Taormine
de Yves Ravey
***+
Louisa et Melvil Hammet, ménage en bout de course, lui incapable entretenu par sa femme et elle bienveillante mais de plus en plus lointaine, viennent d’atterrir en Sicile car Melvil s'est mis en tête d’organiser des vacances de rêve pour redynamiser leur couple. (On verra comment ses efforts seront récompensés.) Fatigués par le vol, ils ont encore perdu beaucoup de temps à louer leur voiture mais les voila enfin en route pour l’hôtel. C'est le soir mais Louisa n'a qu'une idée en tête : la mer, la voir et y plonger. Aussi Melville, soucieux de lui plaire, prend-il une sortie d'autoroute qui lui semble y mener. Hélas, ils ne trouveront que travaux et station service minable. Le crépuscule est là, il se met à tomber des cordes, et ils se résignent à gagner leur hôtel, mais, alors qu'ils cherchent à regagner l’autoroute la voiture subit un choc sur l'aile droite. Ils n'ont strictement rien vu. Ils n'ont aucune idée de ce qu'ils ont pu heurter sur ce chemin défoncé. Et là, réflexe dû à la bêtise, à la fatigue, à l'obsession de vacances sans aucun problème, ils minimisent et ne s'arrêtent pas. Si bien qu'ils ne sauront jamais s'ils ont heurté un objet, un animal ou même, mais ils refusent de l'envisager, une personne. Cependant, leur comportement, surtout celui de Melville, va devenir de plus en plus celui de coupables en fuite. Ils évitent les voies fréquentées, dorment dans la voiture et, quand ils regagnent enfin leur hôtel, c'est pour apprendre par le journal, la mort d'un enfant heurté par une voiture dans le secteur où ils se trouvaient. A partir de là ils vont enchaîner une succession de mauvais choix qui les entraînera toujours plus loin dans la catastrophe.
Je n'ai pas trouvé ce court roman très plaisant à lire. Un petit problème d'ambiance, s'il y a une tension qui va croissant à partir de ce simple choc incompréhensible, il y a également un fort sentiment de malaise qui agit sur le lecteur. On se sent pris dans l'engrenage comme les Hammet avec lesquels on ne sympathise pourtant pas. Qu'est-ce qu'on aurait fait, nous? Est-ce qu'on se serait arrêté sous cette pluie battante à visibilité zéro, ou est-ce qu'on se serait également empressé de conclure que ce n'était rien, le talus, et tant pis pour la carrosserie, on verrait plus tard. On se dit qu'on se serait arrêté mais est-ce si sûr? Et ensuite? Qu'aurions-nous fait, une fois qu'il était trop tard pour changer les choses?
Par contre, je n'ai pas apprécié la fin, que j'aurais tendance à qualifier de... "absente" ? Oui, c'est le mot.
978-2707347701