21 avril 2020

L'Automne à Pékin 
de Boris Vian
****,



"Angel attendait Anne et Rochelle; assis sur la pierre usée de la balustrade, il regardait les techniciens procéder à la tonte annuelle des pigeons du parc. C'était un spectavle ravissant. Les techniciens portaient des blouses blanches très propres et des tabliers de maroquin rouge, matqués aux armes de la ville."

Différents personnages parisien se retrouvent à installer une voir ferrée dans le désert au profit d'une multinationale. Il y a une historie d'amour malheureux, des vies et des morts, des chocs types et des salauds, des enfants et des vieux; et c'est l'écriture inégalée de Vian.
Excellent.

"Ce qui faisait dire à Athanagore: dans ces pays où le pied règne en maitre, il serait bon que le mètre prit pied."

"Tout ce que disait Angel remuait de très vieilles choses au fond d'Athanagore, des idées longues et minces et complètement aplaties sous une couche d'évènements plus récents, si aplaties que, vues de profil comme en ce moment, il ne pouvait ni les différencier, ni distinguer leur forme et leur couleur: il les sentait seulement se déplacer en dessous, sinueuses et reptiliennes. Il secoua la tête et le mouvement s'arrêta; effrayées, elles s'immobilisaient et se rétractaient."

Dans sa postface, François Caradec souligne "le goût de la confusion sémantique" chez Vian.


12 avril 2020

Conan Lord : Carnets secrets d'un cambrioleur

de Serge Brussolo
***
4ème de couverture :
"Londres, 1945. Les exploits de Conan Lord défraient la chronique. Qui est donc ce cambrioleur insaisissable qui signe ses forfaits en rayant les miroirs, comme si son image lui était insupportable ? Un nazi clandestin, un anarchiste ? Un soldat défiguré par la guerre et décidé à se venger ?
Cependant, au square, le jeune Richard Shieldrake a lié connaissance avec un autre garçonnet, Tiny, lui aussi accompagné de sa nurse. Etrange enfant, celui-là, qui, une fois sorti du jardin, allume une cigarette et boit un coup.
Quelque temps plus tôt, le cirque Paddington a brûlé dans les bombardements. On y exécutait pour appâter le public les numéros les plus dangereux..."

Un faux air XIXème pour ce polar situé début du XXème, je ne sais pas à quoi c'est dû et s'il n'y a qu'à moi que cela donne cette impression. On se croirait plus dans du Lupin un peu plus sexué et violent.  Une bien étrange affaire pour un cambriolage compliqué. Conan Lord est un homme de 27 ans (je crois) dont le corps est resté inchangé depuis ses dix ans. C'est pratique pour les cambriolages, mais pas pour s'épanouir.

Il y a un 2ème volume des aventures de Conan Lord. Pas tentée.

Il y a encore une petite maison dans la grande. Ça devient une constante. 

A noter: Le héros du Sourire noir (pourtant paru un an avant) est un écrivain du nom de David Sarella, célèbre pour être l'auteur des nombreuses aventures de Conan Lord… David Sarella sera aussi le nom du héros récurrent d'une série SF de Brussolo.


Série Conan Lord
* Carnets secrets d'un cambrioleur
* Le Pique-nique du crocodile.

10 avril 2020


Miroir de nos peines
de Pierre Lemaitre

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4ème de couv.
"Avril 1940. Louise, trente ans, court, nue, sur le boulevard du Montparnasse. Pour comprendre la scène tragique qu'elle vient de vivre, elle devra plonger dans la folie d'une période sans équivalent dans l'histoire où la France toute entière, saisie par la panique, sombre dans le chaos, faisant émerger les héros et les salauds, les menteurs et les lâches... Et quelques hommes de bonne volonté."

Pas mal, sans être une grande œuvre littéraire. Peinture de l'impéritie du pouvoir (qui résonne bien avec la situation du début du Covid 19). L'exode, les héros du quotidien, les victimes innocentes, la médiocrité majoritaire normale. Rien de changé, mais à côté de ce désastre, le Covid est quand même moins rude.


Intéressant, plaisant à lire

05 avril 2020

Pèlerins des ténèbres
de Serge Brussolo
***,
4ème de couverture :
"Enfermé dans une cage de fer, dans les oubliettes d’une abbaye, un moine dément raconte que le pèlerinage dont il avait la charge s’est terminé en enfer. Le diable, affirme-t-il, a emporté tous ceux qui l’accompagnaient.
Que se passe-t-il en réalité dans les montagnes où serpente l’interminable route menant aux reliques de saint Gaudémon, martyr jadis supplicié par Caligula, l’empereur fou ? Une chose est sûre, beaucoup de gens disparaissent et les sommets semblent habités par des créatures de légende qui ont fait des pèlerins leur gibier quotidien.
Quel secret, quel complot hérétique tente-t-on de dissimuler sous le masque de la superstition ?
Marion, la jeune tailleuse d’ex-voto, sera-t-elle plus chanceuse que ceux qui l’ont précédée sur les chemins du mystère... ou succombera-t-elle, à son tour, aux sortilèges du pèlerinage maudit ?"

Les héros de Brussolo sont vraiment très souvent des héroïnes. Des femmes d'action, courageuses, décidées, intelligentes. Nous en avons ici une version médiévale avec un mystère qui se tient et une fin à la hauteur du récit. Pas mon préféré mais TB quand même.


Série Marion l'ymagière
* Pèlerins des ténèbres
* La Captive de l'hiver

02 avril 2020

Dortoir interdit 
de Serge Brussolo
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Présentation de l'éditeur :
"Quand on est embauché par une agence immobilière spécialisée dans les anciennes " scènes de crime ", mieux vaut s'attendre au pire...
Quand Mickie Katz, jeune décoratrice d'intérieur fraîchement recrutée par L'Agence, découvre sa première mission, elle comprend qu'elle va devoir s'attendre au pire...
Et elle n'est pas déçue quand elle rencontre son premier client. Ce nabab du pétrole, obsédé par la Troisième guerre mondiale et la guerre de Sécession, vient en effet d'acquérir un bunker creusé dans le désert du Nevada par l'US Army au temps de la guerre froide. Le rôle de Mickie est simple : redécorer le labyrinthe de béton pour en faire un paradis cinq étoiles qui rendra la claustration agréable aux survivants du conflit.
Mais rapidement, les événements vont prendre un tour inquiétant et Mickie va devoir lutter pour sa vie..."


Enfermée chez moi car période de confinement 2020, je voulais me changer les idées complètement. Je me fichais de la vraisemblance et j'interdisais qu'on me parle de son enfance ou des replis secrets de son âme profonde (si communs et médiocres, en fait). Je voulais qu'il y ait de l'action, que ça me captive et que ça m'emmène loin de là où mon enveloppe charnelle se trouvait coincée. J'ai mis la main sur une pile de Brussolo et le problème s'en est trouvé réglé de façon fort satisfaisante.


01 avril 2020

Manifesto 
Léonor de Récondo
***

Quatrième de couv':
"« Pour mourir libre, il faut vivre libre. » La vie et la mort s'entrelacent au cœur de ce « Manifesto » pour un père bientôt disparu. Proche de son dernier souffle, le corps de Félix repose sur son lit d'hôpital. À son chevet, sa fille Léonor se souvient de leur pas de deux artistique – les traits dessinés par Félix, peintre et sculpteur, venaient épouser les notes de la jeune apprentie violoniste, au milieu de l'atelier. L'art, la beauté et la quête de lumière pour conjurer les fantômes d'une enfance tôt interrompue. Pendant cette longue veille, l'esprit de Félix s'est échappé vers l'Espagne de ses toutes premières années, avant la guerre civile, avant l'exil. Il y a rejoint l'ombre d'Ernest Hemingway. Aujourd'hui que la différence d'âge est abolie, les deux vieux se racontent les femmes, la guerre, l'œuvre accomplie, leurs destinées devenues si parallèles par le malheur enduré et la mort omniprésente. Les deux narrations, celle de Léonor et celle de Félix, transfigurent cette nuit de chagrin en un somptueux éloge de l'amour, de la joie partagée et de la force créatrice comme ultime refuge à la violence du monde."

C'est bien écrit et c'est court. C'est grâce ou à cause de cela que je l'ai lu entièrement, mais c'est de l'auto-machin et je suis réfractaire au genre. C'est court parce que c'est de la littérature qui n'a pas de souffle, pas d'ampleur et qui n'a pas grand chose à raconter. Je n'arrive plus à me rappeler comment j'ai eu ce livre, mais il était là et, deux mois de confinement aidant, je l'ai lu.

Ici, la mort du père. Donné pour ce qui s'est vraiment passé, ce qui le met au-dessus de la critique littéraire. Evocation de souvenirs familiaux. Et, parce que le père l'a rencontré hyper brièvement, une fois, il y a si longtemps, une discussion inventée entre le père et l'écrivain, qui se poursuit tout au long du livre, comme s'ils étaient de vieux amis. Ca donne une impression d'artifice et de snobisme.

Pas trop aimé, donc, mais jolie écriture.