Jean-Christophe T2 : Le matin
de Romain Rolland
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Nous avions quitté Jean-Christophe à 7 ans, nous le retrouvons à 11 ans. Il gagne un peu d'argent pour la famille en étant second violon. Son talent se confirme et est reconnu. Tout comme sont reconnus sa probité et son mérite. Mais Jean-Christophe est fier et ombrageux et ne permet pas qu'on le prenne en pitié. Il sera bientôt Premier violon. Il donnera également des cours, suivant les pas de son père. Son père qui, justement suit la pente sur laquelle il avait commencé à dégringoler, boit de plus en plus, ruine sa famille, puis, quand il l'aura ruinée, sera lui aussi à la charge de Jean-Christophe et de sa mère, sans rien perdre pour autant de ses exigences.
Le grand-père va bientôt mourir, il était le seul obstacle encore un peu résistant contre les mauvais penchants de Melchior.
On pourrait sous-titrer ce tome "La découverte de l'amitié et de l'amour". Jean-Christophe peu régalé d'affection et de gentillesse, rencontre par hasard un garçon, bien plus aisé que lui, mais seul également, et voilà qu'ils s'attachent éperdument l'un à l'autre, chacun apportant à son compagnon l'écoute et la bienveillance qu'il ne trouve pas ailleurs. Ce n'est pas "parce que c'était toi, parce que c'était moi", on sent que c'est "parce que tu étais là", mais qu'importe. Les cœurs se gonflent de la joie de ce sentiment si neuf et si réjouissant : ils aiment et sont aimés. R. Rolland analyse en détail et avec une parfaite justesse, les développements de cette relation et montre à quel point l'amitié est semblable à l'amour. Elle en partage les symptômes, les élans, les plaisirs et bientôt les affres...
Et les garçons grandissent et les corps s'éveillent et bientôt la pureté se voile... Dans toute cette partie, comme dans la suivante, Romain Rolland brille par sa peinture des sentiments, des élans du cœur, des émois, qu'il peint avec finesse et minutie sans perdre l'émotion. Il peint sans intervenir, se contentant de décrire et laissant le lecteur tirer ses conclusions et mener ses réflexions, du moins, c'est ce que nous voyons. Mais la partie immergée de l'iceberg, c'est qu'il est seul maitre de ce qu'il montre ou non.
Survient alors la découverte de l'amour. Madame von Keirich et sa fille, sensiblement de l'âge de Jean-Christophe, emménagent dans la belle propriété voisine. Elles découvrent un jour le garçon les observant avec curiosité, font connaissance et, parce que Mme von Keirich a entendu parler de sa vie difficile et de ses mérites, elle l'embauche pour donner des cours de musique à sa fille. Mais, elle va plus loin, l'introduit chez elle, l'encourage, le protège, l'éduque même, lui qui n'est qu'un rustre inculte et ne sait se tenir nulle part. Cette rencontre est une grande chance pour Jean-Christophe, mais R. Rolland montre bien ce qu'il y a d'indifférence dans cette bienveillance facile. Mais le garçon est bien sûr, trop jeune pour le comprendre et se croit comme adopté ; à cela ne tardera pas à s'ajouter un flirt imprévu avec Minna, la fille... et tout cela forcément, finira mal sous la plume incisive et si humaine de l'auteur inspiré.
Je pourrais sous-titrer ce tome "L'éducation sentimentale"... et sociale ! Car Jean-Christophe a appris là une rude leçon et il ne l'oubliera pas.
A la fin de ce tome déjà si riche en émotions fortes, Melchior meurt, comme meurent les ivrognes. Sa famille le pleure.
Jean-Christophe :
1 L'Aube
2 Le Matin
3 L'Adolescent
4 La Révolte
5 La Foire sur la place
6 Antoinette
7 Dans la maison
8 Les Amies
9 Le Buisson ardent
10 La Nouvelle Journée
Je poursuis ma "lecture" en audiolivre.