08 avril 2023

Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles 

de Gyles Brandreth

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L’auteur britanique Gyles Brandreth a eu l’audace d’imaginer une série de romans policiers de type whodunit dans lesquels Oscar Wilde tenait le rôle de personnage principal et détective. Les personnages réels se mêlent aux fictifs. La série, que j’ai trouvée plaisante, connaîtra 6 volumes, tous parus en français chez 10/18. La série n’est plus éditée mais demeure facile à trouver chez les soldeurs. « Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles » est le premier livre.

Dans cette aventure d'Oscar Wilde imaginé comme détective, l'auteur joue jusqu'au delà du possible avec les ambiguïtés sexuelles du personnage et de l’époque. C'en est vraiment remarquable de voir à quel point il dit les choses sans les dire et les fait sans jamais que ce soit même envisagé comme une possibilité. Cela doit ressembler assez justement et nous mettre dans l'ambiance exacte de ce qu'était l'homosexualité masculine dans cette société où elle était encore un "crime" capable de vous envoyer en prison pour plusieurs années et où donc, vous l'aurez compris, elle n’existait pas.

Dans cette enquête, très bien tournée et imaginée, Wilde découvre le cadavre d'un adonis qui est un de ses protégé très aimé, son préféré du moment, qu'il rencontre régulièrement dans une auberge écartée... pour lui donner des cours aptes à lui permettre de ne pas faire tache dans une société plus raffinée que celle d'où il vient (qui est terriblement sordide). Il s'agit, ainsi qu'il l'explique sans rire à son ami l’écrivain et narrateur habituel Robert Sherard et par son intermédiaire au lecteur, d'un jeune homme à la beauté et aux qualités si remarquables qu'il méritait de s'élever dans la société et que Wilde s'était chargé de corriger les injustices de sa naissance.

Bref, le jeune homme nu git dans ladite chambre d'auberge mort et installé dans une mise en scène genre sataniste (les chandelles du titre). Oscar qui le découvre ainsi comprend tout de suite que le temps de la séduction a fait place à celui de la peine et des ennuis, d'autant qu'il se met en tête de découvrir le fin mot de l'histoire. Et tant mieux parce que s'il avait fallu s'en remettre à la police... 

La police donc où le double langage va continuer à régner en maître étant donné que tous ces messieurs d'un certain âge et parfois du meilleur monde qui, comme Wilde, fréquentaient le personnage assez répugnant qui découvrait des beaux jeunes gens méritants au fond des masures et leur organisait une vie meilleure à Londres, ne le faisaient que par souci d'équité sociale. Leurs réunions régulières en des lieux discrets n'avaient d'ailleurs qu'une vocation totalement artistique et culturelle. Comme on l'aura bien compris. Enquêter dans un milieu qui n'existe pas avec des personnages faussés ayant des motivations jamais évoquées, seul un personnage aussi à l'aise que Wilde dans cette eau-là pouvait y parvenir.

Et c'est ce qu'il fit.

Un bon moment de lecture dans un univers où tout est faux, autant dans le monde des personnages qui nient leur réalité, que dans celui du lecteur qui va s’imaginer un moment qu'Oscar Wilde a pu ressembler à cela. Mais Brandreth maîtrise tout cela si bien, qu'avec notre consentement, il nous y fait croire l'espace de quelques heures un peu compliquées certes, mais comment tout ne le serait-il pas dans ces conditions?

Le plus ambigu de la série. On commence fort.

 

    1. Oscar Wilde and the Candlelight Murders (2007) Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles

    2. Oscar Wilde and the Ring of Death (2008) Oscar Wilde et le jeu de la mort

    3. Oscar Wilde and the Dead Man's Smile (2009)  Oscar Wilde et le cadavre souriant

    4. Oscar Wilde and the Nest of Vipers (2010) Oscar Wilde et le nid de vipères

    5. Oscar Wilde and the Vatican Murders (2011) Oscar Wilde et les Crimes du Vatican 

    6. Oscar Wilde and the Murders at Reading Gaol (2012)  Oscar Wilde et le Mystère de Reading



978-2264046499



4 commentaires:

  1. Lu il y a un bout de temps mais je n'avais pas été emballée et je n'ai pas continué la série. J'ai trouvé ça un peu too much, trop d'aphorismes même, c'est un comble...

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    1. Ce numéro 1 n'est pas le meilleur, il est vrai. Le concept avait besoin d'être rodé. ;-) On n'est pas obligé de les lire dans l'ordre

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  2. Pour une raison que j'ignore, j'ai commencé la série par "Le nœud de vipère" mais ça remonte à loin. Je me souviens seulement d'avoir apprécié l'ambiance.

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    1. C'est vrai, moi aussi, je trouve l'ambiance plutôt sympa. Je pense qu'on peut les lire dans n'importe quel ordre.

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