Sœur
d'Abel Quentin
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Ayant beaucoup apprécié le dernier roman d'Abel Quentin, j'ai voulu savoir ce qu'il avait publié auparavant et c'est ainsi que je me suis retrouvée avec ce livre entre les main. Pourtant, pour dire vrai, le sujet ne me tentait guère : comment des jeunes et spécialement ici des jeunes filles se retrouvent à choisir de se voiler, de partir en Syrie ou même de commettre un attentat. Ce n'était pas quelque chose dont j'avais vraiment envie qu'on me parle, mais je voulais encore davantage voir ce qu'il en était du premier roman de cet auteur. Alors, je me suis lancée.
Jenny a quinze, elle est fille unique et n'aime pas ses parents pourtant plutôt accommodants et qui lui assurent une vie confortable. Elle n'a ni beauté, ni charisme, ni gentillesse et fatalement, ses relations avec ses camarades de collège sont mauvaises. Une belle crise d'adolescence, quoi. Le monde est injuste, personne ne la comprend, les garçons ne s'intéressent pas à elle, elle rejette l'aide des adultes et tout va très mal dans sa tête jusqu'à ce qu'elle entende enfin une voix amicale et compréhensive, celle de Dounia qui lui donne raison sur tout et, accessoirement, prône un Islam radical. (J'ai beaucoup pensé à la clairvoyante Virginie Despentes disant jadis "Les choses ont changé. A notre époque, si on aimait faire chier le monde, on faisait du X, mais aujourd’hui porter le voile suffit.")
Autour d'elle, la France est celle du moment où le vieux Président prestigieux se voit détrôné par son protégé aux dents longues. Aucun nom n'est donné, mais on a Sarkozy et Chirac en tête. C'est bien rendu. Un peu plan-plan mais sans que cela pose problème car ces chapitres sur le monde politique jouent le rôle de pauses dans le parcours chaotique de notre Jenny devenue Chafia et qui peine à distinguer le Coran des aventures de Harry Potter. Chafia la gamine, et "son ego boursouflé et meurtri", qui se voit "Chafia Al-Faranzi, surgie du néant pour étonner le monde."
Au final, je trouve que c'est un bon roman, qui a eu le courage de s'emparer d'un sujet délicat et difficile et de bien le traiter, mais qui a des problèmes de rythme. Ca ne file pas comme ça devrait. A certains moments, ça freine trop, à d'autres, on a l'impression d'avoir sauté une étape. On voit le gain en maîtrise de l’écrivain entre cette "Sœur" et "Le voyant d'Etampes". Tout de même, cela vaut la lecture et surtout ! l'attente du troisième Abel Quentin...
979-1032905913
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