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10 janvier 2022

 Mrs Palfrey, Hôtel Claremont 

d' Elizabeth Taylor

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Non, il ne s'agit pas de la Elizabeth Taylor qui a passé sa vie à se battre avec Richard Burton, il s'agit d'une autre Elizabeth Taylor, née vingt ans plus tôt et qui a passé la sienne à écrire.

Ceci est ma première lecture de cette auteure dont j'ignorais tout, lecture due à sa découverte dans une boîte à livres que je fréquente régulièrement. Pourquoi l'ai-je pris ? Parce que cela se passait dans un hôtel et ceux qui me connaissent savent que je ne peux pas résister à un roman localisé dans un hôtel ou autre pension de famille. Je m'attendais plus ou moins à lire une douce bluette surannée et un peu niaise mais ce n'était pas grave, le roman dépassait à peine ses deux cents pages et il faut bien se détendre parfois. Mais j'avais tort. Rien de niais ni de superficiel dans ce récit qui avait pourtant tout pour être convenu.

Nous sommes au début du vingtième siècle et, en Angleterre du moins -j'ai l'impression que nous n'avons pas eu l'équivalent en France, mais je me trompe peut-être-, les personnes âgées solitaires qui en ont les moyens mais ne peuvent plus entretenir une maison, vont vivre à l'hôtel ou dans des pensions en attendant que leur décrépitude les envoie dans des maisons de retraite ou des mouroirs. A l'heure actuelle, les différentes aides à domicile puis « résidences seniors » ont remplacé l'hôtel, mais ça se termine pareil évidemment. Nous assistons donc à l'arrivée à l'Hôtel Claremont, de Mrs Palfrey, récemment veuve et ne pouvant vivre chez sa fille. Elle y découvre aussitôt les autres locataires permanents, aussi seuls et âgés qu'elle et les interactions de ce microcosme. Nous allons suivre son adaptation à sa nouvelle vie et les rencontres somme toute nombreuses qu'elle fera, parachutée qu'elle est dans un nouvel univers avec ce so british souci de ne jamais paraître ni faible, ni déstabilisée.

Ce qui charme, c'est quand même l'originalité des rebondissements dans ce canevas qui avait tout pour être banal et surtout, la finesse de l'observation et de la description. Et il y a aussi toujours une légère touche d'humour, un recul amusé et tendre. Aucun manichéisme. Personne n'est blanc, personne n'est noir. Tous montrent de vraies natures, des passés, des rêves, des peurs, des espoirs s'amenuisant, des raisons, des mobiles, des philosophies etc. Mieux , ils sont tous vus avec autant d'indulgence que de lucidité, ce qui n'est pas facile, aussi bien dans la vie que dans les romans. C'est vraiment remarquable. Par ailleurs on est loin du monde d'Amélie Poulain ou de tout univers dans lequel tout le monde serait beau et tout le monde serait gentil. On est dans la réalité, brutale et indifférente, qui attend que les vieux meurent, sans faire trop d'histoires ni de dérangement. C'est une excellente peinture et une vraie réflexion sur l'âge et la solitude.

Je me laisserai sûrement encore tenter par le charme vieillot et la saveur douce-amère des romans de Mrs Taylor.


« Elle se rendit compte qu'il ne lui arrivait plus jamais, à présent, de marcher sans y penser ; elle devait même se concentrer ; naguère, marcher était semblable à respirer, une chose à laquelle on ne prêtait aucune attention. »


9782869304451