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11 février 2021

Ferdinaud Céline


de Pierre Siniac


*****

Pierre Siniac est né à Paris en 1928 . Il n'a pas fait de longues études mais a, au contraire, quitté l'école à 14 ans pour l'apprentissage qu'il quitte également pour parcourir la France en se louant dans les fermes pour gagner de quoi vivre.

Après la guerre, il rejoint les villes et multiplie les petits boulots et pourtant, depuis qu'il est enfant, il se sent l'âme d'un écrivain et, de plus en plus, il écrit.
Son premier roman "Illégitime défense", paraît en 1958. C'est un roman policier et ce seront tous des romans policiers. Ils seront nombreux.
Il reçut en 1981 le Grand Prix de Littérature Policière pour "Un assassin ça va ça vient".
Il est mort seul en 2002. Il n'avait pas fait fortune.

Un drôle de titre pour un drôle de livre.

Le titre, vous l'avez peut-être mal lu, ce n'est pas Ferdinand Céline, mais Ferdinaud Céline. Si vous aviez mal lu, vous êtes très bien parti, car comment mieux entamer que par une erreur littéraire ce livre qui ne parle que de cela ?

Ce roman est un des derniers de la bonne quarantaine (un peu plus, je crois) de romans et recueils publiés par Siniac. C'est un livre qui est à la fois un excellent roman policier et un ouvrage intéressant sur la création littéraire.

En ce qui concerne la face littérature, tout y est évoqué : le point de vue de l'écrivain, les affres et le besoin de la création, le "don" d'écriture (avec cette possibilité qu'il soit détenu par quelqu'un pêchant fortement par ailleurs sur le plan humain... le titre a de multiples raisons d'être-), l'édition (ses grandeurs et ses vicissitudes), la critique littéraire (son rôle et ses facilités)... Tout y est évoqué par un Siniac dont c'est le monde depuis des décennies et qui sait donc de quoi il parle. C'est d'ailleurs également un roman à clé et on peut beaucoup s'amuser à deviner les hommes politiques, écrivains, critiques, journaux et maisons d'édition cachés sous les prête-noms plus ou moins transparents.

Cependant, nous avons ici affaire à un polar.

En ce qui concerne la face "énigme meurtrière", elle est très bien montée et je pense que malgré beaucoup de réflexion, nombreux sont ceux qui, comme moi, ne comprendront le fin mot de l'histoire que lorsqu'il leur sera révélé. Les crimes sont assez terribles, surtout le premier (qui survient d'ailleurs assez tard dans le récit) et, j'ai eu beau tourner plus ou moins autour de la solution, je dois avouer que je n'avais pas tout compris.

Pour ceux que le style intéresse aussi, ce roman mérite encore d'être lu. L'écriture est toujours de qualité. Siniac s'est en effet amusé à jongler avec une grande variété d'outils, sans jamais désarçonner le lecteur, mais en lui permettant, comme par différentes caméras, différents angles de vue : changements de narrateurs, mais aussi de temps et de mode de narration. Vous verrez, c'est assez curieux de voir, vers la fin, un des personnages prendre soudain la parole pour un court passage à sa façon.

Un long roman noir et beau à l'intrigue prenante, où l'on ne craint pas de causer avec passion, meurtres et littérature.

Extrait :

«- Et Flaubert alors? J'insiste.

Elle s'est collé une Malboro aux lèvres.

- Merde, Flaubert. Paul Léautaud a comparé les bouquins de Flaubuche à des travaux d'ébénisterie. C'est net, impeccable, ça brille partout... Résultat : l'ennui.

- Léautaud est un con.

- Le spontané ! Le premier jet! Même si c'est un peu baveux? un peu gros, gros et maladroit... tant pis... C'est comme l'andouillette. Herriot l'a dit. Pour qu'elle soit bonne, il faut un peu de merde.

    • Herriot est le roi des cons.»



978-2743608828