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20 août 2020

L'herbe rouge 

de Boris Vian

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Ce recueil présente deux novelas de Boris Vian

L'herbe rouge voit l'ingénieur Wolf et son assistant Saphir Lazuli, installés en plein désert pour finir de mettre au point une "machine". Ils sont accompagnés de leurs épouses respectives. Les femmes sont belles, sensuelles, proches de sensations simples et naturelles et extrêmement aptes au bonheur. Les hommes sont compliqués, torturés outre-mesure et inaptes au bonheur. Les femmes pourraient se contenter de l'amour, les hommes, non. Il y a aussi un bon gros chiens, nommé Le Sénateur Dupont, doué de parole. Et le désert, bah, c'est le désert.

La machine sert à vous faire revivre vos souvenirs, mais les efface par la même occasion. Wolf, qui cherche à comprendre sa vie et à lui donner un sens, l'expérimente.

L'histoire, qui finira mal, est prétexte à réflexion sur les relations hommes-femmes (mais si c'est bien dans ses deux postures que Vian les concevait, on devine que cela va tourner court...) et sur le but de la vie, se demandant même ce qui se passe, si par extraordinaire, on parvient à atteindre ce but. C'est ce qui arrive au Sénateur Dupont 

"Bouleversé, ravi, le sénateur le suivait. Enfin, son idéal se matérialisait... il s'était réalisé... Une sérénité onctueuse lui envahit l'âme et il ne sentait plus ses pieds" A partir de là, le chien se consacre entièrement à jouir de son bonheur, plonge dans sa béatitude et se désintéresse de tout le reste. "Etre satisfait ou gâteux, dit Wolf, c'est bien pareil. Quand on n'a plus envie de rien, autant être gâteux."


***

"L'abbé Grille se mit à rire

- Vous avez une rancune de petit garçon contre la religion, dit-il

- Vous avez une religion de petit garçon, dit Wolf."

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"Avec un bruit de limace qui se suicide"

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Les lurettes fourrées 


978-2253001355

22 juin 2020

L'écume des jours
 de Boris Vian
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"Chick, Alise, Chloé et Colin passent leur temps à dire des choses rigolotes, à écouter Duke Ellington et à patiner. Dans ce monde où les pianos sont des mélangeurs à cocktails, la réalité semble ne pas avoir de prise. On se marie à l'église comme on va à la fête foraine et on ignore le travail, qui se réduit à une usine monstrueuse faisant tache sur le paysage.". 


Colin est riche et aime Chloé dont un nénuphar va ronger les poumons. Chick, son meilleur ami, aime Alise, mais il aime encore plus Jean-Sol Partre.
"Comment ne pas s'intéresser à un homme comme Partre, capable d'écrire n'importe quoi sur n'importe quel sujet et avec quelle précision."
Chick laissera Alise se faner et Vian fait à travers son personnage un très juste portrait de l'addiction.. Critique du travail.

"- Pourquoi sont-ils si méprisants? demanda Chloé. Ce n'est pas tellement bien, de travailler.
- On leur a dit que c'est bien, dit Colin. En général, on trouve ça bien. En fait, personne ne le pense. On le fait par habitude, et pour ne pas y penser, justement.
(...)
- Mais est-ce que c'est leur faute si ils croient que c'est bien de travailler?
- Non, dit Colin, ce n'est pas de leur faute. c'est parce qu'on leur a dit: le travail, c'est sacré, c'est bien, c'est beau, c'est ce qui compte avant tout, et seuls les travailleurs ont droit à tout. Seulement, on s'arrange pour les faire travailler tout le temps et alors ils ne peuvent pas en profiter."

Plus loin:
"- Vous êtes renvoyé!
- Je n'y pouvais rien, dit Chick. Qu'est-ce que c'est que la justice?
- Jamais entendu parler, dit le chef de la production. J'ai du travail, il faut dire."

Morceau de bravoure : la conférence de Jean-Sol Partre.



978-2253140870

21 avril 2020

L'Automne à Pékin 
de Boris Vian
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"Angel attendait Anne et Rochelle; assis sur la pierre usée de la balustrade, il regardait les techniciens procéder à la tonte annuelle des pigeons du parc. C'était un spectavle ravissant. Les techniciens portaient des blouses blanches très propres et des tabliers de maroquin rouge, matqués aux armes de la ville."

Différents personnages parisien se retrouvent à installer une voir ferrée dans le désert au profit d'une multinationale. Il y a une historie d'amour malheureux, des vies et des morts, des chocs types et des salauds, des enfants et des vieux; et c'est l'écriture inégalée de Vian.
Excellent.

"Ce qui faisait dire à Athanagore: dans ces pays où le pied règne en maitre, il serait bon que le mètre prit pied."

"Tout ce que disait Angel remuait de très vieilles choses au fond d'Athanagore, des idées longues et minces et complètement aplaties sous une couche d'évènements plus récents, si aplaties que, vues de profil comme en ce moment, il ne pouvait ni les différencier, ni distinguer leur forme et leur couleur: il les sentait seulement se déplacer en dessous, sinueuses et reptiliennes. Il secoua la tête et le mouvement s'arrêta; effrayées, elles s'immobilisaient et se rétractaient."

Dans sa postface, François Caradec souligne "le goût de la confusion sémantique" chez Vian.