La petite fille qui aimait Tom Gordon
Stephen King
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Stephen Kig, c'est comme S. Brussolo, j’aime bien en lire un de temps en temps quand j'ai envie de faire un break. Cette fois, c'était ce classique déjà ancien mais que je n'avais pas encore lu ou alors complètement oublié.
L'ambiance est morose chez Trisha, 9 ans, depuis que ses parents ont divorcé. Elle voit son père toutes les deux semaines, mais vit le reste du temps avec sa mère et son grand frère ado, et ces deux-là passent leur temps à s'affronter. On n'a plus beaucoup le temps de s'occuper de Trisha. Mais la mère, jamais découragée -ça doit être de famille-, lutte contre le vent et continue à organiser des activités récréatives qu'ils font tous les trois.
Cette fois, c'est une excursion sur la piste des Appalaches. Le matin, chacun a préparé son propre sac à dos dans les règles de l'art. Pique-nique, boisson, vêtements adaptés et bonnes chaussures, et les voilà en route. Ils sont des randonneurs assez expérimentés compte tenu de leur âge. Dans la voiture, Trisha à l'arrière essaie de s'évader par la pensée pendant que Pete et Maman s'affrontent devant. Elle évoque sa passion pour le baseball et spécialement pour un joueur nommé Tom Gordon dont son père a réussi à lui obtenir une casquette autographiée, suprême trésor. Arrivés à destination, ils se garent et se mettent en route à pied. Pete et Maman continuent leur discussion sans fin.
Démoralisée par la situation, Trisha les laisse s'éloigner un peu pour moins les entendre et tenter d'échapper à l'ambiance exécrable. Elle s'enfonce même un peu dans les bois dépourvus de chemins sans qu'ils lui prêtent la moindre attention et voilà qu'elle réalise qu'elle les a perdus de vue! Mais elle avait vu que le chemin faisait une courbe et en conclut qu'en coupant dans le bois elle ne tardera pas à croiser à nouveau le chemin et peut-être même se trouvera-t-elle face à eux. Elle se lance mais au bout d'un moment, se dit quand même qu'elle marche depuis longtemps et qu'elle aurait déjà dû recroiser le chemin. Elle regarde autour d'elle, se demande si elle ne ferait pas mieux de faire demi-tour. Oui, mais de quel côté? En l'absence de chemin elle ne sait pas plus d'où elle vient qu'où elle doit aller. Trisha doit s'avouer qu'elle est perdue pour de bon...
Les Appalaches c'est grand, c'est sauvage, il y a des ours et allez savoir quoi d'autre, qui y guettent les proies faciles. Trisha n'a que neuf ans et un pique-nique... et une casquette de Tom Gordon. Elle va beaucoup espérer que les adultes s'aperçoivent de son absence, la recherchent et la retrouvent. En attendant, elle marche et finit par trouver un ruisseau. Partant du principe qu'il finit toujours par y avoir des hommes le long des rivières, elle décide de le suivre, d'autant que cela lui évitera de tourner en rond. Un jour passe, puis deux... les secours sont en alerte mais ne la trouvent pas. La nuit, elle se blottit là où elle peut et sombre dans le sommeil. Pas facile, d'autant qu'elle le sent bien, maintenant, quelque chose l'a repérée et la suit de très près.
Stephen King est tellement fort pour nous maintenir sous son emprise! Nous ne quitterons plus Trisha d'un pas jusqu'à la fin. Il nous a accrochés à elle d’une totale empathie. Nous serons même dans son cerveau. Nous saurons comment elle se tient compagnie en se remémorant constamment des expressions des membres de sa famille ou de sa copine délurée.Nous suivrons ses mésaventures, ses choix, judicieux ou non, son affaiblissement jusqu'à un seuil critique. Nous admirerons son incroyable pugnacité, là où même des adultes auraient flanché. Nous verrons comment un compagnon imaginaire, surtout quand c'est un lanceur hors pair des Red Sox, peut aider à surmonter bien des épreuves. Nous serons là quand elle aura perdu presque un tiers de son poids et quand la chose se montrera...