proposent une optimiste deviennent rarissimes). Peut-on résister dans un monde hyper surveillé et contrôlé? L'état est si puissant, l'individu si faible... Zem et Salia incarnent-ils l’espoir ? Vous le saurez en découvrant leurs aventures.


PS : ici encore, un des «personnages» est un robot doté d'une IA. C'est le cas dans beaucoup des romans que je lis maintenant. Les écrivains au moins ne sont pas comme les hommes politiques, à se demander encore si on va autoriser ceci ou interdire cela. Ils savent que cela fait un moment que le problème ne se pose plus en ces termes. 

Extrait:

(Elle demande au robot quelque chose qui va à l'encontre de sa programmation)

" - Je le ferai

- Merci

D'où viennent ces mots? Elle ne saurait le dire. Existe-t-elle vraiment, cette conscience de machine? De quelle nature est leur amitié? Est-ce un dysfonctionnement, une sorte d'accident de programmation ou, au contraire, le stade ultime du progrès? Elle l'ignore - comme elle ignore pourquoi Motus a décidé d'être avec elle, pleinement, totalement."


11 octobre 2025

Journal d'un AssaSynth T 3 et T4

Cheval de Troie  & Stratégie de sortie

de Martha Wells

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979-1036000119     979-1036000072


Les articles peuvent contenir des spoilers sur les tomes précédents mais pas sur le tome dont ils parlent, ni les suivants.

Vous savez comment c'est, On se dit « encore un chapitre », puis « encore un tome » et bref, je me retrouve à poursuivre la lecture des aventures de notre robot combattant évadé. J'ai commencé le tome trois en me disant que je ne lirai sans doute pas le 4, puis j'ai lu le 4 persuadée de ne jamais attaquer le 5, d'autant qu'il passe soudain du format « un peu plus de 100 pages » au format « un peu plus de 400 ». Allez savoir pourquoi ! Mais on ne maîtrise pas tout, c'est bien connu et donc, voici :


Tome 3, Cheval de Troie

Une fois libre, il a bien fallu qu'AssaSynth se trouve une "couverture". C'est que la vie est très réglementée et surveillée dans son monde, d'autant qu'il est recherché en tant que "SecUnit séditieuse" à savoir, une machine à tuer hors de tout contrôle et donc très dangereuse. S'il est capturé, il sera mis en pièces détachées et éparpillé. La perspective ne le tente pas. Il compte donc bien ne pas se faire prendre. Grâce à EVE, dans le tome précédent, il a pu changer son apparence physique suffisamment pour que sa silhouette ne soit pas immédiatement repérable dans une foule. Il peut passer pour un humain augmenté, ce qu'il dit être. Il décide cependant de continuer à aider l'équipe de scientifiques du Tome 1 (et en particulier le Docteur Mensah) en cherchant des preuves contre la Compagnie GrayCris qui avait tenté de les tuer. Il parvient à se faire embaucher pour assurer la sécurité et le maintien de l'ordre à bord d'un vaisseau. C'est ainsi qu'il compte se rendre discrètement sur place. Dans cet épisode, il rencontrera un robot androïde « de compagnie », et donc d'un genre bien différent du sien, mais qui lui donnera à réfléchir sur les liens sentimentaux entre humains et robots... Rien n'est simple dans ce domaine, et il le sent bien.


Tome 4, Stratégie de sortie

AssaSynth rentre de sa dernière mission qui a été une réussite et lui a permis d'envoyer au Dr Mensah la preuve des crimes de GrayCris pour apprendre que ce dernier a enlevé le docteur et exige une rançon. Hormis le fait que les scientifiques ne disposent pas de la somme, il est clair que GrayCris compte bien tuer tout le monde de toute façon. Aussi est-ce avec autant de plaisir que de surprise, qu'ils voient revenir notre SecUnit, même si la lutte est bien dangereuse, même pour lui. Cette fois, nous passons longtemps dans une base habitée, ce qui nous permet de voir un peu comment l'on vit dans ce monde. Mais ça reste quand même très parcellaire, Martha Wells ne décrit pas une vraie société. Pas de familles, pas d'enfants, pas de structures sociales, de gouvernements etc. C'est pourquoi, quand j'entends qu'elle a su donner vie à un monde imaginaire puissant... non. On ne peut pas dire ça. Elle sait bien raconter des histoires qui captivent les lecteurs et aussi, et peut-être plus encore, faire régner dans ses récits une ambiance extrêmement plaisante. Mais ça ne va pas au-delà. Cependant, pour l'instant, et alors que j'étais à peu près sûre de ne pas lire le trop gros tome 5 (je n'ai pas que ça à faire!), eh bien, en fin de compte, je crois que je vais continuer encore un peu à suivre notre SecUnit.

04 octobre 2025

Journal d’un AssaSynth T2

de Martha Wells

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9791036000072


 Les articles peuvent contenir des spoilers sur les tomes précédents mais pas sur le tome dont ils parlent, ni les suivants.

Tome 2 : Schémas artificiels

Je précise que les épisodes de la série AssaSynth sont à lire dans l’ordre. Chacun est une histoire complète mais on a néanmoins besoin de comprendre l’évolution du personnage et de la situation, ce qui ne peut se faire qu’en les lisant dans l’ordre. Comme apparemment tous les volumes de la série, la quatrième de couverture n’est en fait que la copie de la première page. Economie d’effort mais au moins, elle ne spoliera pas le livre comme cela arrive de temps en temps.

Donc, notre AssaSynth est officiellement sorti des circuits et n’appartient plus à la compagnie qui le contrôlait dans le premier volume. Une place lui est attribuée dans le monde que nous découvrons au fil de ses aventures, mais tout bien considéré, il préfère opter pour une liberté totale et quitte les fichages de la voie officielle pour une discrète clandestinité. Il dit que c’est parce qu’on n’a pas besoin de lui là où on veut l’envoyer, mais visiblement, le fait qu’il doive aussi avoir un « propriétaire humain » ne lui convient pas non plus, même s’il ne se l’avoue pas clairement. A partir de ce moment, il est recherché mais  parvient tout de même à se faire accepter par un gros vaisseau spatial robot (« bâtiment scientifique d’exploration d’espace profond ») qui quitte justement la station à vide. Ce dernier, dont l’acronyme est EVE est un ordinateur géant qui peut tout faire sans équipage ni aucune intervention humaine. Il s’ennuie parfois un peu et il est donc intéressé par les stock de séries vidéo qu’AssaSynth propose pour payer son voyage. Et c’est parti ! L’évasion de notre SecUnit est réussie. Dans sa nouvelle vie, il désire résoudre l’énigme du gros bug fondateur suite auquel il a perdu la supervision humaine (je ne veux pas donner plus de détails, ce serait spoiler le T1), mais il lui faut aussi gagner sa vie. Il décide de se faire passer pour un simple « spécialiste de la sécurité » et EVE lui trouve une embauche.

Évidemment la mission qu’il acceptera sera pleine d’embûches et ses humains bien fragiles, mais il mènera quand même parallèlement à bien l’enquête sur ses propres affaires. Sacré AssaSynth !

C’est simple, c’est récréatif, on sait d’avance qui va gagner mais pas encore comment, et l’ambiance est saine (ce qui n’est plus si courant) donc, je conseille cette série et je vais de ce pas attaquer le tome 3. Ça me détend. :-)

02 octobre 2025

Journal d’un AssaSynth T1

de Martha Wells

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9782841728992


Tome 1 : Défaillances systèmes

Nous entrons dans la tête d’une SécUnit (unité de sécurité), robot anthropomorphe, ayant des parties musculaires biologiques. Doté d’une force et de capacités d’analyses surhumaines, il est conditionné pour protéger d’une façon illimitée les humains qui louent ses services à la Compagnie à laquelle il appartient. Ce sont de véritables machines à tuer (mais moins que les unités guerriers comme il le reconnaît lui-même). Ils servent de gardes du corps, d’agents de sécurité. S’il est abîmé, il se répare et régénère simplement en séjournant dans son caisson d’entretien. Sauf s’il est mort, bien sûr, mais c’est très difficile de tuer une Secunit. Il est par ailleurs doté d’un Superviseur électronique intégré qui garantit qu’il ne déviera jamais d’un iota des programmes qui lui sont implantés ou téléchargés. Sauf que celui-ci est un peu différent. Suite à un gros bug survenu antérieurement et que nous découvrirons plus tard, il a réussi à débrancher son Superviseur sans que cela se voie. Une fois la chose faite, il a découvert tous les programmes vidéos de distraction dont les humains disposent et il a adoré ça, si bien qu’au lieu de se lancer dans des aventures insensées ou, comme il le dit lui-même, dans un carnage, il a passé ses 35 000 premières heures de liberté à visionner des films, des séries et autres émissions tout en donnant le change et en maintenant une apparence de fonctionnement normal. Il a aussi décidé de se donner un nom, chose qu’il n’avait pas jusque là, et il a choisi AssaSynth.

 Son fonctionnement normal du moment, c’est d’accompagner une petite équipe de techniciens sur une zone minière pour explorer les potentialités du terrain. Simple. Classique. Aussi le fait-il en gardant un œil sur ses séries préférées, allant même jusqu’à ne pas charger les logiciels supplémentaires que sa compagnie lui envoie, pour mieux consacrer ses capacités au visionnage et au stockage de séries comme "Lune sanctuaire", sa préférée aux innombrables épisodes. Seulement voilà qu’à la première sortie, "ses" humains sont attaqués et manquent y rester. Apparemment cette expédition sans histoire déplaît à quelqu’un qui ne reculera devant rien pour la faire échouer. Or une Secunit reste une Secunit et il est viscéralement (si on peut dire) attaché à la protection de ses humains. Notre héros sauve l’équipe et se décide à accorder plus d’attention à l’entreprise en cours.

Premier volume d’une série qui en comporte actuellement 7, cet opus (128 pages) adapté aux ados mais pouvant intéresser aussi des lecteurs plus âgés, est un one shot et on peut s’arrêter là mais il m’a donné envie de lire la suite, d’autant que je l’avais déjà empruntée à la bibliothèque… C’est un peu planplan mais l’ambiance est sympathique. Que va-t-il arriver maintenant à notre Assasynth ?


Ce sont Sunalee , Keisha et Fanja qui m'ont donné l'idée  😉