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28 septembre 2025


La marque de Raspoutine

Sokal

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978-2203335066

Deuxième vraie aventure de Canardo qui se cale enfin bien fermement dans son personnage de détective dur à cuire, violent, cynique, mais ayant une éthique. Il est beaucoup moins déjeté que dans sa première aventure avec le chien debout où il errait un peu, mais ça y est, voilà, nous avons notre Canardo. Qui est, comme Jack Palmer, une variation sur le thème du "Privé". Il a d’ailleurs un peu le même imperméable, mais le sien n’est jamais fermé. Il a dû remarquer que ça n’avantageait pas les petits ventres ronds, ce que Palmer n’a toujours pas vu, ou alors, il s’en fiche.

Un énorme chat sauvage de Sibérie, Raspoutine, est devenu une espèce de boyard, seigneur incontesté d’une bande de mercenaires sans scrupules. Il règne en despote absolu et manifeste un goût marqué pour la cruauté.

Il est vaguement secondé par une cigogne qui se la joue diva russe et un autre volatile (perroquet ?) qui lui sert de médecin. Ce sont les seuls qu’il tolère, mais en fait, il n’écoute personne et n’en fait qu’à sa tête pour le plus grand malheur des populations sur lesquelles s’étend son pouvoir.

Ce tyran cache pourtant une profonde blessure secrète : il n’a pas de descendant. Il en a eu autrefois après s’être introduit dans un prestigieux élevage de chats Bleus russes, mais l’éleveur les a tous tués, les considérant comme des bâtards sans valeur. Il ne s’est jamais remis de cette perte, d’autant qu’il n’a plus eu ensuite de chatons. Il se sent vieillir et vit de plus en plus mal la situation. Aussi, quand il apprend inopinément qu’il y a eu une survivante parmi ses descendants bleus, il n’a plus qu’une idée en tête, la retrouver, la faire venir près de lui et lui transmettre un jour son royaume. Tout ce qu’il sait d’elle, c’est qu’elle se trouve en Europe.

Or, c’est à Paris qu’elle se trouve. Elle est magnifique, bleue, avec sur le front les rayures de son père, la marque de Raspoutine. Elle chante dans un cabaret et il se trouve que dans ce cabaret, Canardo a ses habitudes. C’est ainsi qu’il se trouve sur place quand elle est victime d’une tentative d’assassinat et qu’il intervient, fort heureusement aidé par un intervenant inattendu…

Excellent volume que ce numéro 2 ! Vraiment, un de mes préférés. Flamboyant, mortel, plein de dangers et de rebondissements, il s’appuie sur des personnages hors du commun, excessifs à la russe, tout particulièrement réussis. Le dessin, mais là, c’est comme toujours, est remarquable. Oui vraiment ! 5 étoiles sans hésiter une seconde pour cette Marque de Raspoutine. Adeptes du Canardo, si vous ne l’avez pas, il vous le faut.

Je découvre par la même occasion que la série Canardo comprend 25 tomes et que je ne les ai pas tous. Le dernier tome de la série (Un con en hiver) est paru en 2018.

25 septembre 2025

Le chien debout 

de Sokal

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9782203335035

Canardo n’a pas eu des débuts faciles. Faut pas croire. Ce « chien debout » est le tome 1 de la longue série des aventures dangereuses de L’inspecteur Canardo. Inspecteur, il ne l’a d’ailleurs été que dans le tome 0, édité chez Pepperland et que je n’ai malheureusement pas encore lu. Dans ce tome 1, Canardo n’est même pas le personnage principal, bien que son intervention ponctuelle soit déterminante.

Le personnage principal, c’est Fernand, ce chien qui marche sur deux pattes et porte un vieux manteau à capuche. Tel que nous le découvrons, Fernand, clochard alcoolique, revient au pays voir s’il n’y retrouverait pas celle dont il est toujours amoureux, la belle Gilberte. Mais les choses vont mal au pays. Le chien du douanier fait sa loi avec sa bande de sous-fifres et prospère, tandis que de nombreux cabots disparaissent. La violence et la crainte règnent pour un danger qu’on n’ose même pas évoquer. Que se passe-t-il ? Fernand, qui ne cherche pourtant rien d’autre que Gilberte, ne va pas tarder à le découvrir.

Faut savoir qu’on évolue dans un monde où on s’entre-tue facilement. D’entrée de jeu, cette série commence avec un Canardo coriace qui se soucie fort peu de la loi, un univers très très noir, un monde féroce, sans illusion et un poil d'ironie douloureuse dans le récit. Tout ce qui nous a fait aimer ce volatile, quoi, et pour cet épisode, un savant fou, des expériences atroces, des junkies, beaucoup de victimes etc. Canardo commençait noir de chez noir. Un poil trop même, mais bon… c’est de la fiction. Les canards ne se promènent pas vraiment armés jusqu’au bec.

29 mai 2021

Inspecteur Canardo 

de  Benoît Sokal

 L'Amerzone - Un misérable petit tas de secrets - 

Le Buveur en col blanc - La Fille qui rêvait d'horizon

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   Après le si attachant Jack Palmer, je poursuis ma docte étude approfondie des détectives improbables en bande dessinée et me voici aujourd’hui avec l’Inspecteur Canardo le bien et mal nommé.

   Bien parce qu’effectivement c’est un canard, avec un bec, pattes palmées et tout; et mal parce qu’il ne semble pas être inspecteur de quelque police que ce soit (mais peut-être l’était-il dans les premiers albums, que je n’ai pas lus). Il est détective privé. Il a l’uniforme et il achète clairement son imper mastic chez le même fournisseur que J. Palmer et Columbo. Le sien est un modèle spécial avec bouteille d’alcool vissée à la poche droite (dans la gauche, c’est son flingue. Savoir si Canardo est droitier ou gaucher…). Autre chose qui est vissée: son mégot, à ses l… euh, son bec. Canardo est buveur, fumeur mais par contre totalement insensible au charme féminin; masculin aussi d’ailleurs. Ni amour, ni amitié, Canardo est un grand pessimiste misanthrope revenu de tout, assez dépressif mais, bien soutenu par l’ustensile de la poche droite, il n’éprouve pas le besoin de geindre sur la vie et son sort. Ce qui nous soulage d’autant.

     Il connaît des aventures, parfois petites et proches, parfois grandes, parfois sans envergure (histoire d’héritage égaré), parfois exotiques ou mythiques (quête d’oiseaux légendaires au fin fond de l’Amazonie), parfois pleines d’action (avec crapauds pseudo hells angels et coups de feux dans tous les sens), parfois sans le moindre coup de feu, parfois avec un suspens poignant, parfois sans… C’est dire qu’il n’y a pas de stéréotype dans ces albums. A chaque lecteur d’avoir des préférences en ce domaine. Chaque aventure est totalement indépendante des autres, on peut les lire comme on les trouve.

     Pour cette fois, j’ai basé ma docte étude sur quatre titres que je vous livre dans l’ordre où je les ai lus.

     J’ai commencé avec "L'Amerzone" particulièrement cynique qui a fixé mon attention sur cet incroyable canard capable de colères existentielles et, bien que tout à l’inverse de sa grande sortie philosophique, je sois sans doute davantage à la recherche de pureté et de sagesse que de nature humaine par la vinasse, j’ai apprécié. Un très bon album exotique, philosophique et avec de l’action.

     J’ai ensuite lu "Un misérable petit tas de secrets", tout à l’opposé puisqu'au fond des secrets de famille de la majorité silencieuse, mais que j’ai tout autant aimé. J’ai adoré l’astuce sans vergogne du voyage dans le temps et les considérations, pour le coup, sur les humaines faiblesses.

     Tout cela pour passer au "Le Buveur en col blanc", une surprise puisque je l’ai trouvé totalement sans intérêt. Je me demande encore pourquoi Sokal a fait cela… Passons donc.

     Heureusement, j’ai alors découvert "La Fille qui rêvait d'horizon", mon préféré peut-être de ces quatre-là. Un truc aussi amoral que le reste (Canardo a compris depuis longtemps que la vie n’est pas morale) et un peu grandiose avec de grands horizons et un Canardo pour le coup très déprimé… j’adore. Mais je pense qu’il m’a manqué d’avoir lu auparavant un autre album dont l’histoire est évoquée (mais pas le titre). Je pense que ce doit être «La marque de Raspoutine».

     Je n’ai pas dit ? Ah oui, le dessin est excellent; des humains à visage animal très très réussis vraiment, des décors précis et justes mais sales. Il y a beaucoup de poussière, de toiles d’araignées et de salissures apparemment liquides et inidentifiables (tant mieux)... Je me suis plusieurs fois arrêtée pour scruter les détails de ces scènes. Décor particulièrement glauque dans «Le buveur».

     Monsieur Canardo, vous aurez le droit de rester dans ma bibliothèque déjà surchargée pourtant.

    

   0. Premières enquêtes (1979)

   1. Le Chien debout (1981)

   2. La Marque de Raspoutine (1982)

   3. La Mort douce (1983)

   4. Noces de brume (1985)

   5. L'Amerzone (1986)

   6. La Cadillac blanche (1990)

   7. L'Île noyée (1992) .

   8. Le Canal de l'angoisse (1994)

   9. Le Caniveau sans lune (1995)

   10. La Fille qui rêvait d'horizon (1999)

   11. Un misérable petit tas de secrets (2001)

   12. La Nurse aux mains sanglantes (2002)

   13. Le Buveur en col blanc (2003)

   14. Marée noire (2004)

   15. L'Affaire belge (2005)

   16. L'Ombre de la bête (2006)

   17. Une Bourgeoise fatale (2008)

   18. La fille sans visage (2009)

   19. Le voyage des cendres (2010)

   20. Une bavure bien baveuse (2011)

   21. Piège de miel (2012)

   22. Le vieux canard et la mer (2013)