29 avril 2024

Baumgartner

de Paul Auster

*****

C'était une Lecture Commune, Je lis, je blogue a participé 

J'aurais bien aimé rédiger ce billet sans employer l'expression "roman crépusculaire" car je pense qu'on va la retrouver dans beaucoup de recensions, mais c'est impossible car vraiment, ce livre ne parle que de cela: le crépuscule de vies, celle du personnage principal Seymour Baumgartner et celle de son auteur. Comment un homme et un écrivain comme Paul Auster aborde-t-il cette période délicate? Comment nous, lecteurs, l'abordons-nous?

Mais Auster n'est pas de ces auteurs qui, faisant l'économie d'une histoire, nous livrent directement leur vécu et leurs états d'âmes (et je le remercie pour cela) et nous voilà partis sur l'épaule de Sy, professeur de philosophie à la retraite, ne s’étant jamais remis de la perte de son épouse et unique amour, dix ans plus tôt.

La journée commençant mal, Sy se blesse deux fois dès le matin. La seconde blessure, (chute dans l'escalier) est assez sérieuse pour le clouer sur le divan, mais aussi pour faire connaissance et même nouer quelques liens avec le releveur de compteur, homme jeune, gentil et maladroit. Sans être excessivement socialement dépendant, Sy a quand même besoin d'un peu de contacts humains, et ils ne sont pas si fréquents pour lui qui vit seul et passe ses journées à terminer son essai "Mystères de la roue" porteur d'une nouvelle vision philosophique du monde (identification homme-voiture en multipliant les parallèles). "Baumgartner parvenant par quelque tour de passe-passe à réunir la lutte pour devenir une personne moralement saine et l'effort fourni pour devenir un bon conducteur. "Panne à Motor city" traite du corps humain dans divers états de crise (maladies, fractures, épidémies) ainsi que des difficultés mécaniques que rencontre toute voiture à un moment ou un autre" .

Le lecteur pourra garder dans un coin de sa mémoire cet ouvrage, sérieux? il y a consacré tous ces derniers mois; pas sérieux? il le présente à son éditeur comme "un florilège de foutaises".

Mais surtout, le vieux philosophe, part de plus en plus longuement dans son passé, se remémorant son amour-passion de toujours pour Anna, repensant à sa vie avec elle, puis sans. Nous entrons ainsi dans son esprit et pouvons suivre les pensées d'un intellectuel de son âge, et cela m'a énormément intéressée.

On a reproché à Auster d'avoir recyclé dans ce roman un article qu'il avait publié dans Libération au sujet de son voyage sur les traces de sa famille maternelle en Ukraine, mais je ne vois pas pourquoi il n'aurait pas pu le faire. Ce n'est pas comme s'il plagiait quelqu'un d'autre, c'est son œuvre, il l'utilise comme il veut. De plus, sachant les difficultés graves qu'il traverse actuellement, il s'est peut-être trouvé dans l'impossibilité de refaire ce récit et qu'est-ce que cela aurait apporté de plus?

Finalement cependant, de la nouveauté entre dans sa vie (je ne veux pas préciser davantage) et il semble possible que l’existence recommence à l’intéresser. A-t-il tort d’espérer ?

Alors, en conclusion, Sy Baumgartner est-il Paul Auster? Oui, bien sûr, et non, c'est évident.

Mais vous, lecteurs, souvenez-vous quand vous lisez : "une personne peut être transformée par les évènements imaginaires narrés dans une œuvre de fiction"


PS : Ecouté la chronique (assez moyenne) du Masque et la Plume où seul Arnaud Viviant semblait avoir compris le livre, sans parler de XXX qui critique vertement un roman qu'elle n'a visiblement lu qu'en diagonale, ignorant pourquoi Baumgartner recherche tout à coup sa famille de patronyme Auster (alors que c'est expliqué), et mettant toute l'histoire de deuil en doute parce qu’il mène ou essaie de mener d'autres romances depuis. alors que cela aussi est évoqué… Pfff...


978-2330188757

13 commentaires:

  1. J'attends qu'il arrive en bibli,
    Et c'est étrange, j n'écoute plus Le masque et la plume...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Moi, je n'achète pas beaucoup de livres neufs, mais celui-là, je le voulais.

      Supprimer
    2. Peut-être parce que l'émission a changé d'horaire ? Elle est diffusée le matin désormais...

      Supprimer
  2. Je ne comprends pas pourquoi ce roman a été à ce point attaqué. Comme tu le dis, l'auteur est tout à fait en droit de recycler ses écrits. Personnellement j'ai eu beaucoup de plaisir à le lire dans le cadre de cette lecture commune. Je lui ai trouvé un côté facétieux qui égaie beaucoup ce livre traitant du passé, du deuil, de la vieillesse et de solitude. Il y a quelques notes d'espoirs tout de même grâce aux différents personnages qui traversent ce roman. Il y a encore des possibles.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tout à fait d'accord avec toi et j'en suis ravie. Ce livre a besoin d'être défendu car en fait, il est très bon.
      En ce qui concerne la lecture commune, j'étais tellement sûre de me retrouver toute seule encore une fois que je n'ai même pas fait le tour des blogs ce matin ! 😄 Merci beaucoup pour ta compagnie.

      Supprimer
  3. Ah, ces critiques qui n'ont même pas lu les livres dont ils parlent, c'est navrant... Auster mérite bien mieux ! Je lirai celui-ci, c'est certain. Comme Keisha, j'attendrai sans doute son arrivée en bibliothèque sauf il se fait trop attendre (pas la commande, mais la disponibilité car malgré les critiques, je ne doute pas qu'il sera très demandé).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il va aussi bientôt être soldé sur les plateformes de livres de seconde main

      Supprimer
  4. J'avais entendu cette chronique du Masque et la Plume (qu'ils sont agaçants souvent... mais drôles quand même !!) J'aime beaucoup Paul Auster mais cette idée de roman crépusculaire me plaît moyennement, je le mets dans un petit coin de ma tête tout de même...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Crépusculaire, parce qu'on arrive à la fin du voyage, mais pas sinistre.

      Supprimer
  5. Ce matin je viens d'apprendre son décès, à 77 ans...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Moi aussi. Première nouvelle au réveil :-( J'ai connu de meilleurs démarrages.

      Supprimer
  6. Tristesse bien sûr mais l'issue était prévisible depuis plusieurs mois... Excellentes lectures durant les années 80' et 90'

    RépondreSupprimer

Commentaire: