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08 mars 2024

Lune captive dans un œil mort

Pascal Garnier

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Présentation de l'éditeur:

"Martial et Odette viennent d’emménager dans une résidence paradisiaque du sud de la France, loin de leur grise vie de banlieue. Les Conviviales offrent un atout majeur : protection absolue et sécurité garantie – pour seniors uniquement.

Assez vite, les défaillances du gardiennage s’ajoutent à l’ennui de l’isolement. Les premiers voisins s’installent enfin. Le huis clos devient alors un shaker explosif : troubles obsessionnels, blessures secrètes, menaces fantasmées du monde extérieur. Jusqu’à ce que la lune, une nuit plus terrible que les autres, se reflète dans l’œil du gardien…

Avec beaucoup d’humour et de finesse, malgré la noirceur du sujet, Pascal Garnier brosse le portrait d’une génération à qui l’on vend le bonheur comme une marchandise supplémentaire. Une fin de vie à l’épreuve d’un redoutable piège à rêves."


Je suis une fan de Pascal Garnier, sa finesse, son humour noir et même féroce, son talent de narrateur. J'avais presque tout lu de lui, il y a des années et depuis, régulièrement, j'en relis un, pour le plaisir et pour la nostalgie. Ce thème a été beaucoup repris, mais P. Garnier a été un des premiers à le traiter , et de façon tout à fait réussie.

Moi j'ai vu cette histoire comme le récit de la montée de la folie en milieu clos. Ils ont tous une petite fêlure et, l'âge et les circonstances (vase clos)  aidant, cette fêlure devient une crevasse puis un abime dans lequel ils se perdront. L'une croit de plus en plus que son fils n'est pas mort, l'autre est totalement subjugué par l'idée de tuer, un troisième développe une paranoïa aiguë fixée sur les Gitans etc. Sans parler de celle qui est arrivée déjà fêlée... Aucun n'est indemne. Tout dérape bientôt, doucement d'abord puis de plus en plus vite. D'autant que l'élément extérieur qui pourrait les raccrocher à la réalité s'adonne à la fumette de façon compulsive ce qui, tout le monde vous le dira, n'améliore ni la lucidité, ni l'efficacité. Pour tout arranger, l'alcool, d'abord discret, se répand de plus en plus librement sous couvert d'apéritifs et repas entre voisins, et ça non plus, question lucidité et efficacité... ça n'aide pas.

J'ai aussi lu cette histoire comme une histoire drôle, un humour noir et féroce, soit, mais terriblement présent. Certaines scènes (comme le tour de rein de Maxime par exemple) ne vous laisseront certainement pas insensibles. Et même l'explosion finale a un côté grand-guignolesque qui stupéfie les sauveteurs eux-mêmes (à qui il sera quand même bien difficile de tout expliquer).

Non, quoi qu'on fasse, la fin de vie vue par Pascal Garnier -un de ses thèmes favoris- c'est salissant et ça éclabousse un peu.


9782843044656

#Lunecaptivedansunœilmort  #PascalGarni


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26 juillet 2021

Nul n'est à l'abri du succès 

de Pascal Garnier

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… ni du naufrage

Ce roman de Pascal Garnier diffère un peu de nombreux autres dans la mesure où le personnage principal n’est pas un vieillard qui doit affronter sa mort prochaine. Il a juste la cinquantaine, il boit beaucoup trop, ses vies sentimentale, familiale et professionnelle sont des fiascos et il est toujours fauché.

Il est écrivain. Il n’a écrit que de petits romans sans ambition et puis, parce que "nul n'est à l'abri du succès", il se voit soudain décerner un prix (on ne saura jamais lequel), inviter sur les plateaux de télévision, et ses ventes explosent. Il devient riche, achète une belle maison et le directeur de sa banque désire être son ami. Au même moment, il vit un amour inespéré. Bref, une existence idyllique a remplacé la galère, si ce n’est dans le domaine de la picole, mais ça, c’est plus facile à attraper qu’à lâcher.

Et donc, alors que tout va tellement bien, notre auteur décide de s’offrir une dernière virée en compagnie de son dealer de fils… et va s’apercevoir que si on peut tout gagner rapidement et comme par hasard, on peut aussi tout perdre de la même manière.

Ecrit par Pascal Garnier alors qu’il avait lui-même la cinquantaine et ne s’était pas encore vu décerner de prix littéraire notable, ce roman fut celui qui lui valut son premier : le prix du festival Polar dans la ville 2001. Il est d’ailleurs écrit à la première personne, ce qui n'est pas habituellement le cas. Sans doute une rêverie avant réalisation, une variation sur le thème de ce qui pourrait arriver s’il obtenait un Prix.

C’était un signe non ? Pourtant, moi qui apprécie beaucoup l’œuvre de Pascal Garnier, je ne trouve pas que ce roman soit l’un de ses meilleurs, du moins dans sa première partie que j’ai trouvée pleines de lieux communs, de formules passe-partout et d’aphorismes humoristiques déjà entendus ailleurs. Heureusement, cela s’améliore constamment ensuite jusqu’à faire oublier ce début discutable. A partir de l’obtention du prix, tout devient vraiment très bien : le fond et la forme. Si bien que cela vaut largement la peine de le lire et de le conseiller. Soyez patient au démarrage, c’est tout.

« Je ne suis plus moi-même, mais "Je" est un autre et celui-là saura me tirer d’affaire. »

"On a beau savoir qu’on peut mourir n’importe où, on est toujours étonné que ce soit ici et maintenant."

"La solitude, c’est un rêve de riche."


9782843045769