13 juin 2021


Le mendiant 

de Naguib Mahfouz 

****+

Démon de midi et dépression

 Omar al-Hamzâwi, 45 ans, avocat à succès qui rêvait d’être poète, est atteint par la dépression. C’est une petite phrase anodine qui va déclencher l’avalanche. De ces choses que l’on dit sans y penser vraiment, au Caire comme ici, et qui ont la profondeur philosophique (ni plus, ni moins) de nos «On est bien peu de choses…» 

  Peu à peu, tout perd sens pour lui, famille, travail, position sociale et même amitié. Il reste l’amour. Il s’y jette donc avec l’ardeur du désespoir, piétinant à l’occasion son couple, l’amour tendre et dévoué de sa femme, de ses filles, mais «Je ne peux pas faire autrement.» En clair, la peur de la mort le talonne et il cherche à tout prix comment la museler. 

 «Peut-être qu’une lumière jaillira dans ta poitrine à la manière de l’aube qui point pour déloger la peur du néant!» 

 Et le retour d’un ami d’enfance, je ne vous dis pas dans quelles circonstances, le confronte sans grand effet positif à celui qu’il fut à 20 ans. Le soutien compréhensif d’un autre ami de toujours ne saura l’aider. 

  Les choses évolueront ainsi pendant de longs mois, nous faisant vivre les essais qu’il tente pour retrouver un sens à sa vie. Vous savez, ce genre de questions que l’on ne se pose que lorsque l’on n’a plus la réponse. 

  Je soupçonne que ce roman nous offre une fenêtre sur les préoccupations de son auteur à une certaine période de sa vie, (mais qui ne traverse pas ce genre de crise ?) et qu’il s’est aventuré à poursuivre ici les raisonnements et les évènements jusqu’à leur possible conclusion, se donnant à vivre, par procuration, ce qu’il n’a pas vécu lui-même, nous offrant cette même expérience. 

  C’est à ce titre un roman d’une grande qualité puisqu’il nous offre une fenêtre sur un problème humain que beaucoup rencontrent, et, utilisant ses personnages et, les faisant évoluer dans cette situation, il nous révèle diverses possibilités, risques… Il améliore ainsi notre expérience de la vie, notre connaissance de l’humain. Ce qui est la gloire de l’œuvre littéraire. 

  Pour l’écriture, j’ai été étonnée de voir dans une même page, parfois dans un même paragraphe, les "je" ou "tu" ou "il" représenter la même personne (Omar en l’occurrence). Mais, le premier moment de surprise passé, je n’ai pas été dérangée par ce procédé qui n’a gêné ni ma lecture ni ma compréhension. Par contre, j’ai eu, jusqu’à la fin, davantage de difficultés avec les dialogues, pourtant courts, dans lesquels il m’est très souvent arrivé de ne plus savoir qui parlait et de ne plus parvenir à identifier les positions des interlocuteurs. Je ne sais pas à quoi cela est dû. 


Wikipédia : Najib Mahfouz (arabe : نجيب محفوظ, Naǧīb Maḥfūẓ), né le 11 décembre 1911 au Caire et mort le 30 août 2006 dans la même ville, est un écrivain égyptien contemporain de langue arabe et un intellectuel réputé d’Égypte, ayant reçu le prix Nobel de littérature en 1988. 

978-2742735426 

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