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13 mars 2024

Treize minutes

de Nicolas Rey


Court roman (120 pages) péché dans une boite à livres parce qu'il me fallait un nombre pour mon Petit Bac et qu'il ne me restait pas beaucoup de temps. Me tenant scrupuleusement à l'écart de la moindre info sur le showbiz littéraire, j'ignorais tout de l'auteur (même son nom).

Publié en 1998, ces Treize minutes sont le premier roman de Nicolas Rey et témoignent bien d'un temps désormais totalement révolu. C'était l'époque où l'on pouvait dire, écrire, et parfois faire n'importe quoi sans conséquences. Il a peut-être été bon que cette période ait lieu, mais il nous est aujourd'hui difficile de même la comprendre. Les temps changent. Fini le règne sans vergogne des prédateurs. La page est tournée au point qu'on a même du mal à croire ce que l'on lit lorsqu'on tourne les pages de ce roman. Mais c'était ainsi, une fiction toxique qu'on lisait sans la croire mais qui, si elle ne dépeignait pas des faits réels, témoignait quand même d'une ambiance sacrément pourrie jusqu'à la moelle. Ces temps sont révolus.

Le "héros" et narrateur s'appelle Simon, vit d'on ne sait quoi, sans doute aux crochets de son meilleur ami lui-même épave mais fils à papa, et combine le fait d'être totalement obsédé sexuel à celui d'être tout aussi totalement accro à tout alcool et stupéfiant. Il s'imagine constamment être éperdument amoureux d'une femme ou d'une autre, ce qui lui permet de belles envolées lyriques, et en attendant d'être payé de retour, harcèle et plus, toute femme passant à sa portée. Son meilleur ami a la même attitude. C'est glauque, cynique, hyper cru (pour adultes avertis), malsain, ça va jusqu'au viol et au meurtre que le narrateur considère plutôt comme des preuves d'amour ou d'amitié. Pour lui, les femmes ne sont que marchandises consommables, seuls les hommes sont des personnages. C'est totalement socialement incorrect et même tout à fait psychotique. C'est l'histoire d'une dérive totale, avec une épave principale qui continuerait à se voir comme "du Simon grand style : ironie, cynisme, élégance" alors que si une chose est sûre, c'est qu'en le voyant, on ne pense pas "élégance". Le problème, c'est que littérairement, ça m'a semblé très bien fait. Dommage que l'auteur ait quelque peu suivi les traces de son héros et qu'au lieu d'accoucher ensuite d'une œuvre littéraire, il se soit retrouvé à même pas 50 ans avec "un corps de septuagénaire, cabossé par des années d'excès" (Marianne, 16 mars 2018) , chroniqueur chez Hanouna et plagiaire…

Comme je suis malgré tout une scrupuleuse, je me demande aussi "Est-ce que je ne manque pas de recul ?", "Est-ce que je ne prends pas ça trop au pied de la lettre ?" Quand on lit Histoire d’O ou Les infortunes de la vertu, on ne se pose pas tant de questions. Oui, mais le problème, là, c’est le manque de recul justement, mais de l’auteur cette fois, on se demande si c’est du lard ou du cochon... Il y croit?

Bref, je ne sais pas. Je tourne la dernière page sans regret. Je ne le relirai pas. Je ne vais même pas le remettre dans une boîte à livres.

9782290351451