Lulu femme nue
Premier livre
d' Etienne Davodeau
*****
Bande dessinée
Diptyque
Histoire en deux volumes, cette « Lulu femme nue » est la présentation par un homme (Davodeau) d'une problématique féminine. Son empathie va loin au demeurant et est très honnête et bien réussie, sauf pour la fin, mais nous y reviendrons.
Lulu commence à vieillir et n'a jamais été belle. Elle a élevé trois enfants dont l’aînée a quinze ans et voudrait bien retrouver le monde du travail. Seulement, des mères de trois enfants qui n'ont jamais vraiment travaillé et en tout cas plus depuis quinze ans, le marché de l'emploi n'en manque pas et c'est bien dommage parce que justement, il n'en veut pas. Aussi l'entretien d'embauche qui ouvre le premier album se termine-t-il sans illusions. Mais, démoralisée, à la sortie, Lulu décide de ne pas prendre tout de suite le train du retour mais plutôt de s'accorder un peu de vacances. Elle n'a pas envie, immédiatement après cette porte fermée à son nez, de replonger dans sa vaisselle, son ménage et un époux tyran domestique, buveur, exigeant et peu aimant. Elle a besoin de souffler. Alors, sans plus de projets, elle prend une chambre d’hôtel, minable, car chez Davodeau, les personnages sont bel et bien aux prises avec les soucis matériels et ici, tout du long de l'histoire, Lulu n'aura pas un sou et les gens qu'elle rencontrera, guère plus. C'est une des grosses qualités de ces histoires.
Donc, Lulu part. Elle va voir la mer, dort sur des bancs, a froid, puis rencontre un homme avec lequel elle s'autorise une jolie « brève rencontre ». De son côté, son mari, bien évidemment incapable de faire face à quoi que ce soit, s'empresse de se laisser sombrer sans s'occuper de ses enfants, histoire de bien prouver à quel point elle est méchante de l'avoir abandonné (mais sans oublier toutefois de bloquer la carte bancaire qu'elle détient, histoire qu'elle ne risque pas d'avoir un sou).
A la fin de ce premier livre, Lulu, que la réalité a un peu rattrapée, quitte son amour éphémère mais, ne se sentant pas encore prête à rentrer au bercail, repart un peu plus loin.
Les dessins, l'histoire, les personnages, tout est beau et sonne vrai. Pas de romantisme échevelé, pas de grands sentiments, un réalisme scrupuleux qui soutient une vraie sincérité dont le graphisme se fait l'écho.
J'ai tout aimé ici.
(La suite demain)