19 mai 2021

 Le monde selon Garp 

de John Irving 

****+


   Le monde selon Garp est le livre par lequel le succès est arrivé à John Irving.

   Il avait déjà publié trois livres depuis dix ans : Liberté pour les ours, L'épopée d'un buveur d'eau et Un mariage poids moyen avec chaque fois un succès d’estime, mais c’est avec Garp que la célébrité est venue et avec elle, l’aisance et l’assurance.

      Ce roman est l’histoire de S.T. Garp, depuis avant sa naissance jusqu’après sa mort, en passant par toutes les étapes de son existence.

   Alors que son père pouvait difficilement exister moins, Garp d’abord projet de sa mère, puis gamin indépendant et équilibré, devient un écrivain américain en passant par la case épanouissement par le sport : la lutte.

       Ces relations avec les femmes ne sont généralement pas simples, comme n’étaient pas simples les relations de sa mère avec les hommes, mais d’une toute autre façon ; et l’on retrouve dans ce roman comme dans d’autres du même auteur, le thème des organisations féministes et de défense des femmes violées, des transgenres, ainsi que celui de la famille unie.

   L’autre thème majeur de ce livre est la paternité qui est pour Garp immense joie et tout aussi immense source d’angoisse.

      Les rebondissements ne manquent pas, tant cocasses que dramatiques et la mort est plus d’une fois présente dans le parcours, comme lorsque l’on voit le phobique des accidents dus à l’imprudence automobile être responsable d’un accident terrible dû à son imprudence automobile…

      Ce roman fait la part belle aux «seconds rôles» auxquels on pourrait sans doute même reprocher d’être un peu… exagérés. L’ailier de football américain transsexuel, le groupe de féministes muettes par automutilation, les différentes tares des enfants Percy… Vous me direz, ça a au moins le mérite d’être clair. Oui... Clair, ça l’est.

      Avec le séjour à Vienne, la lutte et nombre d’autre éléments autobiographiques, le cousinage entre Grap et Irving est inextricable et la «pension Grillparzer» n’est pas sans évoquer l’ «Hôtel New Hampshire» qui verra le jour 3 ans plus tard

   

   Je veux dire encore que j’ai beaucoup aimé le long épilogue qui, partant du principe qu’un roman est fini lorsque ses personnages sont morts, nous donne des nouvelles de la suite de la vie de tous les personnages, même de ceux que l’on a suivis peu de temps. J’ai vraiment bien apprécié cette fin même si je ne suis pas d’accord avec Irving qui dit que l’intérêt des épilogues est qu’ils permettent d’ouvrir une histoire sur l’avenir, alors que je pense plutôt qu’ils permettent de donner un sens au passé.

      En conclusion, c’est un livre qui se lit facilement et sans déplaisir, mais c’est aussi un monde romanesque qui, selon moi, manque un peu de finesse et de profondeur.

   Je crains que la façon totalement négative, colérique et méprisante dont l’auteur Garp reçoit les critiques sur ses productions, représente celle dont Irving les reçoit lui-même et c’est bien dommage car cela l’a peut-être empêché de franchir la distance, pas si grande, qui le séparait du vraiment bon livre. Il est sûr que certaines critiques faites à un livre sont infondées et qu’il ne faut pas s’y arrêter, mais elles ne peuvent pas l’être toutes. Il n’est pas bon non plus de ne prêter l’oreille qu’aux louanges et croire que les réserves ne sont émises que par des imbéciles ou des jaloux. Il manque bel et bien quelque chose aux romans de John Irving. S’il l’admettait, il pourrait peut-être trouver quoi.

      Alors, pour contrebalancer, je dois souligner aussi que j’avais déjà lu ce livre il y a de nombreuses années et que plusieurs scènes m’étaient nettement restées en mémoire, alors même que je ne me souvenais plus de quel livre elles provenaient. Et cela, tout de même, cette capacité à donner un tel impact à des scènes de son roman, ce n’est pas rien dire du talent d’un écrivain.

   Il manque quelque chose à John Irving, mais il a quelque chose aussi. C’est tout aussi certain. 


978-2020363761 

1 commentaire:

  1. Je l'ai lu il y a plusieurs décennies. Oui, la vie de Garp est bien "hors normes" dès sa conception mécanique (pour ce que je me rappelle! Je ne l'ai pas "re-parcouru")...

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