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24 juin 2024

Le problème à trois corps

de Cixin Liu

***+


Je me suis lancée dans la lecture de ce roman de science fiction parce que la série était sur Netflix et je ne veux pas regarder la vidéo avant d’avoir lu le roman dont elle est inspirée. Ce "problème" est le premier volume d’une trilogie* mais je peux dire dès maintenant que je n’irai pas plus loin et voici pourquoi :

Tout d’abord une quatrième de couverture bien intrigante, qui vous donne envie d’aller voir tout cela de plus près : En pleine Révolution Culturelle, le pouvoir chinois construit une base militaire secrète destinée à abriter un programme de recherches de potentielles civilisations extra-terrestres. Ye Wenjie, une jeune astrophysicienne en cours de «rééducation» parvient à envoyer dans l’espace un message contenant des informations sur la civilisation humaine. Le signal est intercepté par les Trisolariens qui s’apprêtent à abandonner leur planète mère, située à quatre années lumières de la terre et menacée d’un effondrement gravitationnel provoqué par les mouvements chaotiques des trois soleils de son système. En raison de la distance, Ye Wenjie met près de huit ans à recevoir la réponse des Trisolariens. Elle tient désormais entre ses mains rien de moins que le destin des l’espèce humaine.

Trente-huit ans plus tard, alors qu’une étrange vague de suicides frappe la communauté scientifique internationale, l’éminent chercheur en nanotechnologies Wang Miao est témoin de phénomènes paranormaux qui bouleversent ses convictions d’homme rationnel. Parmi eux, une inexplicable suite de nombres qui défile sur sa rétine, tel un angoissant compte à rebours…

Avouez qu’il y a de quoi avoir envie d’y jeter un œil. Malheureusement, j’ai assez rapidement déchanté. Après un démarrage tonitruant avec une scène très violente de la Révolution Culturelle, les choses s’embrouillent quelque peu. D’abord, le style n’est ni beau, ni habile. Impossible pour moi de savoir si cela tient à l’art de Liu Cixin ou à la traduction, mais disons que c’est une écriture fonctionnelle. Le problème majeur qui se pose très rapidement au lecteur, c’est celui des personnages : une avalanche de noms chinois pas évidents à reconnaître pour nous, a tenté de me submerger et y serait parvenue sans aucun doute si je ne m’étais pas rapidement mise à prendre des notes : nom, prénom, fonction. J’en ai bientôt eu une assez longue liste vers laquelle je me suis souvent tournée pour savoir de qui on me parlait. Ensuite vient le problème des ambitions scientifiques. L’action est sans cesse ralentie par de grandes tartines d’explications physiques, astronomiques, mathématiques etc. longues de plusieurs pages, vraiment. Ces explications ne riment à rien. Elle lassent le lecteur, coupent toute action et ne prouvent rien au final parce justement, ce n’est pas réel. Et puis bon, les ambitions scientifiques ont intérêt à être modestes quand sur la même ligne, on parle d’une ligne infinie et qu’on donne sa longueur (fin p. 393).

En ce qui concerne la valeur psychologique, ce n’est pas mieux. Les relations de Ye Wenjie avec sa fille me plongent dans un abîme de perplexité (je verrai que la série a essayé de rattraper le coup sans vraiment y parvenir). Je ne développe pas pour ne pas divulgâcher mais quand même, on n’y comprend rien. Par ailleurs, la plupart des personnages, même importants comme Wang Miao n’ont aucune vie en dehors du déroulé de l’histoire. Ce qui explique sans doute que la version filmée n’ait tenu aucun compte du roman dans ce domaine et ait joyeusement redistribué les rôles, n’hésitant pas à supprimer et créer. La pointilleuse parité qui règne maintenant sur les productions nous vaut aussi une éventail scrupuleux des genres et couleurs de peau parmi les protagonistes alors que les personnages d’origines sont tous chinois et majoritairement mâles.

Vous l’avez sans doute senti venir, tout cela se termine un peu dans le flou, d’autant qu’il y a une suite pour dans quelques siècles mais même cette première partie reste en suspens. J’ai vraiment dû m’entêter pour aller au bout, au point qu’à 5 ou 6 pages de la fin, j’ai failli refermer le livre pour ne jamais le rouvrir. Mais comme il y avait quand même eu une scène surprenante et inventive (« la cithare de mort »), je lui devais ça. Ce passage sur le Canal de Panama est un vrai morceau de bravoure et pourrait justifier la lecture du roman. Le problème de ce roman, c’est vraiment l’écriture, la lourdeur, le manque de rythme, les longueurs… cependant l’histoire en elle-même n’est pas mauvaise et aurait pu être mieux servie pour nous offrir un livre captivant. Je me demande si les versions en série vidéo ou en bande dessinées sauront corriger les défauts.

Je me demande comment la série de Netflix a géré tout cela. Pour l’instant je n’ai regardé que 3 épisodes sur 8 ce qui correspond environ à la page 300 et quelques du livre qui en comporte 512 (quand je vous disais que le début s’enlise dans les longueurs. La vidéo à dégraissé). Il reste donc 5 épisodes de la série pour les 200 et quelques dernières pages, à moins qu’ils n’aient regroupé les 3 volumes de la trilogie sous le titre du premier... Je reviendrai peut-être compléter ici quand je les aurai vus (si je vais jusqu’au bout parce que ce n’est pas enthousiasmant non plus).

Je suis revenue, donc bilan: Ce n'est pas emballant non plus en vidéo mais tout de même, ça prend un peu de rythme sur la fin. Cependant, je pense que s'il y a d'autres saisons, je ne m'y intéresserai tout de même pas. Juste noté une péripétie qui m'a fortement rappelé "Mars attacks", résultat: j'ai failli rire à un moment dramatique...


Trilogie:

Le Problème à trois corps

La Forêt sombre

La Mort immortelle



978-2330181055

‎ 512 pages