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11 avril 2022

 Des chrétiens et des maures 

de Daniel Pennac

***


"I would prefer my daddy"

La quatrième de couverture ne nous dit rien et aucune préface ne vient nous renseigner davantage. Nous ne saurons pas quels sont les liens entre Jerome Charyn et Daniel Pennac, mais ils doivent bien exister pour qu'ait débuté cet étrange, sympathique (mais non impérissable) « crossover » qui allait mêler (en partie du moins) Isaac Sidel et la tribu Malaussène. Nous ne saurons pas comment tout cela a débuté, qui l'a décidé, pourquoi, dans quelles circonstances, etc. Toutes les questions sont ouvertes, et elles le restent car on est bien moins généreusement pourvu au niveau des réponses... Toujours est-il qu'en 1996, Daniel Pennac publia une courte histoire de 80 pages qu'il intitula « Des chrétiens et des maures », titre trompeur, si vous avez cru que cela avait un rapport avec les Croisades, titre évocateur, de bien trop de choses pour comprendre en fin de compte de quoi il s'agit, et titre finalement accrocheur. 

Nous y retrouvons toute la tribu Malaussène (à un stade qui les voit déjà assez nombreux, 4 volumes ont déjà vu le jour) et le lecteur, resté dans la nostalgie de ces récits-là, s'empresse d'aller voir ce qui leur arrive ici. Il nous arrive que Le Petit nous fait une crise grave de Bartlebisme (adapté à son cas). Il décide d'un seul coup qu' "Il veut son papa". Or, vous le savez, Maman Malaussène a des qualités, mais la conservation des géniteurs n'en fait pas plus partie que l'élevage des enfants. Impossible de retrouver celui-là (les autres non plus, d'ailleurs). Or, la situation devient vite grave puisque Le Petit repousse maintenant toute nourriture en répétant  "Je préférerais mon papa.". L'ombre paralysante du « I would prefer not to » vient tout plomber. Relevons cependant ici le clin d’œil puisque J. Charyn traduisit Melville en français.

S'ouvrant de ses tracas à un ami, Benjamin Malaussène, lui avoue qu'en fait, il se souvient dans quelles circonstances peu banales fut conçu Le Petit et a donc pas mal de renseignements sur son père... mais ni son nom, ni son adresse. Il lui raconte alors tout en détail et pour commencer, comment la route d'un certain shérif américain handicapé d'un tænia de première grandeur, a croisé celle de la Famille Malaussène.  Malheureusement pour lui, il avait auparavant croisé celle d'une bande d'horribles voyous qui l'avaient terriblement torturé pour  "lui faire cracher un secret en or massif". C'est une histoire pleine de bruit et de fureur, et aussi vraisemblable que les autres aventures de la tribu... que je vous laisserai découvrir.

En conclusion, son ami peut donc le rassurer, car il a, lui, reconnu l'homme en question. Une chose les perturbe cependant, comment cela serait-il possible ? Isaac Sidel est un être fictif ! Les personnages de roman ne font pas des enfants. Il leur faudra cependant s'en accommoder (surtout que si l'on y réfléchit bien, les Malaussène...)

Mais bref. Jerome Charyn s'empressa de répondre à cette paternité inattendue dans un roman du même (petit) calibre qu'il intitula « Appelez-moi Malaussène ». A lire en second lieu, bien sûr. Tout cela est amusant, sympathique, etc. 

et sans grande prétention.

1. Au bonheur des ogres, Gallimard, coll. « Série noire » no 2004, 1985

2. La Fée Carabine, Gallimard, coll. « Série noire » no 2085, 1987

3. La Petite Marchande de prose, Gallimard, 1990

4. Monsieur Malaussène, Gallimard, 1995

5. Des chrétiens et des maures, Gallimard, 1996

6. Aux fruits de la passion, Gallimard, 1999

7. Le Cas Malaussène 1 : Ils m'ont menti, Gallimard, 2017

8. Le Cas Malaussène 2 : Terminus Malaussène, Gallimard, 2023


9782070406968