Le club des incorrigibles optimistes
de Jean-Michel Guenassia
*****
Prix Goncourt des lycéens 2009
Le titre est plus gai que l'histoire
Quatrième de couverture
"Michel Marini avait douze ans en 1959, à l'époque du rock'n'roll et de la guerre d'Algérie. Il était photographe amateur, lecteur compulsif et joueur de baby-foot au Balto de Denfert-Rochereau. Dans l'arrière-salle du bistrot, il a rencontré Igor, Léonid, Sacha, Imré et les autres, qui avaient traversé le Rideau de Fer pour sauver leur peau, abandonnant leurs amours, leur famille, trahissant leurs idéaux et tout ce qu'ils étaient. Ils s'étaient retrouvés à Paris dans ce club d'échecs d'arrière-salle que fréquentaient aussi Kessel et Sartre. Et ils étaient liés par un terrible secret que Michel finirait par découvrir. Cette rencontre bouleversa définitivement la vie du jeune garçon. Parce qu'ils étaient tous d'incorrigibles optimistes. Il manifeste un naturel épatant pour développer une dispute à table, nous faire partager les discussions entre un Russe communiste et un Hongrois antistalinien."
La première réflexion, une fois tournée la dernière page, est que j'ai vraiment passé d'excellentes heures avec ce roman dont les plus de 700 pages ne m'ont jamais paru trop longues. C'est que l'imagination de J-M Guenassia est suffisamment vigoureuse pour les approvisionner toutes de peintures, d'aventures, de réflexions et de découvertes les plus diverses. A travers le récit de toutes ces vies peu paisibles et pleines de drames et de passions, ainsi que de la sienne propre, le jeune héros nous fait découvrir toute l'histoire du 20ème siècle de cette Mitteleuropa qui y fut si agitée. C'est d'une part le monde des Français de métropole et celle des Pieds-Noirs qu'il nous montre, du côté de sa famille. Et du côté du café de lycéens qu'il fréquente (ça se faisait alors, cela ne se fait plus je crois) le monde des émigrés russes (les blancs, les rouges), tchèques, polonais, roumains, hongrois... j'en oublie peut-être, exilés plus ou moins volontaires, pauvres, nostalgiques, et tous jouent aux échecs (ce qui est communément considéré comme un signe d'intelligence).
Michel pourtant, lui, joue aussi -et mieux- au baby-foot, c'est qu'il va nous présenter de son côté cette génération qui connaîtra tant de bouleversements sociétaux et arrivera bientôt à 1968... Ah ! On revoit le vieux Teppaz, les jukebox, les pions (espèce disparue il me semble et on se demande pourquoi il y a du chahut dans les collèges...)
Ce roman étonne par la richesses et le nombre des univers mis en place. Il comble le lecteur le plus gourmand.
On aurait pu envisager que J-M Guenassia, pour son second roman, reprenne le personnage de Michel en le faisant vieillir un peu pour nous le présenter justement en 1968, mais cela aurait été très casse-gueule car il aurait dû le situer parmi les clivages politiques de l'époque et s'enliser dans ces sectarismes exacerbés qui n'ont plus de sens aujourd'hui tout en gardant leur pouvoir toxique. Le lecteur de notre 21ème siècle n'aurait pu l'y suivre de bon cœur. Heureusement, le second roman est tout autre, mais on y retrouve notre Europe de l'Est dont l'auteur semble tout connaître .
Citation : Famille
« On ne raconte pas aux enfants ce qui s'est passé avant eux. D'abord ils sont trop petits pour comprendre, ensuite ils sont trop grands pour écouter, puis ils n'ont plus le temps, après c'est trop tard. »
978-2253159643
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