2084 - La fin du monde
de Boualem Sansal
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Protégeons notre langue et notre liberté !
Sur ce roman, le titre 2084 désigne l'année de la naissance du nouveau monde que nous allons découvrir dans les pages suivantes. Bien sûr, il établit également un lien avec le chef d’œuvre de Georges Orwell. Les clins d'œil se multiplieront d'ailleurs en cours de récit comme l’ineffable "bigaye", tandis que la trame est nettement calquée : Abi comme Big Brother a créé le dogme, les portraits omniprésents mais imprécis, la novlang etc. Je ne vais pas tout énumérer mais il faut avoir une mémoire encore assez bonne de l’œuvre d'Orwell pour bien goûter toutes les finesses de Sansal. Si ce n'est pas votre cas, cela ne vous empêchera pas de prendre plaisir à ce nouveau roman, mais il en sera moins riche, dommage. Allez hop ! On relit George. Ça ne peut pas faire de mal. Et comme il faudrait des pages pour tout dire de ce roman, je ne vais examiner qu'une face : Orwell avait écrit 1984 pour alerter sur les dérives totalitaires staliniennes que ses frottement avec le parti communiste, notamment en Espagne, lui avaient permis de bien voir. Sansal écrit "2084" pour alerter sur les dérives totalitaires religieuses que ses frottements avec le pouvoir algérien lui ont permis de bien voir. C'est la religion qu'il dénonce, surtout quand elle s'impose au plus intime des vies de chacun, puis de tous, quand elle s'impose du plus intime au plus général, modifiant les lois et même la langue, comme chez Orwell. Aussi vous ai-je réuni un petit florilège:
"On le formerait dès la prime enfance et, avant que la puberté pointe à l'horizon et révèle crûment les vraies vérités de la condition humaine, il serait devenu un parfait croyant, incapable d'imaginer qu'il put exister une autre façon d'être dans la vie."
(l'abilang) "Elle ne parlait pas à l'esprit, elle le désintégrait, et de ce qu'il restait (un précipité visqueux) elle faisait de bons croyants amorphes ou d'absurdes homoncules."
"C'est son regard qui attira celui d'Ati, c'était le regard d'un homme qui, comme lui, avait fait la perturbante découverte que la religion peut se bâtir sur le contraire de la vérité et devenir de ce fait la gardienne acharnée du mensonge originel."
"Ceux qui ont tué la liberté ne savaient pas ce qu'est la liberté, en vérité ils sont moins libres que les gens qu'ils bâillonnent et font disparaître..."
"L'ignorance domine le monde. Elle est arrivée au stade où elle sait, tout, peut tout, veut tout."
"La religion, c'est vraiment le remède qui tue."
J'ai voulu lire "Le train d'Erlingen" de cet auteur, finalement pas eu le temps et rendu, mais je suis dans l'hésitation.
RépondreSupprimerLe danger islamiste est-il sous-estimé ? semble dénoncer "2084 - ...". En tout cas, merci pour votre florilège. Je me déciderai sans doute un de ces jours à le lire.
Je vous le conseille :-)
Supprimer... et je vous le souhaite
SupprimerBonjour, 2084 est un livre exigeant pas très facile à lire mais il faut la peine. J'ai croisé Boualem Sansal à un salon du livre il y a quelques années, c'est un homme très sympathique. Et il m'a dédicacé son roman. Bonne journée.
RépondreSupprimerJe ne doute pas qu'il soit sympathique. J'aimerais aussi le rencontrer à l'occasion.
SupprimerExcellent roman.
RépondreSupprimerhttp://lebouquineur.hautetfort.com/archive/2015/12/01/boualem-sansal-2084-la-fin-du-monde-5724575.html
Oui, tout à fait
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