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12 juillet 2025

Sarek
de Ulf Kvensler
*****


979-1041415922

Prix du meilleur Polar des lecteurs Points 2025

Je ne suis ordinairement pas lectrice des "polars du froid" tout simplement parce que leurs univers rudes ne m’attirent pas, mais, la canicule aidant, et ce titre passant beaucoup sur les blogs de lectrices/teurs, j’ai eu envie de tenter le coup, d’autant que les lecteurs Points et l’Académie suédoise lui avaient attribué le Prix du meilleur Polar ou premier polar 2025. La quatrième de couverture promet « un drame psychologique d’une puissance inouïe ». Comment résister ? Et, comme vous le voyez avec mes cinq étoiles, je n’ai pas regretté mon choix. La couverture représente une bouse (d’élan?), mais je peux me tromper.

On nous dit qu’il s’agit du premier roman d’ Ulf Kvensler, mais il ne faut pas s’imaginer un jeune homme qui se lance dans la vie. Il a 57 ans et déjà une belle carrière d’ acteur, scénariste et réalisateur, ce qui signifie du savoir-faire et nous allons nous en rendre compte ici.

Les personnages ont la petite trentaine. Anna et Henrik forment un couple installé mais qui bat un peu de l’aile en ce moment du fait qu’Henrik, brillant prof de fac, est en perte de vitesse et déprime. Tous les ans pour les vacances, ils font une randonnée avec une amie, Milena qui elle, est célibataire. Mais cette année au dernier moment, Milena demande que son nouveau compagnon, Jacob, puisse les accompagner. Les deux premiers ne sont guère emballés de s’adjoindre un inconnu pour une vie commune H24 d’une semaine, mais refuser n’est pas facile non plus… Pourtant, quand elle le voit, Anna qui travaille dans les tribunaux, a l’impression de l’avoir déjà vu et qui plus est, dans le rôle du condamné, mais elle ne retrouve pas le dossier. Henrik, de son côté qui a voulu faire une petite vérification, s’est aperçu que Jacob ne travaille pas là où il l’a dit. En route vers le point de départ de leur randonnée, ils mettent Jacob face à ces contradictions mais il trouve une réponse à cela. Convaincante ou non. Et propose dans la foulée une plus belle rando en modifiant leur destination pour une virée dans le très grandiose, prestigieux et sauvage Sarek qui, comme vous ne l’ignorez pas, est un parc national situé en Laponie suédoise, dans la région de Norrbotten, n’offrant ni sentier balisé ni infrastructure touristique. « A mille miles de toute terre habitée » pourrait-on presque dire. Encore une fois, Anna et Henrick n’apprécient pas mais, comme ils viennent de l’accuser gravement et semble-t-il injustement, ils se sentent obligés d’accepter pour ne pas en rajouter. Et nous voilà partis ! C‘est Anna qui fait le récit.

 Comme vous l’aurez deviné, tout cela va se passer de plus en plus mal (c’est un thriller tout de même) et c’est tout à fait captivant. On a l’impression que c’est une histoire bien simple et qu’on voit venir de loin, et dans un sens, ça l’est. Mais en même temps les surprises se succèdent, toutes désagréables bien sûr et on a beau se demander ce qu’on aurait fait à la place de tel ou tel et à quel moment ça n’a vraiment plus tourné rond… On ne sait pas trop. Tout cela est tellement insidieux…
Ce qu fait la force de ce thriller, hormis cette espèce de huis clos en vaste milieu sauvage, c’est la finesse et la justesse de l’observation des ressorts psychologiques qui affectent chacun. (Il faudra se souvenir de cette finesse si on veut comprendre la fin.)  L’auteur sait comment ces choses-là se font et fonctionnent.
« C’est ainsi que la violence fonctionne comme moyen de pouvoir. Elle n’a même pas besoin d’être exercée, sa menace suffit pour modifier les comportements. »
Et plus loin,
« L’agressivité, physique ou verbale, pousse les personnes à marcher sur la pointe des pieds et à faire des détours, les fait s’aplatir pour ne pas s’exposer. »
Et peu à peu (celle-là est plus que jamais d’actualité)
« Le doute s’immisce. C’est un des attributs du pouvoir, comme le ver dans le fruit. La capacité à rendre fluctuante la frontière entre mensonge et vérité. »
Bref, c’est brillant. Jusqu’au bout, et pout tout arranger, porté par une belle écriture qui fait la part belle aux paysages grandioses dans lesquels les gesticulations humaines se ridiculisent et se perdent.
Ou pas.
« Le froid nocturne s’approche à pas de loups, rôde, affamé, autour de notre campement. »
...

504p

Pavé de l’été 2025



08 juillet 2025

L’enquête corse Jack Palmer -

René Pétillon

****


978-2723469425

(Si vous ne voyez pas bien, cliquez sur l'image)


Il faut avoir en mémoire que cet album a été publié en 2000. Les années 90 qui venaient de s’écouler avaient été marquées par une situation agitée, confuse, mouvementée et même violente en Corse. Les groupes indépendantistes se multiplient, se scindent, s’unissent, se combattent… Des bombes sont posées, des balles tirées… La gendarmerie est débordée. Ça explose un peu partout et on ne sait pas toujours qui a posé la bombe ni même pourquoi, quant à le prouver… autant y renoncer tout de suite car s’il n’y a qu’une seule constante, dans tout cela, c’est que personne n’a rien vu ni rien entendu. Omerta.

C’est dans cette île paradisiaque que débarque notre jack Palmer, chargé par un notaire parisien de retrouver un certain Ange Léoni, adresse inconnue, pour lui remettre une lettre suite à un héritage. Palmer ignore tout de la Corse, mais comme toujours, il est confiant. On lui confie une mission, il la remplit sans chercher plus loin. Il a toujours la même technique d’investigation : il va au cœur des lieux concernés et pose directement la question aux gens qui s’y trouvent.

 Or il se trouve qu’Ange Leoni n’est pas n’importe qui. Pour commencer, il a vraiment disparu et si les gens qui le cherchent sont nombreux, ce n’est pas juste pour lui remettre une lettre. Leoni, qui a transité par un peu tous les groupes clandestins, est à chaque fois reparti avec la caisse et c’est à ce sujet que ces messieurs ont des questions à lui poser. 


Ils ne sont pas peu surpris de voir débarquer l’improbable Jack Palmer qui, isolé qu’il est sur son petit nuage, ne se laisse pas démonter par l’ambiance.

Encore un grand moment de l’investigation policière et de l’enquête socio-politique avec notre détective préféré au mieux de sa forme puisqu’il remporte le Fauve d'or - 2001 à Angoulême avec ce titre. Un film en a été tiré mais je ne l’ai pas vu et ne peux donc pas en parler. (PS : Je n’ai jamais vu un bon film tiré d’une BD, mais je dis ça, je dis rien.)

03 juillet 2025

Le numéro un

de Mikhail Chevelev

****

978-2072968600


Comme dans son premier roman "Une suite d’événements", Mikhail Chevelev a choisi ici de nous montrer la Russie post 1991 à l'aide d'un thriller. En fait, l'histoire commence un peu avant, en 1984. C’était le règne des pénuries de denrées et d'argent et des innombrables petites magouilles pour tenter de se procurer quand même ce qui faisait défaut. Tout le monde traficote. Il n'y a pas moyen de s'en sortir autrement, n’empêche que notre personnage principal, Vladimir Lovitch, 25 ans, se fait prendre. S'ensuit un petit passage au commissariat et une malencontreuse rencontre avec le KGB dont il est impossible de savoir ce qu'ils veulent vraiment mais qui le laisse repartir libre sans trop de difficultés, après la simple signature d'un papier affirmant sa bonne volonté pour tout ce qui serait d'informer le KGB de choses suspectes qu'il pourrait découvrir par hasard. Quand vous êtes retenu dans un commissariat et que le KGB vous demande si en cas de découverte suspecte vous seriez du genre à la lui dissimuler ou à la lui signaler, vous n'hésitez pas longtemps sur la réponse à fournir, d'autant qu'on parle dans l’absolu, sans sujet précis de réalisation de cette hypothèse. Et ça ne va d’ailleurs pas plus loin. Vladimir signe ses déclarations et repart libre comme l'air. Il n'y aura pas de poursuites et les années passant, il n'y pensera plus, d'autant que le tournant des années 90 est pris et que la libéralisation et le grand désordre économique s'installent. Vladimir gagne sa vie comme traducteur, mais maigrement et s'il y a enfin des marchandises dans les magasins, elles sont chères et il ne gagne pas assez pour se les fournir. Il est maintenant marié et heureux en ménage, mais fauché.

Un jour, il rencontre Ilya, un de ses anciens copains d'études et découvre que contrairement à lui, ce dernier qui s'est lancé dans les affaires, roule sur l'or. Les affaires, en Russie, ça veut dire mafia qui n'est pas sans lien avec l'ex-KGB... mais il n'y a pas d'autre façon de faire du commerce, et Ilya l'embauche aussitôt avec un très gros salaire et la vie de Vladimir devient soudain parfaite.

Sauf que, comme dit le proverbe, pour dîner avec le diable, il faut une longue cuillère et Vladimir va finir par s'apercevoir que la sienne ne l'est pas assez.

Un thriller intéressant et un terrain et des ressorts nouveaux (pour moi du moins). Ca donne vraiment à la fois une impression de réalisme très banal et de dépassements perpétuels des limites communément admises. En Russie, les choses suivent une loi qui leur est bien particulière. C'est sûr que quand l'état est le gangster numéro un... ça change la donne.

Donc une bonne histoire, un bon décor et de bons personnages. Des revirements surprenants et une parfaite logique interne. Sur la fin, la vraisemblance bat un peu de l'aile, mais retombe finalement plus ou moins sur ses pattes. Par contre je n'ai pas été éblouie par le maîtrise du récit et la construction du roman (on est dans la Blanche de Gallimard, quand même, si ça veut encore dire quelque chose). Le récit non chronologique avec les dates en tête des courts chapitres, ça évite un récit trop linéaire mais on a vite fait de ne pas lire la tête de chapitre et de se perdre un peu. Et puis, quand par exemple l'un des personnages raconte à l'autre des choses que le lecteur sait déjà, ça donne une impression gênante de répétition. Et pour en revenir aux personnages, ils sont parfois étranges. je pense à David qui manifeste si peu d’émotions et qui fait soudain preuve de capacités très surprenantes pour quelqu’un comme lui… ça étonne.

Mais à défaut de monument littéraire, comme thriller ou roman noir, ça va. On accroche et on n'en fait qu'une bouchée (moins de 200 pages).

24 juin 2025

Puzzle

de Franck Thilliez et MIG

***

9782359105407

J’ai emprunté ce roman graphique à la bibliothèque parce que je n’ai jamais lu de roman de Franck Thilliez et que cette forme BD me permettait de le faire sans devoir lire 400 ou 500 pages de texte car je craignais que cela ne m’interesse pas beaucoup. Il s’est avéré que j’avais raison, je n’ai pas du tout été convaincue par ce scenario indigent. Pour résumer : le héros, un homme jeune, a été quitté par sa petite amie, mais ils participaient ensemble à un jeu de chasse au trésor en ligne et c’est en tant que partenaire qu’elle le recontacte car elle a trouvé un nouvel indice qui leur permet de progresser vers le faramineux butin de 300 000€.

Bon, alors, ce n’est pas compliqué. Vous voulez faire une histoire horrifique, vous vous demandez quels sont les décor effrayants où vous pourriez la situer pour mettre le lecteur en condition et vous vous répondez : cimetières, prison, hôpitaux borderline, salles chirurgicales ou de torture, asile psychiatriques avec enfermement, lobotomie forcée etc. Ah oui ! Très bon, ça ! On y va.



Le jeu conduit donc nos deux héros dans un ancien asile psychiatrique de sinistre réputation, maintenant abandonné. La sinistre réputation tient au fait que dans le passé, de nombreuses lobotomies et autres chirurgies sur des patient pas forcément consentants, y ont été pratiquées. Il est maintenant désert, ce qui ne le rend pas plus accueillant, d’autant que "pour ne pas être dérangé", des chiens féroces sont lâchés dans le parc qui l’entoure. Les derniers finalistes se retrouvent là pour la fin du jeu et l’attribution du trésor tant convoité. Dès l’arrivée, un message les avertit que rien ne sera réel à partir de cet instant car le jeu a commencé. Un message, car ils ne rencontreront jamais personne d’autre que les autres participants. Ils ne verront pas le/la/les (?) Maître du jeu. Ils trouvent bientôt un second message qui lui, dit que l’un d’entre eux va être tué. Est-ce un avertissement à prendre au sérieux ou cela fait-il partie du jeu ? Faut-il chercher à s’enfuir ou à découvrir les indices qui mèneront au trésor ? Etc.

Rien de bien nouveau, vous le voyez et rien d’original. On va enchaîner les clichés, la salle d’opération à l’abandon mais qui a l’air de servir quand même, la morgue déserte avec des corps présents ou pas… des cellules fermées, l’obscurité totale après une certaine heure, le doute entretenu en permanence et à bon compte sur la réalité ou la fiction d’un jeu de rôle (malgré quelques cadavres…) Une ou deux scènes un peu osées, mais si convenues… ! Et vous aurez même votre cimetière abandonné !


(pour info, il n’y a pas la moindre touche d’orange dans tout l’album à part un peu de rouge sur la couverture)

Donc, je le disais, on n’est jamais vraiment surpris. "Horreur" à bon marché et c'est parti pour une succession de clichés. Pour conclure, la clé de l’énigme est à la hauteur de ce qui a précédé.

Le travail du dessinateur en noir, bleu, blanc, est très professionnel et colle bien au texte. Rien à redire de ce côté. Rien de particulièrement inspiré ou artistique non plus, mais bon, il remplit le contrat.


31 mai 2025

Une canaille et demie

de Iain Levison

***+

979-1034906642

J'ai emprunté ce livre à la bibliothèque car je n'avais encore lu aucun roman de Iain Levison alors que je le vois régulièrement commenté sur les blogs. C'est un roman policier.

Dixon, qui se préoccupe pourtant de son karma, se joint à une bande de malfrats pour tenter le braquage d'une banque. Il le fait car il sort juste de prison et n'a pas un radis et pas davantage de situation. Or, il rêve d'acheter une petite ferme dans l'Alberta et d'y couler des jours paisibles. Comme il n'a pas une trop haute opinion des capacités de ses complices (mais pas de leur dangerosité), il s'est discrètement préparé sa propre voie de sortie. Il a bien fait. Le braquage a lieu, il tourne mal comme on pouvait s'y attendre, mais Dixon parvient à s'enfuir avec un sac plein de dollars.

A des kilomètres de là, dans le New-Hampshire, l'ambitieux Elias White mène son existence de frustré. Prof d'Histoire aux dents qui rayent le parquet il trouve bien long le temps que les autres mettent à reconnaître sa valeur exceptionnelle et à lui offrir les postes correspondants. En attendant, il travaille sur une grande recherche visant à faire comprendre à tous comment/pourquoi, le nazisme a séduit les foules. En attendant encore, c'est lui qui ne comprend pas le coté scabreux de son travail et pourquoi les gens ont plus tendance à s'en détourner qu'à s'y intéresser. Bref, gloire et reconnaissance ne semblent guère approcher et en attendant, il se console avec ses élèves les plus délurées.

Vous aurez deviné que Dixon va atterrir chez Elias, poursuivi par toutes les polices, incarnée ici par Denise Lupo, excellente inspectrice mais qui se heurte de façon irrémédiable au plafond de verre et qui commence à s'en lasser.

Si cette petite présentation vous met en appétit, n'hésitez pas car c'est un polar bien écrit et très bien mené. Vous en aurez pour votre argent. Par contre, si vous cherchez quelque chose d'un peu plus original , plus captivant ou qui pique un peu plus la curiosité... allez plutôt lire Billy Summers. Pourtant, j’ai bien aimé l'énorme cynisme désabusé de ce polar qui nous montre une élite intellectuelle des universités ne valant pas mieux que les malfrats officiels, sous les yeux d’une police et d'une justice sans morale. Je lirai sans doute d’autres titres de cet auteur, il y en aura bien un où il m’étonnera.


22 mai 2025

Dans les brumes de Capelans

d’Olivier Norek

****

978-2266332132


Alors qu'on le voit partout, en librairie et sur les blogs littéraires, je n'avais encore jamais lu Olivier Norek, tout comme je n'ai encore jamais lu Franck Thilliez ou Maxime Chattam (on ne peut pas tout lire) et il en serait sans doute toujours ainsi si je ne l'avais pas trouvé sous la forme d'audiolivre à la médiathèque, mais médiathèque il y a, audiolivre il y eut et lacune je comblai.

Ca commençait plutôt mal, encore un serial killer, encore des filles violées et assassinées, encore un flic blessé qui se recycle etc. pour moi qui préfère les whodunit et les intrigues inattendues, clairement, si cela avait été un livre, si je n'avais pas été coincée longuement dans cette voiture avec cet audiolivre, je ne serais pas allée très loin dans ce bouquin. Mais les choses étant ce qu'elles étaient, j'ai avancé pas mal et d'abord, j'ai été agréablement surprise par le niveau d'écriture. Je m'attendais à bien plus pauvre et là, vraiment, ce n'est pas le cas. Pas mal non plus pour la psychologie des personnages, bien moins sommaire, voire invraisemblable que d'autres que j'ai pu avoir à lire, si bien que j'ai décidé d'aller au bout et de "laisser sa chance au produit", comme on dit. Et au final, je ne regrette pas parce que j'ai bien aimé ce bouquin. L'écriture, je l'ai dit, tient bien la route et les personnages acquièrent rapidement assez d’épaisseur et de relief pour s'arracher aux stéréotypes. Il parait qu'on "retrouve avec plaisir" le Capitaine Victor Coste rencontré auparavant dans des circonstances tragiques, ce qui n'a évidemment pas été le cas pour moi vu que c'était mon premier Norek, mais donc je vous l'annonce, si vous le cherchiez, il est là.

Je me suis aussi intéressée au décor, cette France lointaine au climat difficile, puisqu'une grande partie du récit se passe à Saint-Pierre (le Saint Pierre de Saint-Pierre et Miquelon, pas à la Réunion, ni au Vatican). Cette côte aride où, pendant les brumes de capelans, on ne voit plus sa main si on tend le bras (c'est pratique, pour chasser un tueur!). Et à ce propos, savez-vous ce que sont les brumes de capelans? Curieuse comme je suis, il a bien fallu que je me renseigne alors voilà ce que me dit Wikipedia : "une brume de printemps qui annoncerait l'arrivée de petits poissons (le capelan) sur le bord du rivage." Vous voilà renseignés, vous ne serez pas venus pour rien.

Au final, l’intrigue arrive quand même à surprendre et c’est vraiment bien raconté, alors oui, un autre Norek, plus tard, à l’occasion, pourquoi pas ?




13 mai 2025

La librairie des chats noirs

de Piergiorgio Pulixi

9782351783580

***

L’ayant pas mal vu d'un œil distrait passer sur les blogs des lectrices, puis apparaître soudain en plein milieu de la table des nouveautés à la bibli, j'ai testé ce roman du nouvel auteur italien à la mode : Piergiorgio Pulixi.

Vous voulez écrire un polar à succès (et même éventuellement une série?) en mettant toutes les chances de votre coté, qu'est ce que vous faites?

Vous vous souvenez que la majorité des lecteurs sont des lectrices et qu’elles aiment les livres, les bibliothèques, les librairies, les clubs de lecture et les chats et sont généralement d'une grande indulgence envers les types un peu abîmés qui essaient de se reconstruire et cachent un cœur d'or derrière une apparence bourrue (pas moi, faut bien des exceptions). Il est bon qu'il ait quelques amis un peu originaux mais avec un excellent fond. Il n'est ni mauvais ni rare qu'il soit également très officieusement bien vu des services de police, c'est plus simple pour avoir de bons renseignements et échapper à toutes les tracasseries que vous font normalement les flics quand vous venez piétiner dans une enquête de police. Évidemment, la vraisemblance n'y gagne pas, mais on ne peut pas tout avoir. Vous placez le tout dans une belle région et saupoudrez d’un peu de tristesse amoureuse, et le tour est joué. Bref, Pulixi n'a pas été avare de ses efforts et il nous a mis TOUT ça dans ce roman. Résultat, nous avons un petit polar très agréable à lire, qui ne va certes pas révolutionner la littérature noire mais qui donnera à son lecteur ce qu'il vient en général chercher.

Après un départ qui capte bien l'attention et nous décide à voir plus loin, nous découvrons notre héros, un ex-prof de math défenseur d'enfant battu qui a dû se recycler et est devenu libraire. Un libraire qui coule doucement vers la faillite et se demande pourquoi les clients qu'il insulte ou engueule volontiers ont tellement tendance à ne pas revenir. Heureusement, la boutique est maintenue à flots par une vendeuse extrêmement aimable, elle, et qui fait tout le boulot bien qu'on la devine payée au lance-pierre. Dans la librairie se sont installés à demeure et sans le consulter deux chats noirs plutôt énigmatiques (pour l'ambiance féline). Dans le sous-sol de la librairie le club de lecture s'est réduit à quatre participants et s'est transformé en "club des enquêteurs du mardi". C'est à eux que la police, totalement démunie après l'entrée en matière très violente du roman, va demander un coup de main. (Oui, je vous avais prévenus pour la vraisemblance). Pour être honnête, le lecteur n’a aucune chance de découvrir le coupable avant la fin, le seul indice étant laissé trop flou pour être probant, mais il va essayer.

C’est facile à lire, plaisant, la psychologie des personnages est à la limite de la caricature mais c’est de la lecture récréative. L’IA va bientôt nous pondre des milliers de ces romans-là si ce n’est déjà fait, et vous l’aurez oublié en moins d’un mois, but who cares ?

Ceci étant, je ne pense pas en lire d’autre, mais ça va beaucoup plaire.

25 avril 2025

Les messieurs de Delft

de Charles Exbrayat

**+

978-2702418185


Dans les années 60 à 80, Charles Exbrayat était une célébrité dans le monde du polar. Il a publié une bonne centaines de romans policiers ou d’espionnage, qui plaisaient beaucoup en particulier grâce à leur ton plus ou moins humoristique. Plusieurs sont devenus des films. Certains sont excellents, d’autres un peu moins. Il écrivait au kilomètre. A une époque, j’en ai lu des quantités, puis Exbrayat est passé de mode, remplacé par des concurrents plus modernes, et voilà que l’autre jour, je tombe sur un de ses romans dans une boite à livres ! Il sentait un peu le moisi, ce que je fuis normalement, mais je l’ai pris quand même car j’avais envie de voir comment ce bon vieil Exbrayat avait vieilli. Et me voilà partie à Delft.

Dans cette ville très bourgeoise, le très riche et puissant directeur d’usine Karel Klundert a coutume de régaler régulièrement quelques amis, notables comme lui pour les faire bénéficier des talents de sa très excellente cuisinière. Ces repas sont de notoriété publique et nul ne doute à Delft que les sommets des plaisirs de la table y soient atteints. Mais ce soir-là ne sera pas comme les autres puisque Klundert y reçoit un coup de fil d’une inconnue qui se prétend sa maîtresse et le somme de tenir les engagements qu’il a pris envers elle. Klundert n’a rien d’un coureur et pensant avoir affaire soit à une mauvaise blague, soit à une tentative d’escroquerie, il répond sur le ton de la grosse plaisanterie quand elle menace d’aller se noyer. Le dîner avec ses amis se termine dans les éclats de rire. Seulement voilà, le lendemain, le corps d’une jeune femme est repêché dans le canal. Seulement voilà, voilà, il s’avère qu’il ne s’agit pas d’un suicide mais d’un meurtre. Notre Karel qui, pour bien faire est sorti seul marcher en ville après le départ de ses amis, est dans de beaux draps, d’autant qu’il s’estime lui même coupable en raison de sa réaction négligente lors de l’appel. Mais que se passe-t-il donc dans cette bonne ville de Delft ?

Alors pour avoir vieilli, certes oui, ça a vieilli, et sérieusement. Des patrons comme Klundert ne feraient pas long feu aujourd’hui, du moins en Europe, mais également toutes les relations sociales, le machisme radical, etc. Le mystère n’est pas très surprenant et l’enquête pas passionnante non plus, si on peut appeler ça une enquête. Bref, un médiocre Exbrayat. Je suis mal tombée et il va vite retourner dans une boîte à livres, mais je ne regrette pas ma visite à Delft, ni ce petit voyage dans le passé qui rappelle tout de même que certaines choses ont évolué. Je retenterai Exbrayat, mais avec un titre plus connu. Peut-être « Une ravissante idiote » qui a donné un film bof bof avec Bardot et Perkins, mais un meilleur roman, ou un opus de la série Imogène car j’en ai gardé un lointain mais plaisant souvenir. Oui, un Imogène, tiens !




07 avril 2025

Cadres noirs

de Pierre Lemaitre

****


Ce que j'admire toujours chez Pierre Lemaitre, c'est sa maîtrise et son savoir faire. Une fois encore, je n'ai pas été déçue, et pourtant, Lemaitre débutait presque avec ce roman, mais il connaissait déjà son métier et il le faisait fort bien. Voyons de quoi il est question

Quatrième de couverture:

"Alain Delambre est un cadre de cinquante-sept ans complètement usé par quatre années de chômage. Ancien DRH, il accepte des petits jobs qui le démoralisent. Au sentiment d’échec s'ajoute bientôt l'humiliation de se faire botter les fesses pour cinq cents euros par mois... Aussi quand un employeur, divine surprise, accepte enfin d'étudier sa candidature, Alain Delambre est prêt à tout, à emprunter de l'argent, à se disqualifier aux yeux de sa femme et de ses filles, et même à participer à l'ultime épreuve de recrutement : un jeu de rôle sous la forme d'une prise d'otages. Il s'engage corps et âme dans cette lutte pour retrouver sa dignité. S'il se rendait compte que les dés sont pipés, sa fureur serait sans limite. Et le jeu de rôle pourrait alors tourner au jeu de massacre… "

Vous avez saisi la problématique et le potentiel? Eh bien je peux vous dire que P. Lemaitre va en tirer le maximum. Il ne nous épargnera aucun rebondissement inattendu, aucune surprise, aucune angoisse, aucun succès enivrant, aucune défaite cuisante. Les règles du management qui sont les bases de la formation de Delambre, vont être implacablement mises à l'épreuve du réel, car c'est vers elles que se tournera notre héros à chaque fois qu'il sera en danger de perdre pied.

On part d'un chômeur désespéré que l'on voit accomplir les derniers mètres de descente au 36ème dessous en entraînant toute sa famille et qui réalise que son ultime espoir n'était en fait qu'un mirage, pire, une cruelle et impitoyable manipulation des nantis sur sa misère. A partir de là, comme on dit "le cave se rebiffe" et ça va faire TRES mal, à tout le monde.

Évidemment, on est là pour l'aventure, le suspens, le danger et les surprises. Il serait stupide de lire ça comme un documentaire sur le chômage ou même sur la banditisme (en col blanc ou survet'), la vie carcérale etc. N'allez pas bloquer sur les
invraisemblances, elles sont nombreuses et, je pense, assumées. Quand vous lisez James Bond, vous ne protestez pas que ce n'est pas possible. Laissez-vous mener en bateau. Prenez votre plaisir là où il est. Ca commence un peu lentement pour la mise en place et le lancement (trop longs à mon avis) intéressants mais manquant de rythme, mais je peux vous rassurer, ça va bien bien durcir et accélérer par la suite. Vous ne serez pas déçus. Et au moins, on ne peut pas accuser Lemaitre de manichéisme, car son héros qui manipule et utilise tout le monde, même ses alliés, n'est pas vraiment sympathique non plus. Notre chômeur acculé est vraiment prêt à tout, et il le montre. Et il se trouve qu'il a des dons et de la ressource.

Ca ne sera peut-être pas votre Lemaitre préféré, mais si vous passez le cap du démarrage façon diesel, vous en aurez pour votre lecture.



978-2253157212



29 mars 2025

Oscar Wilde et le nid de vipères

de Gyles Brandreth

****


Mais ce pauvre Oscar a-t-il bien mérité cela???

Je résiste à tout, sauf à la tentation, disait Wilde (le vrai), fidèle à son exemple, je n’ai pas résisté à l’appel du quatrième volume de la série que Gyles Brandreth a lancée et dans laquelle il imagine Oscar Wilde en détective.

A chaque fois je me demande: "Mais ce pauvre Oscar a-t-il bien mérité cela??" et je ne peux pas honnêtement l'affirmer, mais chaque fois aussi, je finis par céder au charme de l'énigme et de l’enquête que je m'efforce de résoudre et mener à bien. Car je crois que c'est cela qui sauve ces romans policiers à l'audace (utiliser un écrivain réel) peut-être exagérée. Ce sont des "whodunit" à l'ancienne dans lesquels le lecteur peut vraiment essayer de trouver la solution. Ici, pas de deus ex machina ou d'information de dernière minute qui change toute la donne, mais un raisonnement logique que l'on peut tenter de mener à son terme. C'est amusant.

Bien que Gyles Brandreth soit un spécialiste de Wilde et qu'il puisse en parler en toute connaissance de cause, ce Wilde qu'il nous met en scène n'est évidemment pas le vrai Wilde, c'est un personnage mythique c'est à dire né d'un mythe autour de la personnalité de l'écrivain irlandais. On imagine que sa vivacité d'esprit puisse servir à résoudre des énigmes particulièrement complexes, on imagine que l'élégance et l'anticonformisme de son mode de vie puisse s’accommoder de fréquentations étranges, voire dangereuses et côtoyer des crimes... Et, pour enrichir le tout, Brandreth recycle avec savoir-faire les aphorismes et sentences wildiens pour notre plus grande jubilation.

Oscar n'est d'ailleurs pas le seul personnage réel utilisé dans cette série puisque nous y retrouvons entre autres Conan Doyle (qui allie une rigueur -voire raideur- morale et une naïveté qui le portera bientôt à croire aux fées) et Bram Stoker. Le narrateur de toutes ces aventures lui-même, Robert Sherard est un vrai écrivain, réellement ami d'Oscar Wilde et même son premier biographe. En fait, Brandreth, sans chercher plus loin, nous a mis Oscar dans le rôle de Sherlock Holmes et Shérard dans celui de Watson. Le pauvre Sherard n'est d'ailleurs pas épargné, on le dit "falot", terne etc. mais après tout, la neutralité de ton ne fait-elle pas le bon témoin?

Pour cette quatrième aventure, Wilde a vieilli. C'est assez pathétique, surtout au début du roman, ensuite l'action le ragaillardit un peu. D'autre part Brandreth est moins précautionneux sur la nature de sa vie sexuelle et il cesse de ne voir des jeunes gens que pour leur donner des cours. Ecoutons l'un d'eux:

"Je suis venu m'asseoir à côté de lui sur le lit, et j'ai tourné la tête de façon qu'il puisse mieux admirer mon profil.

-Qui êtes-vous Rex? Qu'êtes-vous? Me raconterez-vous l'histoire de votre vie?

Comme il (Wilde) posait sa main sur ma cuisse, je me tournais vers lui et lui souris. Mes lèvres, en s'entrouvrant, lui révélèrent combien mes dents sont blanches et mes canines acérées. Il a éclaté de rire et, jetant sa cigarette, il s'est penché pour m'embrasser."

En dehors de ce coming out auquel nous devons peut-être tout le rose -quelque peu excessif lui aussi- de la couverture, il est cette fois-ci question de vampires (d'où les canines acérées bien que plus loin Stoker parle des prémolaires mais on se demande ce qu'elles viennent faire là-dedans, passons, fin de la parenthèse), Charcot est nettement mis en cause et les frontières entre hypnotisme et charlatanisme se brouillent.

Un épisode donc bien intéressant de ces improbables aventures d'Oscar Wilde, peut-être le meilleur jusqu'à présent, je n'ai pas boudé mon amusement mais en revanche, j'ai tout oublié presque immédiatement. Mémoire sélective.


1. Oscar Wilde and the Candlelight Murders (2007) Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles

 2. Oscar Wilde and the Ring of Death (2008) Oscar Wilde et le jeu de la mort

3. Oscar Wilde and the Dead Man's Smile (2009)  Oscar Wilde et le cadavre souriant

4. Oscar Wilde and the Nest of Vipers (2010) Oscar Wilde et le nid de vipères

 5. Oscar Wilde and the Vatican Murders (2011) Oscar Wilde et les Crimes du Vatican 

6. Oscar Wilde and the Murders at Reading Gaol (2012)  Oscar Wilde et le Mystère de Reading

978-2264051240

09 mars 2025

Baignade accompagnée

de Serge Brussolo

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D'abord, je tiens à le préciser, je suis fan de Serge Brussolo. Il a un vrai don pour nous accrocher à des histoires surprenantes qui nous tiennent en haleine d'un bout à l'autre. Avec lui ne se posent pas les questions de vraisemblance, mais les histoires ont toujours une solide logique interne qui permet de s’y croire. De plus, il aime et il sait mettre en action des héroïnes qui n'ont pas froid aux yeux. Et justement, pour cette "Baignade accompagnée", nous en retrouvons une que nous avions déjà rencontrée dans des circonstances tragiques dans "Les enfants du crépuscules" et que nous retrouverons ensuite dans "Iceberg Ltd" (tous deux bien meilleurs à mon avis) parce qu'il faut bien dire que, je ne sais pas pourquoi, je n'ai pas vraiment accroché à celui-là. Pourtant tout y est, l'environnement hyper dangereux (les requins de Key West), les ennemis tout aussi dangereux (qu'ils soient du clubs des mutilés d’attaques de requins que le choc a sérieusement fêlés ou ninjas sadiques trafiquants de drogue) et l'art du récit est toujours aussi bien maîtrisé par l'auteur. Non, je ne sais pas, quelque chose n'a pas marché pour moi. Déjà, les requins ne font pas du tout partie de mes phobies et la plongée sous-marine, pour moi, c'est un peu comme marcher sur la lune, je sais que certains le font mais je ne m’identifie pas. Ou peut-être tout simplement que je n'étais pas d'humeur, bref, j'ai tout lu, j'ai même été surprise par le twist final, mais je n'y suis jamais allée à fond. Mais allez-y, vous, tentez le coup, vous verrez bien.

Voici l'histoire: Peggy Meetchum gravement déstabilisée par ses aventures des "Enfants du crépuscule" n'a jamais pu reprendre une vie "normale". Après des errances borderline, elle finit par se calmer un peu en s'établissant sur une plage de Floride bien que les requins y pullulent. Elle y a installé une fausse épave immergée qu'elle fait visiter aux touristes qui veulent marier plongée et émotions fortes (étant bien entendu qu'ils ne se feront pas vraiment croquer, mais qu'entend-on par "bien entendu"?). Par ailleurs, elle arrondit ses fins de mois en gardant un parc de requins pour un laboratoire qui les utilise à des fins expérimentales. Un jour, elle trouve dans sa fausse épave, un container suspect. Quelqu’un utilise son décor comme cachette pour ce qui semble bien être de la drogue. Sans trop réfléchir, elle l’emporte pour l’observer de plus près. Ce n’était clairement pas une bonne idée, tout le reste du livre va le lui prouver.


Série Peggy Meetchum : 3 romans distincts qui peuvent se lire dans le désordre.

Les Enfants du crépuscule

Baignade accompagnée

Iceberg Ltd


 978-2253171584

27 février 2025

Sur la dalle

de Fred Vargas

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Sorti en 2023, ce nouvel épisode des aventures du Commissaire Adamsberg est le dixième de la série. Dix, ce serait un bon nombre pour arrêter, non ? Je revois mon enthousiasme en découvrant ce flic pratiquement à sa sortie (1991). Je me suis régalée de ses aventures, de sa tournure d’esprit et de son humanisme. On découvrait le flic anti-flic (Marleau s’annonçait). Je me précipitais sur chaque nouvelle sortie. Au fil des années, les nombres de pages sont devenus de plus en plus importants alors que mon intérêt prenait le chemin inverse. Je les lisais encore mais avec un délai de plus en plus important, lui aussi. Je ne me précipitais plus et je subissais des déceptions… et je vois bien que s’il y a un onzième, il n’est pas du tout sûr que je le lise (euphémisme).

Que se passe-t-il ? Eh bien d’abord, c’est toujours la même recette. Il y a des scènes qu’on est sûr de trouver : Début avec un sauvetage d’animal, attitude ou aspect du Commissaire qui stupéfie tout le monde. Il ne fait pourtant rien de bien extraordinaire, tarde à trouver le coupable et il y aura encore quelques malheureuses victimes avant qu’il ne mette la main sur l’assassin qui n’avait d’ailleurs plus qu’une seule proie en vue.

570 pages, c’est beaucoup, et même disons-le, c’est trop. De repas plantureux et répétitifs en promenades nonchalantes, on traverse des situations désespérées qui se résolvent d’un coup, on connaît des rebondissements invraisemblables (menottes cassées, bof, bof), on s’appuie sur des affirmations péremptoires peu étayées (un personnage est le sosie de Chateaubriand ce dont tout le monde s’extasie mais vu les portraits qu’on en a il doit y avoir plusieurs milliers d’hommes – et même quelques femmes- dans ce cas, à commencer par Souchon). On retrouve les mêmes caractéristiques des personnages que d’habitude, mais carrément poussées jusqu’à la caricature (le commissaire comme ses adjoints ou l’entourage).

Et heureusement que l’entourage d’ Adamsberg est là pour répéter à de nombreuses reprises combien ils est admirable, parce que nous, on n’y songerait pas. Son vocabulaire semble même s’appauvrir. Il a toujours eu du mal avec les mots difficiles mais là, ils n’ont même plus besoin de l’être pour qu’il s’y emmêle. Des "bulles de pensée" vaseuses font péniblement surface apportant la révélation... Bref, Adamsberg se caricature. Le Commissaire s’essouffle. Les dialogues sont affligeants voire même parfois à la limite du ridicule. Quant à l’explication de l’énigme elle-même, elle a beau être cachée derrière une autre affaire de nature moins surprenante pour embrouiller le lecteur, on ne peut pas ne pas voir qu’elle pulvérise les scores du niveau d’invraisemblance. C’est carrément une histoire à dormir debout. On a donc au final lu presque 600 pages d’un polar gentil mais très moyen (audiolu pour moi, mais quand même...), je ne pense pas le refaire.

Quant au dolmen censé inspirer Adamsberg, je ne l’ai même pas vraiment visualisé.

Par contre, les souvenirs éveillés par cette mésaventure m’ont remis en tête la série des "Évangélistes" que j’avais bien aimée aussi. J’en ai donc ressorti un des volumes et je vais voir si j’apprécie encore. Je vous parlerai bientôt.


‎ 978-2290397848

02 février 2025

Habemus Bastard

Scenario de Schwartzmann Jacky

Dessin de Vallée Sylvain

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Histoire en deux volumes, ce sera donc les deux, sinon rien, ou vous allez rester en plan en plein milieu de l’aventure.

Un tueur poursuivi par des truands très dangereux bien décidés à lui faire la peau, saisit l’occasion de se cacher en se faisant passer pour le nouveau curé attendu dans un village. Personne ne peut se douter de cette astuce. C’est la planque idéale, si ce n’est qu’il ignore tout de la religion et de ce qu’est censé faire un curé, et le premier dimanche arrive vite.

Qu’à cela ne tienne, d’autant qu’il n’a pas le choix. Il pense que quelques vidéos sur le net lui permettront de trouver de quoi meubler son sermon. Mais ce n’est pas gagné.

Grâce à sa nouvelle fonction, il ne met pas longtemps à connaître quelques petits secrets locaux et à réorganiser les choses à sa convenance, grâce cette fois à son ancienne fonction. Ayant notablement amélioré ses conditions de vie, notre nouveau curé prend goût à son nouveau rôle et se voit bien s’installer là. C’est évidemment à ce moment-là que son ancienne vie le rattrape et que tout part en vrille...


Jacky Schwartzmann, auteur de polars, a fourni le scenario de ces BD où l’on retrouve quelques uns de des thèmes qui lui sont chers : trafics en tous genres, criminel sympathique quand même (quoique...), figure d’autorité qui n’est pas tel qu’on le croit, flic qui prend cher etc. Les vieux rouages fonctionnent bien. Ca n’est pas d’une originalité absolument ébouriffante (des truands bouleversant la vie de villages reculés où ils sont partis se cacher, on en a quand même déjà vu quelques uns, et même en curés), mais ça marche encore. Un ton non dénué d’humour fait plaisamment passer le tout.

Les dessins sont parfaits. J'avais déjà apprécié son "Tananarive", Sylvain Vallée n’est pas un inconnu, un Prix à Angoulême en 2011, et le grand prix du Quai des bulles au festival de Saint-Malo en 2015. Excusez du peu.



 978-2205089943      et     978-2205211306



14 janvier 2025

La Carrière du mal

de Robert Galbraith - J.K. Rowling

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Ceux qui me suivent le savent, au fil des occasions, je lis dans l’ordre la série de Robert Galbraith, "Cormoran Strike". C'est que j'aime bien le duo Robin-Cormoran, le décor londonien et la façon classique et musclée dont ils mènent les enquêtes... Bref, c'est un tout qui fait que je trouve cette série sympathique. Cette "Carrière du mal" est le troisième volume, et pour l’instant, il a été le moins plaisant à lire pour moi. Non que nos deux héros aient changé, mais parce que l'auteur a choisi de nous faire entrer dans les pensées du coupable, un sadique fou de haine qui ne rêve que de mutiler des femmes (excusez du peu) et dont les délires vont revenir d’un bout à l’autre du livre. Je sais que l'époque ne répugne pas à ces évocations et que beaucoup de lecteurs ne vont pas tiquer là-dessus, mais comme vous savez, je suis old school et moi, ça m'a été pénible. Ça commence d'ailleurs dès le premier chapitre, cela vous permettra de voir tout de suite si vous appréciez ou non. En ce qui me concerne, si ça n'avait pas été une série que je commençais à bien connaître et aimer, n'étant pas intéressée par les dingues, je ne serais pas allée plus loin, mais là, je savais bien qu'il y aurait autre chose. Et je dois reconnaître qu'en dehors de ces passages réguliers dans la poubelle puante qui lui sert de cerveau, ce volume est aussi bon que les autres. J'ai seulement dit plus haut que j'y avais pris moins de plaisir. Cormoran est égal à lui-même et son agence oscille toujours entre opulence et ruine totale. Le rôle de Robin dans cette aventure est plus important que précédemment. Cormoran ne peut plus nier ses qualités. Son mariage est prévu pour la fin du volume et la voilà promue associée! Ou pas.

En attendant, elle semble bien être la cible du tueur dont je vous parlais au début. A moins que ce ne soit Cormoran... ? On est en plein brouillard londonien et on ne le quittera que pour des virées écossaises, ce qui, vous ne serez pas surpris, n'améliorera pas la météo.

Les têtes de chapitre sont toutes des citations de chansons du groupe "Blue Oyster Cult » dont j'ignorais jusqu'à l'existence mais que J.K. Rowling semble apprécier. Je suis bien sûr, allée me renseigner, écouter etc. C'est si facile de tout savoir avec internet! Vous ferez de même si votre curiosité est titillée.

Je tiens à dire que pour la première fois j’avais trouvé le coupable, ce qui n’est jamais désagréable. Je suis tout à fait prête à plonger dans le tome quatre "Blanc mortel" à la moindre occasion, mais je n'ai quand même pas que ça à lire alors ça se fera quand ça se fera mais j'espère de tout mon cœur que Galbraith se sera calmé sur les fouilles psychiatriques. Beurk!


Quatrième de couv

"En arrivant au bureau un matin, Robin – la jeune assistante du détective privé Cormoran Strike – trouve un colis qui lui est personnellement adressé. À l'intérieur : la jambe tranchée d'une femme. Pour Cormoran Strike, seuls quatre individus sont capables d’une telle atrocité. Quatre noms tout droit sortis de son propre passé. Persuadés que la police fait fausse route, Strike et Robin se lancent dans une enquête périlleuse, traquant un tueur psychopathe et fétichiste aux motivations insoupçonnables…"


Série Les Enquêtes de Cormoran Strike

 L'Appel du Coucou ( The Cuckoo's Calling, 2013)

 Le Ver à soie (The Silkworm, 2014)

 La Carrière du mal (Career of Evil, 2015)

 Blanc mortel (Lethal White, 2018)

 Sang trouble (Troubled Blood, 2020)

 Sang d'encre (The Ink Black Heart, 2022)

 Pas encore traduit : The Running Grave, 2023

 978-2253086536