09 novembre 2023



L'ange noir 

d'Antonio Tabucchi

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C'est un petit volume que j'ai cueilli dans une boite à livres. Ils me tendait ses pages, pas trop nombreuses (160) et moi, j'avais besoin d'un nom de couleur pour le Petit Bac de Enna, il n'en a pas fallu davantage pour que nous fassions connaissance. Je n'avais même pas remarqué qu'il s'agissait de nouvelles et non d'un roman, et ce n'est pas plus mal car, n'aimant guère les nouvelles, je l'aurais peut-être laissé là.

"Ce sont des récits qui m'ont accompagné durant une certaine période de ma vie" A titre de souvenirs? De fantasme? de créations? On ne sait et l'auteur ne nous en dira pas plus puisqu'il choisit, à l’heure de les publier, de les quitter sans les accompagner : « Qu’ils s’en aillent ainsi, comme ils sont venus. Que rien ne les justifie, que rien ne les protège, et moins que tout une note en bas de page tissée de paroles de circonstances. » (Moi, personnellement, je n’aurais pas été contre).

Quand j’ai commencé ma lecture, je pensais encore entamer un roman et je me réjouissais car la belle écriture imagée et poétique me promettait des heures satisfaites. Le récit en lui même, est étrange (mais séduisant) mêlant strict réalisme et passages surréalistes : le narrateur, écrivain, se nourrit de bribes de phrases saisies au vol lors de promenades dans Naples, les souvenirs s’y mêlent « Tu (lui-même) étais une autre personne, comme c’est drôle, mais la mémoire est restée dans la personne que tu es aujourd’hui. » Puis survient un orage, et tout devient moins clair. et le peu que l’on en comprend de certain tient dans son titre.

Le deuxième récit raconte une étrange et stressante scène survenue alors qu’une bande de jeunes gens, poètes, repart après avoir passé la soirée chez Tardeus, le plus prestigieux d’entre eux, plus âgé également. Un aperçu du Portugal de Salazar, je suppose. Le surréalisme survient sous la forme d’un mérou.

Le troisième est le récit d’une femme qui trahit tout le monde et sans doute elle-même.

Le quatrième est l’interrogatoire stressant et kafkaïen d’un suspect, meurtrier ou simple magouilleur?

Le cinquième nous parle d’un vieil ex poète à succès, impotent et oublié de tous, qui vit reclus avec sa gouvernante (réelle?) en imaginant des dialogues avec des personnages de son passé. Il reçoit une poétesse jeune et belle à laquelle il ment, mais qui est la dupe?

On termine sur un sixième récit de jour de l’an ou encore une fois rêves et rêveries se mêlent en souvenirs d’enfance plus ou moins incertains (qui se rapprochent peut-être de celle de l’auteur) . Ici, le jeune garçon fils d’un criminel de guerre fasciste apprécie son oncle (peintre homo) et admire le capitaine Nemo.

C'est ce dernier récit qui a ma préférence, mais je les ai tous appréciés. Ils sont beaux, étranges et fascinants. Poétiques aussi, portés par une très belle écriture. Je pensais remettre bientôt ce recueil dans une boite à livres mais en fait non, je vais le garder et le feuilleter parfois, je finirai peut-être par comprendre ce qu’il y a dans les allusions, les esquives et les non-dits, mais j’en doute.


Liste des titres:

1. Voix portées par quelque chose, impossible de dire quoi

2. Nuit, mer ou distance

3. Bateau sur l’eau

4. Un papillon qui bat des ailes à New-York peut-il provoquer un typhon à Pékin

5. La truite qui se faufile entre les pierres me rappelle ta vie

6. Premier de l’an

978-2264018250



4 commentaires:

  1. On fait des découvertes parfois, dans les boîtes à livres ! J'ai dans ma PAL un roman de Tabucchi, Pereira prétend, je ne sais plus pourquoi je l'ai choisi, ni à quoi m'attendre !

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    1. J'ai effacé ma réponse précédente qui était une ânerie : ayant lu trop vite, j'avais vu Pessoa (auquel je pensais) au lieu de Pereira. Je suis verte de honte. Donc Tabucchi est spécialiste de Pessoa d'une part et de l'autre, "Pereira prétend" a eu plein de prix qui permettent d'espérer que c'est un bon roman. Toutes mes excuses

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    2. Bah, ne t'en fais pas, je connais bien les commentaires qui partent trop vite ! (quand c'est sur ton blog, tu peux corriger, c'est l'avantage) ;-)

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    3. C'est terrible, j'écrivais moi-même Pereira et je comprenais Pessoa. Pourvu que ce ne soient pas les premiers signes d'Alzheimer ! Je croise les doigts

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