Un dieu un animal
de Jérôme Ferrari
****+
Quatrième de couverture:
"Un jeune homme a pris la décision de quitter son village natal pour aller, revêtu du treillis des mercenaires, à la rencontre du désert qu’investirent tant d’armées, sous des uniformes divers, après le 11 septembre 2001. De retour du checkpoint où la mort n’a pas voulu de lui, ce survivant dévasté est condamné à affronter parmi les siens une nouvelle forme d’exil. Il se met alors en demeure de retrouver la jeune fille de ses rêves d’adolescent, mais cette dernière semble avoir disparu sous les traits d’une jeune femme désormais vouée corps et âme à son entreprise…
Requiem pour une civilisation contemporaine médusée par les sombres mirages de la guerre comme par la violence inouïe de l’horreur économique, cérémonie cruelle et profane qu’illumine l’ardente invocation d’un improbable salut, «Un dieu un animal» retentit des échos du chant bouleversant que fait entendre une humanité crucifiée sur l’autel de la dépossession." (Actes Sud Babel)
Un jeune homme, rebelle de toujours, a quitté le village pour vivre la vie de soldat puis -pas assez tonique- de mercenaire. Il a entraîné son ami d'enfance; mais tout a assez vite très mal tourné et le voilà de retour dans un village qui ne l'attendait pas (sauf ses parents, mais il ne s'en rend pas compte).
Il ne se retrouve pas, il ne s'y retrouve plus. Il n'a jamais trouvé sa place ici et il a vu qu'il ne la trouvait pas non plus ailleurs où il a de plus reçu trop de traumatismes dont il réalise peu à peu la profondeur et l'inguerissabilité.
Il y a cependant dans son court passé un moment où le bonheur et l'équilibre lui ont paru à portée de main, et c'était à l'occasion d'un flirt adolescent avec une "vacancière". De son côté, celle-ci s'est engagée dans un tout autre combat, moins sanglant mais tout aussi dévoreur d'âme...
Sont-ils la solution l'un pour l'autre? Y a-t-il une solution?
Ces cent pages d'un seul souffle sont par ailleurs un haut moment de qualité littéraire. C'est admirable. On ne trouve pas souvent un tel niveau. Pour ce qui est de l'émotion, il m'a fait pleurer, ce qui n'arrive quasiment jamais.
Reste cependant, une obscure dimension mystique, d'ailleurs évoquée dans la fin de la quatrième de couverture citée plus haut et qui m'a totalement échappé. Je suis imperméable à tout sentiment mystique, tout comme Jérôme Ferrari ne pouvait exprimer ce qu'il voulait dire sans recourir au mysticisme. Vous verrez ce qu'il en est pour vous, mais c'est vraiment une œuvre à lire.
"... il ne savait plus s'il était un animal ou un dieu et tu as ouvert des yeux immenses quand ele s'est penchée vers toi pour te confier, mais vous êtes les deux, capitaine, vous êtes les deux (...)"
"Peut-être faut-il laisser mourir ce qui meurt et en détourner le regard."
"Si durement qu'on juge le monde, on n'en est jamais qu'une partie et il faut l'accepter car, hors du monde, il n'y a rien, nul repos, nulle bonté, nulle échappatoire, et on ne peut pas s'enfuir hors du monde."