Faillir être flingué
Céline Minard
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Reprise d'une chronique de mon ancien site.
V'la qu'je lis des westerns maintenant !
Si on m'avait dit, il y a encore peu de temps que j'allais dévorer un western et m'en régaler, j'aurais bien ri. Je crois que cela me semblait à peu près impossible. J'avais tort.
Me voilà donc au Far-West, entourée de cow-boys et d'Indiens, et même de Chinois, toute une population aux conditions de vie plus que précaires, et pourtant des gens aussi gonflés d'espoir et d'appétit de vivre que méfiants. Et que vont-ils donc faire des maigres atouts qui sont les leurs dans cette partie si rude ?
Céline Minard affiche une parfaite maîtrise de son art qui n'utilise jamais les voies de la facilité. Nous passons toute une première partie de l'ouvrage à découvrir les différents personnages qui l'animeront (et ils sont assez nombreux) chacun est fort et intéressant (première grosse qualité du récit) et chacun se trouve dans une situation qui retient l'attention. Ce sont des gens qui se trouvent dans l'Ouest américain à la fin du 19ème, dans l'espoir de se faire une situation car ils n'ont rien, ou pas grand chose, en dehors de leur courage et de leur volonté qui ne sont pas négligeables. Il y a des «bons» et des «méchants», mais contrairement à un des poncifs (peu vraisemblable d'ailleurs) des films de série B, les Bons ne sont pas d'inoffensifs personnages un peu mous qui savent juste faire pousser des céréales et des enfants. S'ils ont survécu jusque là et ont pu s'installer sur ce territoire jusqu'alors sauvage, c'est bien qu'ils sont aussi coriaces que les Méchants qui les menacent. La lutte sera rude et impitoyable, ici, le héros, "n'ayant rien à perdre, fut prêt à tout gagner largement."
L'auteure ne nous lésine pas les scènes d'anthologie qui réjouissent le lecteur ou l'impressionnent, et lui restent longtemps en mémoire. Ajoutez à cela la si juste psychologie des personnages et leurs qualités humaines, les innombrables rebondissements agencés sur une structure impeccable, les mille moments d'angoisse ou de jubilation, le tout porté par une belle écriture qui sonne juste... Je me suis sentie une lectrice gâtée, comblée !
Céline Minard a écrit des romans de science-fiction, des romans historiques du Moyen-Age ou de la Renaissance, et d'autres types de romans encore, et elle a tout fait bien. Elle sait tout faire. C’est cela, un écrivain. A mon sens du moins. Cela écrit (bien) des histoires que les gens ont plaisir à lire, qui les font trembler, rire, pleurer, réfléchir, espérer et craindre, voir leurs méfiances les plus pessimistes se confirmer et leur fondamentale confiance en l'esprit humain aussi. L'écrivain ne nous parle pas de lui, mais du monde. Il transpose, il veut nous parler de l'humanité et ne raconte pas en ne nous parlant que de lui, ses parents, sa famille, son sexe, son dieu, ses angoisses puériles jamais surmontées. Non, non, il y va franchement, l'écrivain crée des mondes, nous parle de fusées, de papes, de chevaliers, de cow-boys. Il nous doit des histoires, il nous donne des histoires, car l'homme reste toujours cet enfant que les contes aidaient à se construire et à quatre-vingts ans, il marche encore comme ça.
Prouvant qu'elle pouvait tout écrire, C. Minard a prouvé que je pouvais prendre plaisir à toutes les bonnes lectures. Je m'en réjouis.

J'ai lu assez de romans de C Minard pour être totalement d'accord avec ce que tu dis d'elle, et d'un véritable écrivain créateur
RépondreSupprimerOui, c'est une des "Grandes" actuelles.
SupprimerQuel enthousiasme ! Keisha a parle de Tovaangar récemment mais le côté SF ne m'a pas attirée. Par contre, un western pourrait bien me plaire et serait enfin l'occasion de découvrir la plume de Céline Minard.
RépondreSupprimerVas-y sans hésiter. Pour Tovaangar, je suis en train de le lire.
SupprimerJ'ai adoré ce roman ! Le grand jeu m'a en revanche laissée très perplexe... mais je compte bien lire Tovaangar (qui fait une bonne idée de lecture pour les pavés de l'été)..
RépondreSupprimerJe suis en train de le lire mais j'ai pris du retard sur mes prévisions, c'est pour cela que j'ai remonté cette lecture remarquable en attendant.
Supprimertellement écoeurée par la lecture du Grand jeu que je m'étais jurée ne plus lire cette autrice... bon, je sens qu'il va falloir que je revienne sur mes préjugés :)
RépondreSupprimerVraiment? Moi, j'ai beaucoup aimé https://la-petite-liste.blogspot.com/search/label/Le%20grand%20jeu
SupprimerDonc, je pense que tu peux aimer Faillir être flingué, mais probablement pas Tovaangar
Oui, c'est un western jubilatoire ! Mon titre préféré chez Céline Minard avec Olimpia.
RépondreSupprimerC'est vrai. C'est peut-être son meilleur.
SupprimerQu'est-ce que j'avais aimé ce titre ! Un des premiers western dans lequel je me suis plongé, et c'est un genre vers lequel je reviens régulièrement maintenant avec de belles découvertes !
RépondreSupprimerAh bon? Ah, moi non, je n'ai pas poursuivi avec le genre western. Sauf "Les frères Sisters" qui était également excellent.
SupprimerJe suis une grande de fan de westerns au cinéma, mais je n'en ai bizarrement jamais lus. (Je ne compte pas La saga des émigrants en western même s'il y est question de "pionniers") Je note celui-ci !
RépondreSupprimerAlors tu devrais absolument lire celui-là.
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