L'allègement
des vernis
de
Paul Saint Bris
***+
Quatrième
de couverture:
"Aurélien
est directeur du département des Peintures du Louvre. Cet
intellectuel nostalgique voit dans le musée un refuge où se
protéger du bruit du monde. Mais la nouvelle présidente, Daphné –
une femme énergique d'un pragmatisme désinhibé –, et
d'implacables arguments marketing lui imposent une mission aussi
périlleuse que redoutée : la restauration de La Joconde"
Excellente
histoire, vraiment. Se déroulant dans un environnement très
intéressant (les coulisses du Louvre) et mettant en scène (et même
en danger) sa star numéro un, la Joconde. Et quand on quitte le
Louvre, c'est pour se gorger des beaux paysages de Toscane !
Excellente
histoire, disais-je, avec du suspens ; pas haletant, mais du
moins qui ne retombe pas sans arrêt nécessitant des chocs de
réanimation. Avec de plus, un petit vernis culturel qui vous donne
l'impression d'apprendre des choses tout en vous passant un bon
moment. Pour être sincère, il y a même des passages qui font
penser à une resucée de guide ou de manuel, mais ça ne dure jamais
plus de deux trois pages.
Le
personnage principal est sympathique. On s'attendrit parce que sa
femme, à laquelle il tient, est en train de s'éloigner. Il
reconnaît qu’il est un peu casanier peut-être, quoique passant
son temps à voyager ou à honorer des invitations. Assez lisse, le
Aurélien. On (l'auteur?) ne lui trouve pas de défaut, et
franchement, moi non plus.
Ajoutez
à cela quelques belles histoires d'amour comme on n'en voit que dans
les romans (alors justement, c'était le moment), des personnages qui
disparaissent discrètement quand on n'a plus besoin d'eux. Des
grandes passions, mais entre gens bien élevés.
Bref,
ce roman sera très plaisant à lire pour beaucoup. Il a même reçu
un prix. On sait ce que ça vaut, mais bon, quand même. Comme vous
vous doutez, tout ne va pas être facile dans ce grand projet
"Joconde" , et tout ne se passera pas non plus exactement
comme prévu. De quoi maintenir l’intérêt du lecteur. Je connais
des gens à qui je le conseillerai ou même l'offrirai, et je sais
d'avance qu'ils seront contents de leur lecture.
Bon,
maintenant, vous regardez les étoiles et vous tiquez un peu:
pourquoi 3 1/2, alors? Eh bien pour moi, c'est le style. J'ai trouvé
que c'était un peu léger d'un pont de vue littéraire. Entendons
nous, c'est correctement écrit, mais le style, ou la littérature,
c'est autre chose, quelques mots recherchés saupoudrés ici ou là
ne suffisent pas.
D'abord,
c'est bavard. On est loin de l’écriture "à l'os".
Beaucoup de choses sont dites en cinq phrases au lieu d'une. Et puis,
il y a des sautes de style, comme on a des sautes d'humeurs. J’ai
évoqué les pages-documentaires, mais il y a de plus en plus en
progressant dans l'ouvrage, des variations de styles affirmés qui
ont toutes la particularité de ne pas convenir à la situation
évoquée. Par exemple, la trivialité incongrue d'une femme
magnifique dans un décor somptueux : "Elle alluma une
cigarette qu'elle fit crépiter longuement. Elle était contente
d'avoir quitté Paris, elle s'y était fait globalement chier."
J'avoue que j'ai eu un mouvement de recul, d'abord parce que j'aurais
mis "globalement" avant fait, et ensuite parce que d'un
coup, la femme me semblait beaucoup moins magnifique. A un autre
moment, l'auteur se lance dans une scène torride et se dit que se
serait tout à fait le moment de faire des phrases et le résultat
est aussi érotique qu'un dictionnaire de rimes. "Ils
roulèrent encore; il la coucha dans un halo de lumière sélène,
son visage maintenant baigné d'une clarté bleutée. Ils
ralentirent. Il arracha pour l'éternité les images macro du grain
de sa peau perlée de sueur, d'une mèche brune plaquée sur la
tempe, d'un hélix percé d'argent. Il captura le profile ourlé de
ses lèvres entrouvertes et l'aile frémissante d'une narine. Elle "
Il... elle... etc. Je m'ennuie.
La
dernière partie est agrémentée de quelques scènes-montagnes
accouchant d'une souris (les toits du Louvre, le plongeon de
Gaetano…).
Conclusion:
roman agréable qui comblera davantage ceux qui aiment les belles
histoires que ceux qui aiment la belle littérature.
978-2848769882
Je lis je blogue a écrit: "Je l'ai offert à une proche et ton billet me fait penser que cela lui plaira"
RépondreSupprimerPour une raison qui m'écahppe, son post ne s'affiche pas ici.
C'est probable. C'est typiquement le genre de livre à offrir. Facile, plaisant.
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