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24 septembre 2022

La mère 

de Pearl Buck

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Quatrième de couverture:

"La vie quotidienne d'une paysanne chinoise avant la Révolution. Avec les mots du cœur, et un sens aigu du détail, Pearl Buck nous retrace cette existence pathétique où s'affirme à travers la souffrance et le désespoir la noblesse secrète des pauvres et des humiliés."


La mère a trois enfants en bas âge et un mari qui ne songe qu'à son propre plaisir et ne se soucie pas de sa famille. Après avoir dépensé la totalité de la maigre dot, il disparaît, laissant même sa vieille mère. Au défi de faire vivre sa famille, le femme ajoute celui de dissimuler au village qu'elle a été abandonnée. Elle raconte qu'il est parti travailler en ville, et même qu'il leur envoie de l'argent.

On admire d'abord la peinture de la vie pauvre des paysans chinois de cette époque.On admire la parfaite connaissance que l'auteur a de leur mode de vie et de pensée et comment elle sait bien les peindre dans leur misère mais sans misérabilisme, dans leur honneur au contraire. Les communistes sont alors de simples rumeurs de la ville. Les paysans les considèrent comme des voleurs et des bandits. Tandis que Pearl Buck nous laisse voir que dans leurs rangs se trouvent aussi bien des idéalistes assoiffés de justice sociale que des profiteurs paresseux fuyant la rude vie de paysan.

Ce roman montre aussi la volonté et la puissance de cette mère qui prend tout en charge et fait face à tout sans jamais fléchir malgré ses propres besoins et ses propres faiblesses.

On en parle moins, en général, quand on évoque ce roman, mais pour moi, c'est aussi le roman de l'injustice. La mère adore son époux parce qu'il est beau et a l'air élégant. Elle lui pardonne pour cela son égoïsme absolu et même son abandon. De même, entre un fils beau, égoïste et jouisseur comme son père et un fils plus rude mais honnête et prenant soin d'elle, elle préférera toujours le premier et de loin, ne tenant aucun compte de tout ce que l'autre fait pour elle. De même, elle n'est que reproches pour sa belle-fille qui pourtant la traite parfaitement bien. Ainsi Pearl Buck a su montrer que cette mère qui a mené une vie d’héroïne, a aussi une face irrationnelle et injuste qui peut faire beaucoup souffrir autrui. Mais sur cela comme sur tout le reste, P. Buck ne porte pas de jugement. Elle se contente de montrer, elle fait confiance à son lecteur pour réfléchir sur ce qui lui est dit et se forger une opinion. C'est une des grandes qualités de cette auteure.

Aussi bien pour sa peinture hyper réaliste de la vie des paysans pauvres de cette époque, y compris le sort des filles dont on redoute la naissance, que pour le récit poignant et où l’intérêt est sans cesse renouvelé et pour cette épaisseur à faces multiples de chaque personnage, ce roman est un chef d’œuvre. Il nous apprend des choses et améliore notre compréhension de l'humain.

978-2253006220



05 août 2022

L'arc en ciel 

de Pearl Buck

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Henry Potter et les reliques du théâtre

Alors, c'est l'histoire de Henry Potter, cinquantenaire milliardaire. Vous avez souri? Vous aussi vous avez envisagé l'espace d'une fraction de seconde le gamin magique à cicatrice sur le front... Mais non, c'est Henry, pas Harry. Raté, et tout le reste l'est également, hélas.

Ce roman est le dernier signé Pearl Buck. Elle avait 82 ans à sa parution. Le dernier roman, le roman de trop?

Sans doute ce livre, sans aucun rapport avec la Chine, ni même l'Asie, n'était-il pas indispensable et n'ajoute-t-il rien à sa gloire, mais l'âge n'avait tout de même pas enlevé à notre Prix Nobel toutes ses qualités et tout son savoir faire. C'est ce qui sauve -de justesse- ce roman du naufrage vaudevillesque.

Notre milliardaire donc, heureux en amour comme en affaires, avec une épouse belle, aimante et pas encombrante (quand on n'a pas besoin d'elle, elle part en voyage, dans le cas contraire, elle revient), décide un soir que ce qu'on lui propose au théâtre ne vaut pas tripette, et réalise que s'il veut un bon spectacle, il va falloir qu'il le fabrique lui-même. Le monde du spectacle lui est totalement étranger, qu'à cela ne tienne, il a tout l'argent qu'il faut et, avec l'argent, il se paiera tous les professionnels dont il aura besoin. Aussitôt dit (ou plutôt, pensé, car il garde son projet secret et n'en parle à personne), aussitôt fait. Et s'il voulait distraire son spleen de la cinquantaine trop gavée, il va être servi et en avoir pour son argent. Il ne mettra pas longtemps à constater que le monde de l'art et plus particulièrement celui des acteurs, a ses règles bien particulières et aussi différentes de celles du monde des affaires que de celles du quotidien lambda et Henri Potter a beau être un gros morceau assez coriace, il va frôler des abîmes et voir même parfois son pied glisser...

P. Buck agrémente ces diverses péripéties de réflexions un peu plus poussées sur l'art théâtral (ou du moins sa vision, tout de même très discutable du monde des acteurs). Il y a quelques remarques intéressantes mais aussi, m'a-t-il semblé, beaucoup de lieux communs. Idem pour les réflexions sur l'amour et ce que l'on peut ou doit sacrifier en son nom (là encore, à mon sens, bien des banalités et une vision quand même très rétro des choses, malgré une apparence de grande modernité). Il y a une scène de "quasi-viol" qui pourrait à elle seule animer aujourd'hui des heures de débat: viol, pas viol, éléments à charge, à (oserais-je dire) décharge... Mais là, elle n’entraîne aucun débat, ni aucune réflexion. Elle a lieu. Point. Et on n'en parle plus. L'histoire se poursuit.

Et la fin est... Pfff eh bien disons, qu'elle ne rachète rien.

Si vous aimez les romans du genre de ceux de Patrick Cauvin, je pense que cet "Arc en ciel" peut vous plaire; sinon, il vaudra mieux vous tourner vers la période chinoise de la dame, qui renferme d'excellents titres.


24 novembre 2020

  Le patriote

de Pearl Buck

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Injustement oubliée, Pearl Buck mérite largement d'être rappelée à nos esprit volages. « Le patriote » est un grand roman. On peut le classer dans la catégorie des romans historiques si l'on veut souligner le fait qu'il montre de façon précise et documentée, la Chine devenant celle de Chiang Kaï-Shek ainsi que le début de sa guerre avec le Japon. 
 
 Nous suivons I-Wan, fils d'un très riche et influent banquier de Shanghai. Il s'éprend de l'idéal communiste pendant ses études et prépare avec eux l'insurrection de la ville pour soutenir l'arrivée de Chiang Kaï-Shek, mais ce dernier, qui n'a jamais aimé les communistes, préfère les livrer et conclure un accord avec les autorités. Des milliers de communistes sont tués, I-Wan perd ses amis et ne devra la vie qu'à la position de son père qui, partie prenante du dit accord, parvient à lui faire quitter le pays en catastrophe vers le Japon où il vivra chez un ami de son père qui fait le commerce international d’œuvres d'art asiatiques. Il y restera dix ans. Pendant ce temps, le Japon et la Chine entrent en guerre, une guerre longue, cruelle et très meurtrière. I-Wan se retrouve bientôt dans une situation intenable. 
 
 On peut, disais-je considérer que nous avons là un roman historique compte tenu de tout ce qu'il nous apprend sur l'histoire de la Chine et du Japon du début du vingtième siècle. Il nous présente les faits (que nous ne connaissons pas forcément en détail) mais également les personnages et en particulier ce Chiang Kaï-Shek au caractère si puissant qu'il impressionnait et dominait tous ceux qui l'approchait (et qui auraient parfois mieux fait de chercher à bien comprendre ses buts ultimes). 
 
 Mao n'est pas encore en vue. 
 
 Nous découvrons également les fonctionnements de la vie quotidienne de cette époque, tant en Chine qu'au Japon (et c'est pour constater sans surprise que le patriarcat est partout tout puissant). 
 
 C'est un roman passionnant aussi par la justesse de ses personnages et la finesse du portrait qui fait que bien que leurs psychologies soient bien éloignées des nôtres, nous parvenons sans peine à suivre leurs pensées et à les comprendre. Nous sommes également intéressés par les péripéties de leurs vies et, chaque fois que nous en perdons un de vue, nous nous demandons ce qui lui arrive pendant ce temps. Le suspens sur leur avenir dure jusqu'à la dernière page