La séparation
de Christopher Priest
***+
SF
L'histoire débute ainsi : L'attention de l'historien et auteur à succès Stuart Gratton, spécialisé dans la seconde guerre mondiale, est attirée par l'évocation dans un texte de Churchill, d'un pilote de bombardier du nom de Sawyer, qui serait objecteur de conscience. La chose lui semble impossible et il entreprend de fouiller un peu cette piste pour en savoir plus sur ce Sawyer. Autant dire qu'en vous révélant d'entrée de jeu qu'il y a deux jumeaux Sawyer, la quatrième de couverture détruit tout de suite ce premier élément de surprise voulu par l'auteur.
Les recherches de l'historien se révèlent fructueuses puisqu'elles lui font découvrir que les frères Sawyer ont été médaillés olympiques britanniques aux jeux de 1936. Ils ont à cette occasion rencontré Rudolf Hess dont il va être beaucoup question tout au long du récit. En effet, dans la nuit du 10 au 11 mai, "décolle seul, secrètement, pour l'Écosse aux commandes d'un avion Messerschmitt, soi-disant sans en informer Hitler, afin de proposer un traité de paix séparée avec le Royaume-Uni, peu avant l’attaque-surprise allemande contre l’Union soviétique, violant le pacte de non-agression. En Allemagne, son départ imprévu est publiquement assimilé à une désertion. À son arrivée, en Écosse, sa démarche n'est pas prise au sérieux ; il est arrêté et maintenu en détention jusqu'à la fin de la guerre, puis il est transféré à Nuremberg pour y être jugé avec les principaux responsables nazis : reconnu coupable de complot et de crime contre la paix, il est condamné à la prison à vie" (Wikipedia). Cela, c'est la réalité, mais « La séparation » va imaginer les trois principales possibilités : Hess n'arrive pas en Angleterre car son avion est abattu, il y arrive mais n'est pas cru, il y arrive réellement mandaté et la guerre cesse sur le front ouest en 1941 au détriment des Russes. Cela offrait bien évidemment un sacré terrain de jeu à l'imagination. Je pense qu'il n'était pas du tout nécessaire de le compliquer, je dirais même de l'encombrer autant que l'auteur l'a fait. Pas un personnage principal mais deux, qui se ressemblent au point que ni les autres personnages, ni le lecteur ne les distingue. Les jumeaux ont même nom, mêmes initiales. Les chapitres sautent de l'un a l'autre sans qu'on le sache tout de suite. Quand on y ajoute des hallucinations... on peut dire que cela est compliqué au point d'en devenir franchement obscur. D'ailleurs, au bout du compte, je n'ai pas réussi à bien démêler l'étrange implication de l'historien (relevez son nom) dans tout cela...
Donné pour une uchronie, ce roman n'en est en fait pas vraiment une. Je ne veux pas livrer la chute mais ceux qui le liront le constateront. « La séparation » a reçu plusieurs prix, ce qui me met en porte-à-faux avec mes réserves sur ce roman d'un auteur que j'apprécie pourtant beaucoup habituellement. C'est vrai qu'il a su avec maîtrise mener les grandes scènes et que je pense que c'était difficile à faire. On ne peut qu'admirer l'art de l'auteur confirmé (et doué), mais si j'ai lu sans peine les 450 et quelques pages de ce roman, je ne me suis cependant jamais laissée vraiment emporter par ce récit trop trompeur pour qu'on s'y fie.
978-2070356980
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