Un été avec Montaigne
d'Antoine Compagnon
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Cela faisait longtemps que je les voyais passer sur les rayons des bibliothèques et des librairies ou encore sur les blogs, ces petits volumes aux couleurs vives qui vous invitaient à passer un été avec Montaigne, Pascal ou Jankélévitch. Ils étaient bien tentants, pas trop épais ce qui permet de se persuader que malgré la PAL himalayenne, on va aisément trouver un peu de temps pour les avaler entre deux lectures plus longues (ce qui est d'ailleurs arrivé) , alors un jour que l'un d'eux est passé trop près de ma main, hop! Je suis repartie avec et du coup, je l'ai dévoré sitôt rentrée. Comme ça, c’était réglé. On était fin décembre, en plein dans les préparatifs de Noël, je l'avais croisé en faisant les derniers achats de cadeaux... On commençait fort pour passer un été avec...
Mais le philosophe est au-dessus de ces contingences.
Pour le dire tout de suite, j'ai beaucoup apprécié ce petit livre qui regroupe quarante très courts chapitres (5 pages), chacun consacré à un point relevé dans les Essais. Le travail est dû à Antoine Compagnon, académicien et professeur au Collège de France qui a ainsi préparé ces courtes chroniques pour une émission quotidienne de 5 mn sur France Inter. Ces chroniques lues par Daniel Mesguich m'avaient échappé mais l'on peut facilement les retrouver en podcast ici, même si moi, je les ai lues.
Cela commence généralement par une citations de quelques lignes en langage de l'époque (que j'avais du mal à saisir pleinement) qu'il explique d'abord par la paraphrase et des considérations contextuelles et annexes. Cela n'a pas le temps d'être fastidieux qu'on a déjà bien vu l’intérêt et qu'on arrive à la dernière phrase qui résume en quelques mots l'idée maîtresse, en donne le miel, et l'on est content de l'avoir parfaitement saisie en si peu de temps et sans effort. Je trouve que cette initiative est bien conforme aux idées de Montaigne qui déjà, écrivait en français et non en latin pour toucher des lecteurs moins doctes (et sans doute aussi moins rassis de certitudes) que ceux capables de pratiquer la langue de Virgile. Ce petit livre, comme ces chroniques radiophoniques estivales, parle à tout un chacun, sans faire appel à des connaissances antérieures particulières. C'est ce qui fait son charme; Pour ma part, j'aime beaucoup à chaque fois que la culture s'invite ainsi dans la vie quotidienne et les discussions à bâtons rompus. Je suis toujours partante pour 5mn de philo ou de science entre la poire et le fromage. Cet ouvrage sera d’une grande utilité également aux élèves de terminale, tout en comprenant bien qu’on n’a ainsi qu’un vernis de connaissance et qu’en ce qui concerne les étudiants, il leur faudra aller plus loin.
PS: Je relève une des idées originale de notre Michel national, son vœu de mourir "à cheval, en voyage, loin de chez lui et des siens." Tiens, oui, pourquoi pas? Je n'ai pas de cheval, mais je suppose qu'on peut transposer.
PPS : Ayant passé un si bon moment avec Montaigne, j’ai écouté "Un été avec Jankélévitch" (très intéressant également) mais en conclusion, je préfère la lecture à l’écoute qui s’interrompt à chaque chronique et qu’il faut sans cesse relancer, alors que les pages s’enchaînent sans délai quand on lit.