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28 décembre 2024

Une trajectoire exemplaire

de Nagui Zinet

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En août dernier, pour la rentrée littéraire, parmi les livres (pas très nombreux, on ne peut pas tout lire) qui avaient retenu mon attention, il y avait celui de Nagui Zinet. Il s'est imposé comme une évidence car c’était celui qui attisait le plus ma curiosité. Pas long, en plus, c'était sûr que j'allais le lire, et voilà, c'est fait.

"Une trajectoire exemplaire" est un premier roman et j'ignorais tout de l'auteur. Je ne connaissais même pas encore son compte Instagram. Pour commencer, j'ai été vraiment séduite par son écriture. C'était vif, incisif original.

Le premier chapitre, deuxième personne du pluriel, vous recadre en vous rappelant ce qu'est la vie -du moins dans la vision que le narrateur en a- et vous découvrez ainsi également le narrateur. Le deuxième chapitre, troisième personne du singulier, vous raconte l'emploi du temps habituel de ce narrateur qui du coup, devient personnage du récit. Il s'appelle Guyader. La dernière femme de sa vie l'a quitté il y a six mois, le laissant dans la plus complète vacance. Il ne quitte plus son lit que lorsqu'il y est absolument obligé. Il est juge d'instruction et il est chargé du dossier de N. , accusé du meurtre de sa compagne. N. tenait un blog qui était son journal, autant dire que la tâche des enquêteurs est simplifiée. "Un tissu de mensonges, de délires où parfois la vérité a réussi à s'accrocher." Guyader le relit.

Chapitre trois, deuxième personne du singulier. N. , devenu le narrateur, se parle à lui même et commente ce qu'il vit et fait. Ce sera le cas presque jusqu'au bout. Nous découvrons un looser sans profession qui sombre dans l'alcoolisme et erre en jetant sur autrui comme c'est souvent le cas, des regards méprisants. C'est un alcoolique aux références littéraires, qui se voit lui-même écrivain. C'est un mythomane également, qui agrémente ses stations aux différents comptoirs, de ses affabulations. Il parle facilement aux gens. Il a une liaison mais là encore il bousille ses chances par égoïsme et paresse. J'ai regretté que l'auteur ait entretenu une ressemblance forte entre ce personnage et lui (initiale, goûts littéraires et cinématographiques, aspect) La ressemblance est si accentuée qu'on est obligé de se demander à quel moment ils ne partagent plus les mêmes opinions. C'est gênant car N. n'est vraiment pas sympathique et mieux on le connaît, moins on l'aime. Et puis, il faudrait qu'il se méfie de l'humour de comptoir, à la longue, ça déteint et ça salit... N. devient sexiste, lourdingue et perd complètement le sens des valeurs. Adios, N!

Finalement, on retrouve Guyader qui fait le point sur cette lamentable affaire. Dommage qu'il soit lui aussi un peu taillé sur le même modèle dépressif. Je n'aurais pas détesté voir des personnages mentalement plus contrastés. Par contre, j'ai beaucoup aimé l'écriture:

"Tu as vingt cinq ans, le physique d'un lycéen, le foie d'un pilier de comptoir et tu écoutes Souchon. Tous les matins tu as l'impression de commencer une partie de scrabble avec sept consonnes."

Et globalement, le livre m'a intéressée. Je lirai le prochain roman de Nagui Zinet. On verra bien. Car il a beau déclarer en interview "L'écriture ne représente pour moi qu'une occupation du temps, ni plus ni moins importante que le football ou toute autre activité", je serais bien étonnée qu’il n’y ait pas de second livre.

978-2073071798