Les guerres précieuses
de Perrine Tripier
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LECTURE COMMUNE
Etonnant premier roman, tant par la maîtrise de l'écriture que par la finesse psychologique et l'originalité de l'histoire. Perrine Tripier débarque sur les rayons des librairies et déjà, j'ai lu son premier roman (bouche à oreille entre blogs de lectrices/teurs) et je me promets de ne pas rater le suivant.
Isadora Aberfletch est une vieille femme qui finit sa vie dans une maison de retraite. "Vieillir, n'est-ce pas troquer son être vivant pour un être préparé à mourir?" Elle a dû finalement abandonner la maison quelle chérissait tant, faute de n'avoir pu y être saisie par la mort. Alors, dans sa chambre silencieuse, Isadora se souvient et raconte. "J'agite des pantins dont les souvenirs s'effacent." Entre l'infinie disponibilité d'une enfance comblée, ouverte à tous les possibles "On formait un tout avec le monde, le moi était une maison vide ouverte aux quatre vents, traversée de grands aplats de soleil."
et cette chambre paisible qui appelle la fin, qu'y a-t-il eu?
Bilan d'une vie atypique, totalement libre et choisie? Ou au contraire totalement contrainte et conditionnée?
Le tout, porté par une écriture magnifique: "Je rouvre l'album, et le premier souffle qui s'en dégage est un soupir du temps, une bouffée d'odeurs ternies qui me replonge chez moi, subrepticement, pendant une fraction de seconde avant qu'elle ne se dissipe. Et je tourne les pages, et il me semble voir nos doigts fébriles se poser sur les photos."
Elle a été une petite fille heureuse jouissant d'une enfance gaie et libre au milieu d’une fratrie et dans une famille elle aussi gaie, libre et chaleureuse. La maman, artiste peintre, le père plus réservé, le grand frère protecteur, la grande sœur belle et coquette, la petite sœur, feu follet adorée de tous. Presque des archétypes, mais c’est comme ça qu’elle les voyait. Chacun avait un rôle, une place, harmonieux, équilibrés. Tous, et aux vacances, oncles, tantes et cousins aussi, abrités dans la grande Maison familiale et son beau parc. Maison, avec une majuscule, car pour Isadora qui raconte, elle est vraiment un personnage à part entière, plus, même peut-être, car elle est capable de les contenir tous, de les protéger, de leur assurer un environnement agréable. Isadora adore la Maison, la confondant avec son enfance dont elle fut le décor. Il y a des enfances si malheureuses qu'elles ne permettent pas de grandir ensuite et d'autres, trop heureuses au contraire, qui ont le même effet. Isadora a été si heureuse dans son cocon familial que non seulement, elle n'envisagera jamais de le quitter, mais encore, fera de ce maintien le but de sa vie. Isadora est belle et intelligente, la famille a du bien, les autres enfants ne tardent pas à quitter le nid et à elle aussi, un prétendant fort épris et plaisant, proposera le mariage, mais il faudrait quitter la maison et partir vivre ailleurs... Isadora le peut-elle?
"J'ai assez aimé la Maison pour ne rien souhaiter d'autre, dans toute mon existence, que d'y demeurer, blottie au creux des choses familières, me laissant patiner par le temps exactement comme la rampe de l'escalier en colimaçon."
Et plus loin,
"C'était mon combat, décidé à l'enfance, quand je lisais sur le rebord de la fenêtre, c'était ma gloire secrète, mon royaume à défendre."
Vœu bien compréhensible ou névrose? Enfance idyllique ou souvenirs biaisés? La lectrice surprise découvre, observe, et tente d’estimer. Il FAUT partir! lâcher la branche, prendre son vol, découvrir des mondes qu'on ne soupçonne pas et tracer son propre chemin. Certes. Mais je me souviens aussi d'un manoir à mes yeux idyllique, proche de chez mes grands-parents où j'ai toujours pensé que rien ne pouvait être mieux que d'y vivre. Et si cela avait été ? Et si j'avais grandi dans ce manoir idéal, aurais-je accepté de le quitter un jour, ou serais-je devenue une Isadora? Ce roman entre dans votre tête, dans vos souvenirs des lieux où vous avez vécu, où vous auriez pu vivre, et sa totale justesse de récit vous permet de vous sentir au cœur de sa problématique. Vous vous identifiez. Dans la famille Aberfletch, qui êtes-vous?
978-2072961076
Elise lit et partage et Véro_Bardot l'ont lu aussi
Le sujet ne m'attire pas plus que ça mes vos différents avis sont plutôt positifs.
RépondreSupprimerOh oui, vraiment. Ne te focalise pas sur le sujet, le charme du bouquin est ailleurs. Tu verras.
Supprimer*mais
Supprimer😄😜 Ca arrive aux meilleurs
SupprimerLe thème ne m'attire pas vraiment mais je ne lis que du bien de cette jeune romancière. ,
RépondreSupprimerCa vaut le coup d'essayer, il est excellent.
SupprimerL'idée autour de laquelle tourne ce roman est originale et m'intrigue. Alors si en plus l'écriture est à la hauteur (ce qui ressort des citations que tu as choisies), il n'y a plus à hésiter pour moi.
RépondreSupprimerC'est vrai que c'est original et oui, l'écriture est belle. Je suis sûre que tu aimeras.
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