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12 mars 2022

Là où chantent les écrevisses

de Delia Owens

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« - Va aussi loin que tu peux. Tout là bas, où on entend le chant des écrevisses. »

« - Ça veut dire aussi loin que tu peux dans la nature, là où les animaux sont encore sauvages, où ils se comportent comme de vrais animaux. »


Très apprécié dans la blogosphère, ce roman nous raconte l'histoire de Cathrine Clark, dite Ria. Au début du récit, elle a six ans et vit avec sa famille dans une cabane misérable dans les marais de Brakley Cove en Caroline du Nord. Le père, raté alcoolique et violent, fait vivre l'enfer à sa femme et ses quatre enfants sans que quiconque ne songe à les aider, si bien qu'ils n'ont d'autre issue que de s'enfuir l'un après l'autre et disparaître. Il ne reste alors plus que la petite fille qui apprend à esquiver les coups et ne mange pas souvent à sa faim. A sept ans, les services sociaux s'aperçoivent que cette enfant devrait être scolarisée et vont la chercher. Ria, passée maîtresse dans l'art de se dissimuler dans les maris, pourraient aisément s'échapper mais se laisse appâter par la promesse d'un bon repas à la cantine. Hélas, elle se heurte dès ce premier jour à la cruauté et au rejet des autres enfants. Ces enfants reproduisent les comportements de leurs parents qui eux aussi, loin d'avoir de la pitié et de désirer aider l'enfant si visiblement en danger, ne pensent qu'à la repousser, la chasser loin du village et de leurs yeux. Elle appartient à « la racaille des marais », ils n'en veulent pas près d'eux. Elle ne restera donc qu'un jour dans cette école. Les services sociaux ne parviendront plus jamais à l'y ramener et ses relations avec les autres humains ne se développeront pas...

« Les gens du bourg l'appelaient « La fille des marais » et colportaient des histoires à son sujet. Venir furtivement jusqu'à sa cabane, courir dans le noir et la barbouiller de graffitis était désormais une tradition, un rite d'initiation pour les garçons qui devenaient des hommes. Ça en disait long sur les hommes... »

Ria grandit donc sans aucune éducation et même, pire encore, sans aucune compagnie. Son père est absent ou dangereux, personne ne vit dans leur environnement. Quand je dis personne, je parle des humains, car s'il n'y a pas d'animal domestique qu'ils seraient incapables de gérer, il y a foule pour ce qui est de la faune sauvage. Ria va donc leur consacrer toute son attention, ainsi qu'au marais lui même et n'apprendra à lire que bien plus tard.

Parallèlement au récit de cette existence difficile qui deviendra vite précieuse au lecteur, d'autres chapitres datés d'une période bien plus récente, racontent la découverte du corps de Chase Andrews, coq vedette du village qui semble être tombé d'une vieille tour. Mais le shérif a un doute : accident ou meurtre ? Il ne peut trouver aucune preuve de meurtre, et pourtant, il est persuadé que s'en est un d'autant que la mère de la victime refuse de croire à une fin si banale. Il insiste donc en fouillant dans ce sens.

Voilà de quoi vous parlera ce roman de tout de même presque 500 pages. Mais le personnage principal, en dehors de Ria, ce sera le marais, sa faune et sa flore, explorés en de très belles pages. On apprend comment vivre en harmonie avec son milieu et non en lutte contre lui pour imposer sa loi. C'est un bon roman, très bien fait et prenant ; et pour ce qui est de la mort de Chase Andrews, vous n'en saurez pas le dernier mot avant la dernière page, comme il se doit dans un bon polar.

978-2757889978