Quand le diable sortit de la salle de bains
de Sophie Divry
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Je lis ce livre après tout le monde parce que je ne suis pas pressée, mais je le lis quand même. Il y a eu trop de commentaires élogieux, il fallait que j'y aille voir. Et j'ai bien fait car ce roman m'a beaucoup plu.
Il m'a beaucoup plu parce qu'il sait témoigner avec justesse et puissamment d'un phénomène de société actuel, majeur, préoccupant, mais négligé car il touche des populations qui n'ont pas accès à la diffusion de leur parole. Ce n'est pas du tout parce qu'ils ne sont pas nombreux qu'on ne parle pas d'eux. Ils sont légions au contraire, et vous en avez tous dans votre entourage, ou en avez eu, ou en aurez. Leurs récits sont bien plus poignants que celui des soucis qu'un tel a eu avec sa maman ou son papa qui ne n'ont pas été gentils avec lui... mais on ne les connaît pas car ils ne sont ni racontés ni publiés, car ces gens-là ne sont pas écrivains... Et puis parfois si, cela arrive à un écrivain et alors, il sait le dire. C'est Orwell, c'est Fondation, c'est Flynn; et puis voilà que c'est Divry, et elle en parle vraiment bien. De la lente dégringolade jusqu'à ce qu'on soit dépassé, découragé et qu'on coule vraiment, et dans l'indifférence générale. Les écrivains sont là pour parler du monde.
Il m'a beaucoup plu parce que la psychologie du personnage est parfaite. Tout sonne juste du petit accroc de départ qui fait qu'une situation précaire s'écroule, jusqu'à l'épuisement final quand on réalise soudain que cette lutte est en fait sans espoir. On parle dans beaucoup de commentaires de ce livre, du côté humoristique et même comique du récit, et c'est juste, mais vraie politesse du désespoir, relisez la dernière phrase ! Riez-vous encore ? Heureusement que la bouée de sauvetage est dans les bonus !
Il m'a beaucoup plu parce que c'est une œuvre littéraire avec une majuscule. Un festin, un banquet, de jeux de mots, de pastiches, de calligrammes, de contes, de citations cachées, de... tout. Sophie Divry nous offre tout de ce que peut donner un écrivain. Elle met tout dans la balance, et ce cadeau, c'est pour nous. Jetons-nous dessus.
"Mais ne nous y trompons pas: ce n'est pas le chômage qui est drôle, c'est la littérature qui peut-être une fête."
978-22901294630
J'avais bien aimé aussi cette lecture. Depuis j'ai lu "Trois fois la fin du monde", très différent.
RépondreSupprimerJustement, j'y pensais. Très différent, ok, mais tu me le conseillerais?
RépondreSupprimerJe t'ai répondu sur mon blog. Il est à lire oui, mais peut-être pas en période de confinement. C'est une histoire violente et dure. Personnellement, j'ai plus besoin de lectures un peu plus "doudou" (sans tomber non plus dans la mièvrerie).
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