Vingt et un
de Jean-François Kierzkowski
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Le blog "Sur mes brizées" ayant évoqué cet auteur que je ne connaissais pas, j'ai voulu en savoir plus à son sujet. Je n'ai pas trouvé le roman dont il était question dans la chronique (« Deux fois dans le même fleuve ») mais j'ai trouvé celui-ci: "Vingt et un".
C'est un assez court roman (150 pages) nous racontant les mésaventures un rien déjantées du dénommé Jean, paysan esseulé depuis la mort de sa femme.
"Mon épouse est décédée il y a cinq ans. La vie a bien changé depuis. C'est fou ce qu'on s'ennuie après avoir perdu sa femme! A vrai dire, je m'ennuyais déjà quand elle était là, mais pas de la même manière. Avant, je disais que c'était de sa faute si je ne savais pas quoi faire, c'est elle qui m’empêchait d'avoir les occupations que je voulais. A sa mort, il n'y a plus eu personne pour me défendre quoi que ce soit et c'est là que j'ai commencé à trouver le temps long."
Ses contacts humains se sont peu à peu limités au café du village et ses activités agricoles se sont réduites également car il a vendu ses bêtes à son voisin. Il ne lui reste plus que quelques poules. Il y a un peu d'amertume dans ces ventes qu'il a pourtant décidées lui-même. Bref, il est seul et inoccupé ce qui lui a laissé le temps de découvrir au fil des jours des choses étranges sur sa propriété. Des petites choses, d'apparence anodines, mais qui ne lui paraissent pas naturelles. Une idée en entraînant une autre, il se persuade bientôt que ces anomalies sont même franchement inquiétantes et significatives (mais de quoi?...) , si bien que le jour où une de ses poules pond un œuf vraiment énorme, il n'en doute plus, quelque chose se passe. Un signe? Un mauvais sort? il ne sait et malgré ses mines de libre penseur, il s'empresse de faire venir un magnétiseur. Le bonhomme ne paie guère de mine -c'est un euphémisme- mais qu'à cela ne tienne, il faut le laisser faire ses preuves. Et pour le laisser, Jean va le laisser puisqu'il va même le laisser s'installer à demeure, d'autant qu'il annonce du lourd: d'après lui, ces anomalies annoncent tout simplement l'apocalypse imminente qui partira d'ici même...
Une histoire bien déjantée comme je les adore ! Mi-drôle, mi-sérieuse. Bien menée, bien écrite, avec des personnages hyper bien campés, on partait pour une adhésion à 100% de ma part... et puis, le problème: L'entrée en scène d'un personnage trisomique crée ma gène. Ça me semble soudain moins drôle. Il est utilisé sans trop de vergogne par nos deux compères eux-mêmes loin d'être des prix Nobel, et je suis de plus en plus réservée... Je prends moins de plaisir au récit. Bref, je ne sais pas si j'ai raison ou non, si c'est une question d'époque, de politiquement correct (le livre a quinze ans), normalement, j'aime bien les transgressions, mais là, je bloque et ne me régale plus autant de l'histoire.
Conclusion, il faut que je lise un autre livre de cet auteur.
En attendant, citations :
"L'apocalypse, je la connais déjà: les taches brunes qui apparaissent sur mes mains, la cataracte qui embue mes yeux, mes os douloureux et ma mémoire difficile sont autant de cavaliers annonciateurs. Le corps qui se déglingue, qui se fane comme une fleur, voilà la véritable apocalypse. Le texte de la bible aurait mieux fait de s'intituler La Vieillesse, on aurait mieux compris."
"Je me forçais à être positif mais, à mon age, je sais que l'envie d'être seul se ressent toujours à l'arrivée d'un visiteur. L'instant d'avant on se morfond d'être abandonné de tous. L'instant d'après, on se demande quand l'intrus va partir."
9782915596328
Les comportements de personnages peuvent déranger au point de détourner d'un livre. Ça m'arrive si je trouve que c'est déplacé. Mais où se situe ce subjectif « déplacé » ?
RépondreSupprimerJ'ai connu un monsieur qui n'aimait pas le film "Le dîner de cons" à cause de la façon excessive dont on y moque Pignon (tour Eiffel en allumettes etc.). Moi, film et pièce m'ont fait rire sans arrière-pensée.
Je n'ai pas lu "Vingt et Un" et ne peut juger, mais on n'est pas du pur comique.
Tout à fait d'accord. Mais le sujet des enfants mongoliens est un peu trop délicat à mon avis pour qu'on l'utilise sans délicatesse. C'est fait sans mauvaise intention, on le voit bien, mais ça m'a gênée pour apprécier. Je vais en lire un autre
SupprimerSi vous aimez les univers déjantés, je vous conseille Le Bibliomane chez le même éditeur (Les Perséides) Et si vous souhaitez un récit autobiographique qui garde un ton très humoristique, je vous conseille Après le mur que j'ai écrit en 2019 (chez Anne Carrière) Et merci pour votre critique ! JFK
RépondreSupprimerBonsoir :-)
SupprimerFlattée de votre visite. J'ai déjà acheté "Après le mur" qui est dans ma PAL et j'ai aussi déjà la projet de lire "le bibliomane" parce que oui, j'aime particulièrement les univers déjantés.
Comme beaucoup d'auteurs, je me "googelise" parfois pour voir quelles sont les derniers critiques parues (surtout quand j'ai une nouveauté qui vient de sortir) je pensais trouver des retours sur mon dernier polar et j'ai été surpris de votre article me rappelant une œuvre de jeunesse. Que la critique soit bonne ou mauvaise, avec ou sans réserve, je suis toujours touché que des lecteurs prennent le temps de me lire jusqu'au bout et de dire ce qu'ils pensent de mon travail. Sur Vingt et un, vous avez sans doute raison : il s'agit d'un de mes premiers livres : quand on est jeune auteur, on cherche à surprendre et provoquer. J'ai un bon souvenir de ce roman, mais je ne l'ai pas relu depuis quinze ans. Peut-être que la provocation de l'époque souffre aujourd'hui des années passées ? Le monde a évolué... et mon écriture aussi ! Je vous encourage donc à persévérer. Bonne continuation. JFK
RépondreSupprimerCela ne m'étonne pas. J'ai eu en le lisant l'impression d'un roman écrit il y a un bon moment J'avais vérifié la date de sortie, 2007, mais j'avais l'impression que ça avait plus de quinze ans, en fait, et c'est vrai que notre vision des choses a évolué . Peut-être plus vite que je ne pensais. J'en tiens compte. D'autant que le ton général et même les personnages m'ont plu. Je lirai votre dernier, "Deux fois dans le même fleuve", c'est sûr, bien que pour le moment j'aie vraiment beaucoup de livres en attente. :-)
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