Metropolis
de Philip Kerr
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Ce quatorzième et dernier volume de la série Bernie Gunther a été publié à titre posthume Philip Kerr étant mort prématurément. Nous y découvrons les débuts de Bernie, jeune flic de la République de Weimar. Il vient de faire la guerre dans les tranchées et s'il s'en est tiré indemne physiquement, ce n'est pas tout à fait le cas mentalement et il a du mal à retrouver un équilibre ; de plus, autour de lui, le pays est ruiné, tout part à vau l'eau, la corruption règne, les relents nazis commencent à monter... l'ambiance est sombre et nauséabonde. Ainsi, notre Bernie s'adonne-t-il de plus en plus régulièrement à la boisson. Sombrera-t-il ?
Cela ne l’empêche pas de beaucoup s'intéresser à son travail, Bernie Gunther est un bon flic, observateur, imaginatif, incorruptible et opiniâtre. Ses chefs l'ont remarqué, comme ils ont remqrqué qu'il n'avaient guère de goût pour les idées extrêmes qui s'agitent de plus en plus, et Bernhard Weiss (personnage réel), chef de la police criminelle de Berlin, lui offre une belle promotion. C'est que Weis est juif, qu'il a de plus en plus d'ennemis et qu'il a besoin de très bons éléments à ses côtés s'il veut espérer se maintenir. Il tient bureau dans un fourgon comprenant même sa secrétaire et c'est ainsi que l'équipe se déplace sur les lieux des crimes sur lesquels ils enquêtent. En ce moment, la grande affaire est un meurtrier de prostituées qui a la particularité de scalper ses victimes. Bernie a juré de le capturer, mais voici que bientôt, la série de crimes s’arrête. Plus tard, une nouvelle série démarre, cette fois, un illuminé a juré de débarrasser Berlin des invalides de guerre qui y mendient. Il estime qu'ils témoignent de la défaite de l'Allemagne et font honte à l'armée (raisonnement difficile à saisir dit comme ça, mais aucun pays n'a jamais beaucoup aimé regarder ses victimes de guerre...).
Comme toujours, la documentation historique est de première qualité et le contexte de la vie quotidienne à Berlin en 1928 tient la plus grosse part de l’intérêt du roman. Les romans de Karl May y sont évoqués et B. Gunther croisera dans ces pages Fritz Lang ou plutôt sa femme, Otto dix, George Grosz (tout le roman peut s'imaginer avec leurs images), Brecht, Alfred Döbling etc. On se régale. Ce dernier volume est donc passionnant et permet paradoxalement à Bernie de commencer et finir en même temps la série de ses aventures. Ne ratez pas un tel oxymore !
Je n'ai pas lu ce roman mais comme je sais que l'écrivain est un bon au vu de mes expériences passées je le note...
RépondreSupprimerAh oui, tu ne regretteras pas. J'hésitais parce que posthume, on ne sait pas trop comment s'est faite la petite cuisine finale, j'avais peur d'être déçue, mais bien au contraire. Kerr égal à lui même.
SupprimerBerlin des années 20, oui c'est tentant de suivre Philip Kerr et "Metropolis" ça fait penser au film de Fritz Lang en 27 !
RépondreSupprimerOui, Bernie Gunther rencontre d'ailleurs Thea von Harbou, la femme de Lang, car il leur sert de conseiller technique sur un tournage.
SupprimerJe ne connais pas du tout. Merci pour ta participation aux coups de coeur avec ce titre qui va plaire à beaucoup je pense.
RépondreSupprimerSi tu ne connais pas du tout, je pense que ça vaut largement la peine d'essayer, ça pourrait te plaire.
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